Ils entendent « rétablir la vérité face aux idées reçues ». Les élus du groupe majoritaire Aimer Toulouse ont dévoilé ce mardi 3 juin 2025 « les chiffres réels concernant les baisses de subventions » de la mairie, plusieurs mois après l’annonce de cette décision qui avait fait grand bruit dans la Ville rose, et même semé le chaos jusque dans l’enceinte du Conseil municipal. Et ils ont annoncé les nouvelles mesures que la collectivité votera vendredi 20 juin prochain, au Capitole, où elle s’apprête à déplacer encore le curseur. Ce qu’il faut savoir.
Un « gel » de 40 % annoncé en novembre
Pour rappel, afin de faire face aux coupes budgétaires imposées par l’État, la mairie avait annoncé en novembre 2024 « un gel » de 40 % du montant des subventions habituelles versées à toutes les associations de la ville (à l’exception des clubs sportifs, pour lesquelles il était alors limité à 20 %, NDLR). Une réduction qui pourrait être moindre en fonction d’une « éventuelle levée des incertitudes budgétaires », avait prévu la collectivité.
Un Premier ministre plus tard, la municipalité avait indiqué en mars 2025 octroyer aux associations 20 % supplémentaires, soit la moitié des subventions gelées, car la ponction de l’État dans les caisses de la Ville était « plus légère que prévu », expliquait Jean-Luc Moudenc. Le maire de Toulouse s’était alors engagé à « poursuivre l’examen » pour qu’un « volant supplémentaire » de subventions « puisse être attribué » lors de la prochaine séance du conseil, le vendredi 20 juin.
Une baisse finalement « limitée à 10 % »
« On a pu trouver des solutions pour maintenir au maximum nos engagements », a ainsi annoncé ce mardi Sacha Briand, l’adjoint aux finances. « Le soutien de la collectivité atteint un niveau de 90 % (par rapport aux années précédentes, NDLR) », qu’il s’agisse des associations culturelles, sportives ou autres.
« L’impact sur les acteurs associatifs est limité à 10 % » en moyenne, a insisté l’élu, qui a renvoyé « le détail » des « 1 500 associations subventionnées à Toulouse » au prochain conseil municipal.
Vers 80 % de subventions pour le Stade et le Téfécé
Pour ce qui est des subventions allouées aux clubs sportifs professionnels pour diverses activités, « on va plutôt aider ceux qui sont dans une situation difficile », a poursuivi Henri de Lagoutine, élu en charge du sport. « Le Stade Toulousain et le TFC ont de la trésorerie et des ressources, ils ne sont pas les plus en danger », a-t-il avancé, précisant que les deux fleurons du sport local « devraient rester à 80 % » de leurs enveloppes.
L’effort se porte plutôt sur les clubs amateurs qui sont dans une situation difficile, ou qui portent des engagements importants.
Quid du soutien à l’agrandissement des stades, et à la Cité de la natation ?
Toujours selon Henri de Lagoutine, la collectivité poursuit « les discussions avec les deux grands clubs de sport professionnel de Toulouse » concernant les projets d’agrandissement du stade Ernest-Wallon et du Stadium. La majorité dit vouloir être au rendez-vous pour soutenir l’extension de ces équipements : « Depuis 10 ans, nous formulons des engagements et nous les tenons », a lancé Sacha Briand, qui veut aussi maintenir l’aide annoncée à la future Cité de la natation (4 millions d’euros au total, la moitié pour la cession de la parcelle sur l’île du Ramier et l’autre pour une subvention directe, NDLR), car « on ne peut pas se permettre de se désengager sur de tels investissements ».
« L’opposition essaie d’instaurer de la peur »
« Pendant que l’opposition essayait d’organiser un certain désordre et d’instaurer de la peur, la collectivité était au travail », a ensuite scandé Christophe Alves. Le conseiller municipal délégué à la vie associative a revendiqué avoir « travaillé de manière chirurgicale avec l’ensemble des associations », avant de fustiger à plusieurs reprises « l’amateurisme » et les « mensonges permanents » de l’opposition.
Malgré ce que certains ont pu dire, c’est un résultat très positif. À 90 %, on est très largement au-dessus de la Région et du Département, mais ça, l’opposition n’en parle pas ! Dès lors qu’il s’agit de ses amis politiques…
Aucune association en péril « à cause de ces mesures »
« Certaines associations ont des fonds de roulement et des réserves importantes : elles n’auront aucune difficulté à assumer cet impact » de la baisse qui restera, a soutenu Sacha Briand. « Normalement, ça ne doit pas avoir d’impact sur les activités ». Christophe Alves a de son côté assuré « ne pas avoir connaissance d’associations qui ferment à cause de ces mesures ».
Quand on regarde ce qui s’est passé sur un grand théâtre toulousain, ce ne sont pas les décisions de la Ville qui ont eu des conséquences majeures, mais celles annoncées par les autres collectivités… Là encore, on n’a pas entendu l’opposition, ces mêmes élus qui siègent pourtant aussi au Département et à la Région.
43 à 44 millions de pertes pour la Ville et la Métropole
Ce taux moyen de 90 % des subventions attribuées ne devrait plus bouger, car « à ce stade, il n’est pas prévu que l’État nous rende des ressources supplémentaires », a évacué Sacha Briand, qui reste sur ses gardes : « On en est plutôt à surveiller ses engagements ».
D’après le grand argentier du Capitole, avec l’arrivée du gouvernement Bayrou, les équilibres budgétaires ont changé : « L’effort est surtout porté par les intercommunalités, et moins par les mairies ». La loi de Finances entraîne selon lui « 43 à 44 millions d’euros de pertes de recettes totales » pour les deux collectivités toulousaines : « Environ 6 millions pour la Ville et 38 pour la Métropole ». » Lors de la loi de finances Barnier (au moment où la mairie avait annoncé ses premières coupes, NDLR), on était à 67 millions, dont 23 sur la Ville ».
« Pas bankable à un an des élections, mais cela démontre notre bonne foi »
Sacha Briand prévient toutefois que les prochaines années risquent encore d’être difficiles pour bâtir les budgets à Toulouse… De là à en faire un enjeu des prochaines élections ? « Nous estimons que les économies de fonctionnement doivent être un sujet prioritaire, eux (l’opposition, NDLR) considèrent plutôt qu’il faut augmenter les ressources, donc la fiscalité ».
À quelques mois de remettre les clés du Capitole dans les mains des Toulousains, Sacha Briand ne s’en cache pas : baisser les subventions aux associations, « effectivement, ça n’est pas bankable à un an des élections, mais cela démontre notre bonne foi. Si on fait ça, c’est parce qu’on n’a pas le choix et qu’il faut le faire ».
Et aussi. Vers 20 % de baisse aux « opérateurs » soutenus par la MétropoleSi c’est la Mairie qui se charge de la plupart des subventions aux associations à Toulouse, la Métropole s’acquitte de son côté des « relations avec les gros opérateurs du territoire » (ex. Decoset, Semeccel, etc.). Ceux-ci devraient connaître, selon Sacha Briand, « autour de 20 % de baisse ».