C’est un fléau qui touchait les grandes villes il y a quelques années et qui se déplace désormais dans le périurbain et les communes rurales. Sur les trottoirs, dans les caniveaux, l’on ne compte plus les cartouches métalliques de gaz de protoxyde d’azote, dit gaz hilarant, qui sont délaissées sur l’espace publique. Un gaz dont l’usage a été détourné, notamment par les jeunes, à des fins récréatives. C’est ce que constate aussi la mairie de Saint-Jory (Haute-Garonne), au nord de Toulouse.
Contre l’usage du gaz hilarant, un arrêté signé
« Ce n’est pas nouveau, mais on a constaté que cette consommation se développe à Saint-Jory. Plusieurs secteurs de la commune sont concernés. On trouve notamment des cadavres de bouteilles dans le parc. Les jeunes sont très exposés à ça, car c’est une consommation qui ne coûte pas cher », constate Thierry Brugère, l’adjoint à la sécurité de Saint-Jory.
Face à ce phénomène, « au danger que constituent ces cartouches usagées, jetées sur le sol, pour les piétons, cyclistes et autres usagers de la voie publique ». « Considérant les risques pour la santé (troubles moteurs, altérations de la perception, convulsions, troubles neurologiques) des utilisateurs de ces cartouches de protoxyde d’azote (N2O), qui l’utilisent de manière détournée, à des fins de drogue. « Considérant que ces cartouches usagées, jetées à même le sol sur le domaine public constituent également des déchets qui polluent et portent atteinte à l’environnement », le maire de Saint-Jory, Victor Denouvion a signé un arrêté pour interdire « la détention, l’utilisation et l’abandon de cartouches de gaz de protoxyde d’azote, dit gaz hilarant, sur le domaine public ».
La police municipale purra mettre des PV
L’arrêté s’applique depuis le 23 mai 2025. « Cela va permettre d’aider nos policiers municipaux à intervenir, et notamment à verbaliser. Cela peut nous aider à faire bouger les choses », estime Thierry Brugère.
En vogue chez les adolescents
Très en vogue chez les étudiants en médecine depuis plusieurs années, le protoxyde d’azote est aujourd’hui consommé par beaucoup d’adolescents, dans un but récréatif. Une situation qui inquiétait déjà la gendarmerie de la Haute-Garonne dès novembre 2019.
Le protoxyde d’azote est accessible en vente libre. On le trouve par exemple dans les cartouches qui permettent de faire fonctionner… un siphon à chantilly.
Mais ce gaz est détourné de son premier usage, pour être utilisé comme gaz hilarant. Les jeunes qui font cela utilisent un ballon de baudruche, qu’ils remplissent de gaz, avant de l’inhaler. Le gaz provoque alors fous rires, sensation de planer, et des effets similaires à l’ivresse pendant quelques minutes.
Quels risques ?
Cela peut aller de la détresse respiratoire à l’arrêt cardiaque pour les consommateurs qui ont une pathologie du cœur. Mais cela peut aussi atteindre les neurones avec des troubles de la marche ou de la compréhension, et même la paralysie de certains membres. Dans certains cas, les adolescents doivent être hospitalisés.
Une pratique parfois liée à la drogue
Mis à part l’effet euphorique qu’il provoque pendant quelques instants, le protoxyde d’azote est prisé par les consommateurs d’ecstasy, en particulier de MDMA. Ses propriétés chimiques permettent au drogué d’accélérer la « montée », et de ralentir la « descente ». Les ballons de « proto » sont très populaires dans les festivals de musique électro pour cette caractéristique.
Toulouse a pris un arrêté similaire en 2020
Toulouse a constaté le phénomène dès 2020 et son maire, Jean-Luc Moudenc, avait signé un arrêté similaire en octobre de la même année, en pleine crise sanitaire.