Un important chantier se profile du côté de Blagnac (Haute-Garonne), près de Toulouse. Les digues qui protègent la commune des débordements de la Garonne, sur la rive gauche, montrent des signes de fragilité et doivent être confortées, notamment pour faire face aux risques de crues centennales. Des travaux à plusieurs millions d’euros qui visent à protéger une commune dont 40% du territoire est placé en zone inondable. Les détails.
La crue de 1875, de sinistre mémoire
209 victimes, plus d’un millier d’habitations détruites, 25 000 sans-abris. Ce dramatique bilan, c’est celui de la crue du 23 juin 1875, à Toulouse. Ce jour-là, la Garonne atteint 8,32 m à l’échelle de mesure du Pont-neuf. Le quartier Saint-Cyprien est sous 3 m d’eau, tous les ponts, à l’exception du Pont-neuf, sont emportés par les flots.
C’était il y a bientôt 150 ans et aucune crue d’une telle intensité n’a eu lieu depuis. Pour autant, les experts l’affirment : de nouveaux débordements de ce type se produiront à l’avenir. D’où l’importance de surveiller et d’entretenir sérieusement les ouvrages de protection qui longent la Garonne.
Un ouvrage qui date du XIXe siècle
Dans ce contexte, les digues situées le long de la commune de Blagnac font l’objet de toutes les attentions.
« C’est un ouvrage qui date du XIXe siècle, rappelle Nicole Miquel Belaud, élue de Toulouse métropole en charge de l’eau et l’assainissement. Depuis que la métropole a récupéré la compétence gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations en 2017, nous avons mené plusieurs études sur ces digues et elles présentent des signes de fragilité. »
À tel point que le niveau de protection des digues blagnacaises, censées être opérationnelles pour les crues centennales a été abaissé : l’ouvrage est considéré comme efficace uniquement pour les crues d’importances moindres, qui risquent d’arriver une fois tous les 25 ans.
Risque de rupture
Le plan communal de sauvegarde a été adapté en conséquence, mais des travaux sont tout de même nécessaires.
« Il y a des risques de rupture sur différents tronçons, alerte Nicole Miquel Belaud. Notamment sur le merlon situé au niveau des Quinze sols. »
Un talus de terre
Les digues de Blagnac se divisent en effet en deux parties. D’abord celle construite et aménagée qui longe, en gros, le parc des Ramiers. Et celle, plus artisanale, du côté du parc des Quinze sols : un simple talus de terre, qui n’a pas même d’existence administrative.
« On ne sait même pas bien qui a fait ce merlon, confie Nicole Miquel Belaud. Il présente de multiples fragilités : sa largeur de crête est faible, son inclinaison trop élevée, sa solidité est altérée par les arbres qui y ont poussé, des terriers d’animaux y sont creusés et des réseaux d’eau y sont enterrés… Concrètement, il y a un risque de rupture brutale, on a l’obligation de vraiment régler ce problème. »
Plus de douze millions d’euros d’investissement
À ce stade, les travaux sont prévus pour débuter en 2027, ils doivent durer pendant deux ans. Le coût prévisionnel de l’opération est évalué à 12,3 millions d’euros. Avec en enjeu : assurer la sécurité des personnes tout en préservant le milieu naturel.
Les travaux consisteront notamment en l’harmonisation de la hauteur des digues, de façon à obtenir un niveau de protection supérieur de 0,5 mètre par rapport à une crue de type centennale ; à renforcer l’ouvrage, notamment par l’ancrage en profondeur d’écrans de 6 m de hauteur ou encore par la création de deux déversoirs qui devront permettre de limiter les dégâts en cas de dépassement de la capacité des digues.
Le merlon situé au niveau des Quinze sols sera arasé partiellement.
Des milliers de personnes concernées

Une concertation publique sur le chantier est en cours, elle doit durer jusqu’au 7 juillet 2025. Plus de 1000 personnes résident aujourd’hui dans le périmètre de protection des digues de Blagnac, 200 personnes viennent y travailler quotidiennement. 7 à 8000 personnes sont aussi susceptibles de se rendre régulièrement dans la zone, dans le stade Ernest Argeles ou à la piscine des Ramiers par exemple.