Ils sont nombreux et très encombrés à l’heure de pointe. Sur sa métropole, Toulouse ne compte pas moins de 700 carrefours à feux tricolores. Des feux qui peuvent rendre fou les automobilistes, notamment quand ils sont implantés dans des zones multimodales où les voitures ne croisent pas simplement les piétons et les cyclistes, mais aussi les bus et surtout les tramways. Parmi les points les plus compliqués de la Ville rose : le carrefour des Arènes, sur la route de Saint-Simon, où les voitures n’ont que huit secondes pour passer au vert ! Autant dire qu’il ne faut pas être lent sur la pédale (cf. encadré ci-dessous). Sur un autre grand croisement, dont la figuration est moins complexe, mais qui est néanmoins très fréquenté, Toulouse Métropole a lancé une expérimentation qui fait jouer… l’intelligence artificielle.
Un test mené sur ce carrefour
Et si l’intelligence artificielle pouvait contribuer à réduire les embouteillages à Toulouse ? Un test a été lancé il y a un mois sur l’un des carrefours de la route de Narbonne, à hauteur du croisement avec l’allée du lieutenant Lucien-Lafay, proche de la frontière entre Toulouse et Ramonville.
« C’est un carrefour est un peu complexe. On est sur axe passant, avec plusieurs intersections, ce qui demande une bonne coordination. C’est une pénétrante, avec une sortie d’échangeur pas loin, des voies de bus… », présente Maxime Boyer, vice-président de Toulouse Métropole chargé des déplacements et nouvelles mobilités.
Trois feux gérés avec l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle est utilisée pour aider à gérer trois feux tricolores (et plus précisément leur passage au vert) de façon à « fluidifier et décongestionner le trafic automobile, […] mais aussi prioriser le passage des transports en commun et des véhicules d’urgence ».

En moyenne, sur la route de Narbonne, les feux restent au vert durant 30 à 40 secondes ; et durant 15 à 25 secondes sur les axes secondaires qui la croisent. L’intelligence artificielle fait varier ces temps pour limiter le temps d’attente au volant, mais aussi pour déclencher le vert automatiquement au passage d’un véhicule d’urgence.
Comment ça fonctionne ?
Concrètement, comment cela fonctionne-t-il ? Le secret réside dans un petit boîtier, caché dans une armoire posée sur le trottoir et qui se fait à peine remarquée. « C’est un système de communication entre l’infrastructure locale et le serveur. Il analyse les données des véhicules connectés qui sont ensuite traitées par l’IA [Intelligence Artificielle, NDLR] et communiquées », explique Pierre Philbert, président de la société WISP Solutions qui déploie cette technologie.

Aujourd’hui, « les données des véhicules connectés permettent d’atteindre une analyse inégalée de la circulation routière en temps réelle« , présente WISP Solutions. Ces dernières s’avèrent plus efficaces « que celles apportées par les applications mobiles de guidage GPS [type Waze, TomTom…, NDLR]. Elles sont plus précises et apportent un maillage beaucoup plus étroit des points de circulation ».
Une belle aide pour les agents du Campus Trafic – le PC Capitoul où l’on gère le trafic de toute l’agglomération toulousaine – lorsque l’on sait que seulement « cinq personnes interviennent sur la régulation des 700 carrefours à feux tricolores », précise Pierre-Emmanuel Ribot, chef du service Gestion des équipements dynamiques et des flux.
Un test sur six mois
Cette expérimentation, qui ne coûte rien à Toulouse Métropole, sera menée durant six mois. Les premières conclusions devraient être formulées « d’ici octobre-novembre », indique Maxime Boyer. Si le bilan s’avère satisfaisant, le système pourrait être dupliqué sur d’autres carrefours.

« On doit s’assurer que les embouteillages n’augmentent pas et essayer même de les réduire », ajoute le vice-président.
Les bouchons : un enjeu majeur
Dans son dernier classement, publié en janvier 2025, l’assistant de navigation TomTom plaçait Toulouse à la 20ᵉ place des villes les plus embouteillées, loin derrière Bordeaux qui occupait la première place. Toujours selon ce même classement, un automobiliste toulousain perdrait en moyenne 65 heures dans les bouchons.
Un autre classement, tiré du rapport d’Inrix (le spécialiste de l’info-trafic) publié le même mois, mettait quant à lui la Ville rose au 5ᵉ rang des villes françaises les plus embouteillées.
Mais qu’importe le classement, le sujet des bouchons reste majeur dans la capitale occitane. « On s’attend à 500 000 déplacements quotidiens supplémentaires d’ici 2030 dans l’aire toulousaine », en sachant qu’une grande part se fera en voiture. « Il nous faut trouver des solutions, via l’intelligence artificielle, avec le report modal. Grâce à l’arrivée de la 3ᵉ ligne de métro, ce sont 90 000 véhicules que l’on aura en moins chaque jour sur les routes« , conclut Maxime Boyer.

L’IA et les carrefours avec tramway
Si son aide est, pour le moment, expérimentée sur ce carrefour de la route de Narbonne, l’Intelligence Artificielle (IA) pourrait-elle réduire les embouteillages au carrefour de la route de Saint-Simon, dans le quartier des Arènes ? Ici, l’un des feux ne reste au vert que huit secondes. Conséquence aux heures de pointe, la file de voitures s’allonge de plus en plus…Ce carrefour est « l’un des plus complexes de Toulouse », avait concédé Maxime Boyer, vice-président de Toulouse Métropole chargé des déplacements et nouvelles mobilités, interrogé par Actu.fr en septembre dernier. Une complexité que l’on doit notamment au passage du tramway, prioritaire par rapport aux voitures.Dans ce cas précis, l’IA ne peut, à l’heure actuelle, apporter une solution. « L’entreprise avec laquelle nous travaillons [WISP Solutions, NDLR] n’a pas encore de réponse pour des carrefours qui incluent un tramway. Il faut développer des applications spécifiques. De plus, nous sommes soumis à une réglementation de l’État pour la circulation des tramways. Il nous faut son approbation quand on veut déplacer un feu, modifier une coordination… », explique Maxime Boyer.En attendant que la technologie fasse encore des progrès, l’élu mise sur un retravail de ce carrefour, notamment avec l’arrivée du Réseau Express Vélo (REV), et sur une nouvelle synchronisation des feux entre vélos et voitures, « pour optimiser les temps de vert aux feux ».