C’est un chantier titanesque qui va débuter, ce lundi 2 juin 2025, au sein même de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse : la nef dite « Raymondine », située côté préfecture, va faire l’objet de vastes travaux de restauration. Et cela va entraîner la fermeture de la moitié de l’édifice pendant deux ans. Tous les détails.
L’immense nef atypique d’une cathédrale inachevée
Première partie de la cathédrale quand on entre côté préfecture, la nef Raymondine de la cathédrale Saint-Étienne date du XIIIe siècle. C’est la partie la plus ancienne, mais aussi la plus sombre de cet incroyable édifice de la Ville rose : une construction « inachevée » qui réunit deux styles : le gothique méridional massif et puissant (autour de ladite nef) avec le gothique septentrional élancé et lumineux (autour du chœur).
Une nef qui devait donc être doublée… mais qui ne l’a jamais été, et qui a un brin vieilli. Ainsi, elle va faire l’objet d’une vaste campagne de travaux, comme elle n’en a pas connu « depuis le XIXe ou début du XXe siècle », souligne Delphine Lacaze, conservatrice régionale des monuments historiques.
5 millions d’euros de travaux, payés par l’État
L’édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1862. Et contrairement aux Églises — dont l’entretien est à la charge des mairies — la cathédrale Saint-Étienne, comme 13 autres en Occitanie, est la propriété de l’État, qui va donc s’acquitter de l’intégralité du montant des travaux, soit quasiment 5 millions d’euros.

Après la rénovation extérieure de la cathédrale
Si une première salve de travaux extérieurs avait été achevée en 2023 pour restaurer la couverture, la façade sud, ainsi que les baies, restait à réaliser la plus grosse partie du chantier : rénover l’intérieur de la nef, du sol au plafond.
Mené sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte en chef des monuments historiques Christophe Amiot, ce chantier a pour objectif de restaurer et valoriser l’ensemble de nef : sols, élévations, éléments mobiliers, éclairage… Une opération d’ampleur qui impose la fermeture de la nef durant les travaux, soit environ deux ans.
La cathédrale restera ouverte pendant les travaux
Mais « la cathédrale demeurera ouverte pour le culte, tout comme pour les visites du public », insiste le préfet de la Haute-Garonne et d’Occitanie, Pierre-André Durand. Si l’entrée vers le parvis ouest (côté préfecture) sera fermée pour les besoins du chantier, l’accès au monument restera possible pendant toute la durée des travaux depuis la façade nord.

Une immense « paroi étanche » déployée
« De nombreux corps de métiers seront successivement mobilisés » sur ces chantiers très techniques, souligne encore le préfet. Une dizaine de personnes devrait œuvrer au quotidien dans la cathédrale, derrière une gigantesque bâche.
Afin d’éviter tout empoussièrement du reste de la cathédrale, une immense paroi étanche sera mise en place entre la nef et le transept.

En quoi consistent précisément les travaux ?
Ce chantier va démarrer par la réalisation de deux sondages archéologiques pendant plusieurs semaines, contre le mur nord, « afin de compléter une campagne réalisée en 2020 », détaille la préfecture.
Ensuite, l’État prévoit la restauration du sol de la nef, de la chaire à prêcher (œuvre de l’architecte Auguste Virebent et du sculpteur Joseph Salomon), des bancs d’œuvre situés de part et d’autre des murs gouttereaux, du tambour d’entrée.

S’ensuivra la restauration des élévations de la nef, des voûtes, des tribunes et des vitraux, y compris l’éclairage de la nef, ainsi que la « repose des grands tableaux, dont la restauration a débuté ».
Les grandes toiles peintes ont aussi été déposées. En cours de restauration, elles seront raccrochées à la fin des travaux « et mises en valeur par l’éclairage, tout comme la statue de la Piéta », qui était peu visible jusqu’ici.
Le chantier prévoit enfin la création et pose de lustreries dans le chœur gothique, « de façon à compléter l’éclairage de mise en valeur prévu au sein de la nef Raymondine ».

La plaque du tombeau de Riquet rénovée
À noter également qu’à l’occasion de ces travaux, la plaque du tombeau de Pierre-Paul Riquet sera également reprise. Les descendants du constructeur du canal du Midi — inhumé dans la cathédrale — ont été « saisis pour connaître leurs souhaits en termes de texte et de typographie », ajoute la préfecture de la Haute-Garonne. Finalement, les inscriptions seront refaites en dorures.
Une nef plus lumineuse
Cette partie de la cathédrale étant aussi « la plus sombre », ce chantier sera l’occasion de rendre la nef plus lumineuse, et de mieux y mettre en valeur ses spécificités et richesses. L’État prévoit ainsi « d’enlever des murs de la nef un enduit jaunâtre » qui a vieilli et obscurcit l’ensemble, ce qui permettra de « retrouver le décor du XVe siècle ».
Deux chapelles rénovées autour de la nef
Dans deux ans, quand la nef devrait rouvrir au public, une autre phase du chantier débutera avec la restauration complète de la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue (côté ouest) et de la chapelle des fonts baptismaux (côté nord), qui donnent toutes deux sur la nef. Cette partie-là du chantier devrait durer « environ six mois » supplémentaires.
L’objectif des services de l’État est « que tous les travaux soient terminés en février 2028, « et même si possible pour les fêtes de Noël 2027″.

Encore six chapelles à rénover par la suite
Mais à cette date, les fidèles de la cathédrale n’en auront pas fini avec les travaux, car une fois terminée cette restauration intégrale de la nef et de ses abords, l’État compte se pencher sur celle de six chapelles situées côté sud de la cathédrale, « qui sont très dégradées ».
L’édifice ayant subi « des problèmes d’infiltration d’eau, il faut attendre plusieurs mois, voire années, pour que les murs soient totalement secs » et « ce ne sera pas fait avant trois ans », avance prudemment Delphine Lacaze.
Des travaux pour la sécurité incendie
Parallèlement, dans cette cathédrale qui se renouvelle éternellement, un autre chantier est en cours depuis plusieurs mois, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, où il est masqué par des palissades en bois sur le parvis. Cette fois, il s’agit de « la mise en sécurité incendie de la cathédrale », résume Delphine Lacaze.

L’État avait en effet décidé, à Toulouse comme partout en France, de tirer les leçons du sinistre qui avait ravagé Notre-Dame de Paris… Ces travaux-là, qui consistent entre autres à installer un nouveau système de détection incendie, devraient être achevés « en juillet 2026 ».