Elle leur avait été promise depuis bon nombre d’années. Fin mai 2025, la nouvelle place du Parlement de Toulouse, à deux pas du Palais de Justice, s’est finalement achevée, après cinq mois de travaux. Cinq mois qui ont tapé sur la caisse des deux restaurants de la place, Notes et Saveurs et Le Petit Salin. Mais seulement quelques jours après la réouverture de l’espace, libéré des machines de chantier, ce réaménagement porte déjà ses fruits. Au point de faire naître une véritable vie de quartier. Reportage.
« Avant le quartier était mort le soir », maintenant « les gens s’arrêtent »
Des gravillons, un parterre clair pour éviter toute retenue de chaleur, sept arbres et surtout, un vaste espace. C’est désormais ce à quoi peuvent prétendre les deux restaurants de ce bout de quartier toulousain, autrefois coincé et oublié entre la zone du Palais de Justice, la place du Salin et la rue Pharaon. « Avant, ici, le quartier était mort le soir. Les gens passaient entre 19h et 21h le soir pour rejoindre ou revenir de la rue Pharaon et prendre le tram ou le métro », raconte Guillaume Labaï, gérant du Petit Salin.
Mais depuis la livraison de la toute nouvelle place, « les gens s’arrêtent ! Ils voient une terrasse, c’est joli… », résume le restaurateur.
J’ai même eu des clients qui habitent dans le quartier et avant ça, ils ne savaient même pas qu’un restaurant existait ici !

Double, voire triple de places en terrasse
Il faut dire que le changement saute aux yeux. Il y a encore cinq mois, la place du Parlement n’était autre qu’un bout de trottoir, une contre-allée de circulation, un petit îlot et des places de parking. Un agencement qui ne laissait guère la place aux précieuses terrasses, très convoitées par les bars et restaurants de la Ville rose. Alors forcément, maintenant que les stationnements et la route ne mangent plus l’espace, les deux restaurants peuvent en profiter pour étendre leur service.
Notes et Saveurs a doublé son nombre de places, passant de « 12 à 16 couverts en terrasse l’été contre 30 couverts aujourd’hui », assure le responsable Adrien Lambert. Au Petit Salin, cela a même triplé « passant de 16 couverts l’été à une cinquantaine ». Un cadeau qui se faisait attendre pour l’un, une aubaine pour l’autre.
Un chantier dans les dossiers depuis longtemps
Car si Guillaume Labaï savait de près ou de loin, en ouvrant le Petit Salin en 2022, que la place du Parlement pourrait être refaite, Adrien Lambert de Notes et Saveurs trépignait presque de la voir naître.
Quand on a acheté le fonds de commerce en septembre 2018, on nous en parlait déjà. Donc il y a bientôt sept ans maintenant. La rénovation de cette place devait entrer dans un projet global qui concernait la place du Salin et Saint-Michel, entre autres. Puis faute de budget, peut-être parce que ça faisait trop de travaux en même temps aussi, le chantier a été repoussé. C’était prévu en 2023 et finalement, les travaux ont démarré en janvier 2024. On était impatients.
Jusqu’à 35 % de baisse de chiffre d’affaires pendant les travaux
Car même si les deux commerces marchaient bien auparavant, « le cadre était quand même moins agréable », déclare Adrien Lambert. Et pour l’affaire d’un commerçant, ça joue. Le beau temps aussi. « Dès qu’il y a du soleil, on voit de suite qu’on a moins de difficultés à remplir la terrasse. Ça permet de faire des bons chiffres pour les déjeuners comme les dîners. »
Suffisamment pour rattraper la perte ? Pendant les travaux, Notes et Saveurs accusait une baisse allant de 30 à 35 % du chiffre d’affaires. Un chiffre que n’a pas souhaité révéler le gérant du Petit Salin, de son côté. Mais sans conteste, il affirme que l’unique accès laissé possible par les travaux a fait du tort à son business. « On a fait moins de chiffre d’affaires, c’est certain. Et une fois que c’est perdu, on sait qu’on ne récupérera pas. Par contre, oui, là, je gagne plus d’argent, mais en contrepartie, j’ai racheté du matériel, j’ai doublé mes effectifs… Concrètement, je ne sais donc pas encore si j’y gagne », assure Guillaume Labaï.

« On s’attendait à mieux, mais pas autant ! »
Des investissements plus conséquents que prévu d’ailleurs. « L’affluence est arrivée du jour au lendemain ! Le premier jour, on était en sous-effectifs. On s’attendait à du mieux, mais pas à autant ! », se souvient l’entrepreneur. Tant et si bien que désormais, Le Petit Salin qui tournait davantage le midi, notamment grâce aux travailleurs du Palais de justice, connaît aussi un succès le soir. Et même l’après-midi !
Hasard heureux du calendrier : Le Petit Salin a obtenu sa licence 3 pour ouvrir entre le service du midi et du soir. À ce rythme, Guillaume Labaï pourrait presque envisager d’ouvrir le week-end. « J’ai râlé pendant quatre-cinq mois, mais là, je suis carrément content ! », reconnaît-il. Mais chaque chose en son temps. Aujourd’hui, c’est surtout à un nouveau rythme et une nouvelle vie de quartier auxquels il faut s’habituer. Pour son plus grand bonheur et celui de son voisin.