Place au grand public. Alors que les passionnés d’aéronautique et autres curieux peuvent désormais se ruer au Salon du Bourget ce vendredi 20 et jusqu’au dimanche 22 juin 2025, les quatre journées dédiées aux professionnels se sont clôturées jeudi 19, et les avionneurs dressent le bilan de la 55ᵉ édition du grand rendez-vous mondial de l’aéronautique et de l’espace.Du côté, d’Airbus, dont le siège mondial est à Toulouse, si le constructeur européen a vendu des hélicoptères, drones et autres engins novateurs, l’avionneur a aussi et surtout caracolé en tête des ventes d’avions, avec quelque 250 commandes. Dans le même temps, Boeing, son grand rival américain, en pleines turbulences, n’a pas communiqué sur la vente du moindre aéronef. Voici tout ce qu’il faut retenir de la participation d’Airbus au Salon international de l’aéronautique et de l’espace.
250 commandes et 156 options pour Airbus
En trois jours — puisqu’aucune nouvelle commande n’a été enregistrée ce jeudi, dernier jour du salon réservé aux professionnels —, Airbus a indiqué avoir engrangé 250 commandes de différentes compagnies des quatre coins du globe. Il s’agit dans le détail de 148 commandes fermes et 102 faisant l’objet d’un protocole d’accord. À cela, il faut ajouter des options prises par les compagnies sur quelque 156 avions.
À l’inverse, Boeing, qui disposait pourtant d’un énorme stand sur l’événement, au même titre que son concurrent européen, n’a pas officialisé la moindre commande. Un zéro pointé qui vient faire chanceler un peu plus les performances de l’ex-premier constructeur de la planète, en pleines turbulences. L’avionneur américain paie-t-il auprès des compagnies le prix des déboires à répétition de ses aéronefs ? Le groupe est dans la tourmente après le récent accident de son Boeing 787 qui a défrayé la chronique en Inde, faisant 279 morts, soit le pire bilan pour une catastrophe aérienne depuis 2014… Signe des temps : alors qu’il devait faire le déplacement à Paris, son nouveau PDG Kelly Ortberg s’est finalement retiré de l’événement. Dans ce contexte tendu, l’avionneur américain — qui suit bien évidemment de très près l’enquête sur le drame en Inde —, s’est fait discret lors du salon, et a déclaré vouloir se concentrer sur ses clients et partenaires actuels, plutôt que sur des annonces commerciales.
« Le marché est au rendez-vous », dit-on chez Airbus
Loin de se gargariser des péripéties de son concurrent, et conscient que de tels drames jettent le trouble sur toute la filière, Airbus se garde bien de tout commentaire sur le sujet, et préfère se focaliser sur ses propres performances.
Pour l’avionneur européen, le bilan de ce salon « confirme que le marché est au rendez-vous, qu’il continue de croître dans toutes les régions du monde, et que nos appareils répondent aux attentes », souffle à Actu Toulouse un porte-parole d’Airbus, à l’issue de l’événement.
250 commandes fermes pour Airbus en trois jours
Lors des trois premiers jours du salon, 250 commandes d’avions ont donc été engrangées par Airbus, sans compter les achats d’hélicoptères, drones et autres engins disruptifs.
Mercredi, l’avionneur a annoncé trois importantes commandes, toutes pour la famille A350 : MNG Airlines, prestataire logistique et du commerce électronique basé en Turquie, s’est engagé sur deux A350F pour le transport de fret, la compagnie Egyptair a passé une commande ferme de six A350-900 supplémentaires, puis Starlux Airlines, basée à Taïwan, en a fait de même avec dix A350-1000 de plus.
Mardi, à la mi-journée, l’avionneur avait officialisé une énorme commande venue du Vietnam : VietJet Air a acheté 100 A321neo, avec 50 autres en option.
Et lundi, Airbus avait annoncé quatre commandes fermes : société de leasing basée en Arabie Saoudite, AviLease s’est engagée dès l’ouverture sur 40 avions (30 A320neo et 10 A350F), avec des options sur 37 autres (25 A320neo et 12 A350F). Également venue d’Arabie Saoudite, Riyadh Air a signé une commande ferme de 25 A350-1000, avec 25 autres en option. Le groupe japonais Ana Holdings a acheté (pour ses compagnies All Nippon Airways et Peach Aviation) 24 A321neo et trois A321XLR. Enfin, Lot Polish Airlines a passé une commande ferme pour 20 A220-100 et 20 A220-300 (avec 44 en option), en quittant, au passage, Boeing pour Airbus.
La moitié des ventes pour la famille A321
Par type d’avions, sans surprise, l’A321neo, le best-seller d’Airbus qui dispose d’une chaîne d’assemblage flambant neuve dans la Ville rose, s’est arraché les faveurs des compagnies. 124 exemplaires du monocouloir ont été vendus au Bourget, avec la commande mirobolante de 100 appareils par Viejtjet et les 24 achetés par le japonais Ana Holdings.
Si on y ajoute les trois exemplaires de l’A321XLR, le premier monocouloir capable d’assurer des long-courriers, cela porte à 127 avions de la famille A320.

53 A350 (tous assemblés à Colomiers) et 40 A220
Derrière, la famille A350 a aussi connu un vif succès au Salon du Bourget… avec un total de 53 appareils vendus. Et c’est une excellente nouvelle pour la filière dans l’agglo de Toulouse, puisque l’unique chaîne d’assemblage final au monde de l’A350 se trouve à Colomiers. Au total, 41 A350 ont été vendus (25 à Riyadh Air, 10 à Starlux Airlines et 6 à Egyptair), alors que l’A350F, destiné au transport de fret, s’est écoulé en 12 exemplaires (10 pour Avilease et 2 pour MNG Airlines).
Enfin, et c’est une petite surprise, l’A220, dernier arrivé de la famille Airbus — c’est le fruit de la reprise du CSeries au Canadien Bombardier —, fait bonne figure avec 40 avions commandés par Lot Polish Airlines. Ces avions sont, rappelons-le, assemblés sur les deux sites de Mirabel (Canada), et de Mobile (États-Unis).
Au final, l’A330 et la seule famille d’avions Airbus à ne pas avoir enregistré de commande au salon du Bourget 2025.
ATR et Aura Aero ont fait bonne figure
À noter, parmi les autres constructeurs, les emplettes réalisées par ATR, petit-frère d’Airbus, qui a annoncé juste avant l’ouverture du salon la commande ferme de 19 avions par le groupe Eva Air, basé à Taïwan, quand un autre constructeur toulousain, Aura Aero, a comptabilisé la commande ferme de 57 exemplaires pour Era, l’avion régional hybride-électrique de 19 places, dont l’entrée en service est prévue « avant 2030 ».
Rendez-vous à Dubaï en novembre
Cela dit, l’année 2025 n’est pas terminée, et le match Europe – États-Unis n’est pas plié. Alors que le président américain Donald Trump joue désormais les VRP de Boeing — il a même annoncé de gros contrats lors d’une récente tournée dans les pays du Golfe (dont Qatar Airways pour 210 avions gros-porteurs), la planète aéronautique va se tourner vers d’autres gros événements à venir, à commencer par le prochain salon de Dubaï, qui se tiendra en novembre 2025.