Au lendemain du 81e congrès du Parti socialiste, le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, Sébastien Vincini veut prendre toute sa part dans la construction d’une nouvelle offre politique « destinée à être la seule alternative au Rassemblement national lors des prochaines échéances électorales nationales ».
Celui qui a pris une part active à la réélection d’Olivier Faure au poste de premier secrétaire du PS dimanche 15 juin 2025 à Nancy recommande de sortir de la polémique et des commentaires pour travailler aux solutions que les Français attendent pour sortir le pays de la crise. Un travail à conduire en union avec les autres forces de gauche… mais sans La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon. Interview.
Actu : Au lendemain d’un congrès qui a vu s’affronter deux lignes politiques et une réélection difficile d’Olivier Faure, quelle est la feuille de route du Parti socialiste ?
Sébastien Vincini : « Deux lignes politiques se sont confrontées durant ce congrès et il s’agissait de savoir si on devait se placer dans une idée nostalgique du socialisme, c’est-à-dire travailler seul puis agiter le drapeau pour rallier derrière nous des partenaires, ou si nous étions d’accord pour construire une plateforme programmatique avec les autres membres de la gauche pour aboutir à des candidatures uniques lors des prochaines échéances électorales. Les militants ont validé cette seconde proposition. Le résultat est net et clair, la stratégie est claire : désormais, pour les socialistes, l’heure est à ce travail de projet, lequel viendra amender la plateforme programmatique commune aux différentes forces de la gauche ».
Pas d’accords électoraux avec La France insoumise
Avec ou sans La France insoumise (LFI) et Jean-Luc Mélenchon ?
S.V. : « Le congrès a tranché : pas d’accord national avec LFI lors des prochaines échéances électorales. Je ne comprends pas pourquoi cette polémique perdure, puisque le cadre de rassemblement que nous avons posé s’étend de François Ruffin à Raphaël Glucksmann et n’englobe pas la gauche mélenchoniste. On ne peut être plus clair !
Si Mélenchon est candidat à la Présidentielle, il le sera sans le PS. Je le dis aux obsédés de Mélenchon : cessez de vous lever le matin en pensant à Mélenchon. À force d’en faire une obsession, vous vous transformez en agence de communication de celui que vous détestez. Et vous finirez par devenir les idiots utiles de la Macronie.
L’heure est venue de cesser les polémiques et les commentaires. Concrètement, nous avons six mois pour transformer notre parti. En 2018, après le congrès de Marseille, nous étions partis de rien. Aujourd’hui, c’est très différent. Nous comptons une nouvelle génération d’élus, de militants qui se sont formés. Et ils ont tous envie de bâtir une proposition concrète à l’heure où les inégalités n’ont jamais été aussi importantes dans notre pays. Les Français sont en attente de solutions, ils cherchent un repère et le PS doit être ce repère ».
«Vous avez vu la situation à Toulouse ? Ce sera bientôt le Mexique »
Quelles solutions attendent les Français selon vous ?
S.V. : « Il y a nécessité à réparer notre pays et à retrouver ce qui a fait notre fierté. Notre modèle de solidarité était autrefois envié partout et chaque Français en était fier : la Sécurité sociale, notre hôpital public et son système de soins… Notre système éducatif aussi fut une grande fierté nationale. On avait la meilleure école.Rien que sur ces deux premiers points, la situation est aujourd’hui une catastrophe. On a appauvri le service public. Il n’a plus sa vocation universelle et d’excellence. La fracture sociale progresse, de fait. Les secteurs de la santé et de l’école reproduisent les inégalités sociales. Du coup, ceux qui ont les moyens se paient une clinique privée et une école privée. Les autres galèrent. Si je devais faire des études aujourd’hui, en ma qualité de fils d’ouvrier, je n’aurais pas la possibilité de suivre le parcours dont j’ai eu la chance de bénéficier il y a quelques années. Ce n’est pas normal. Si on va plus loin, on a eu longtemps une forme de souveraineté industrielle dont il ne reste quasiment plus rien, à part Airbus. On a même été capable de perdre des fleurons dont le leadership était incontesté. Je pense à Sanofi dans l’industrie pharmaceutique.Il y avait aussi une certaine idée de ce qu’est la France. Sur la scène internationale, Macron a beau s’ébrouer, quand on en est réduit à un tweet du président des États-Unis qui dit que son homologue français dit n’importe quoi, c’est que la France n’est plus respectée comme elle devrait l’être. Enfin, la gauche républicaine a le devoir d’apporter des solutions pour la tranquillité publique de nos concitoyens. L’urgence est à la lutte contre le narcotrafic. Vous avez vu la situation à Toulouse ? Ce sera bientôt le Mexique. Le Parti socialiste doit s’inspirer de l’excellent travail actuellement mené par nos parlementaires sur le sujet ».
Il prendra toute sa place dans les travaux du PS
Vous avez, par le passé, occupé des fonctions nationales au Parti socialiste. Participerez-vous à la nouvelle équipe qui va se mettre en place ?
S.V. : « À la faveur de ce congrès, j’ai décidé de me réengager beaucoup plus fortement que lors du précédent. Je n’avais pas complètement levé le pied, ayant été notamment mis à contribution lors des Européennes, puis après la dissolution de l’Assemblée nationale, ayant, je le crois, la faculté de pouvoir parler à tout le monde à gauche. Mais je n’avais aucun titre. Je compte prendre toute ma place dans la séquence qui va s’ouvrir, parce que le PS est à un tournant et à un rôle à jouer pour éviter le pire : c’est-à-dire que le Rassemblement national soit la seule alternative à la Macronie. Je resterai évidemment pleinement engagé pour les Haut-Garonnais continuant d’assumer ma mission d’élu local avec une grande exigence. Mais j’ai aussi des idées à apporter et je considère qu’il nous faut tous contribuer au travail programmatique que nous ouvrons. Olivier Faure a tendu la main à tous ceux qui veulent participer. J’invite à mon tour tous ceux qui ont du vécu à s’investir complètement. Ne restez pas sur la touche, au bord du terrain, à commenter ».