« Bienvenue dans ce TER à destination de Luchon. » 10 ans que les voyageurs, en gare de Montréjeau/Gourdan-Polignan, au sud de la Haute-Garonne, n’avaient plus entendu ce message. Cette ligne historique, ouverte pour la première fois en 1873, avait été fermée en 2014 en raison de sa vétusté et à la suite d’inondations. Avant l’inauguration de cet axe ferroviaire long de 36 km, Actu Toulouse a pu monter à bord. Attention au départ !
Le paysage du Comminges à vitesse grand V
Montréjeau. 14h07. Il nous faudra seulement 35 minutes pour rejoindre Luchon, connue pour sa station de ski et sa station thermale, à moins de deux heures de Toulouse. En car, il nous aurait fallu 55 minutes.
Mais ce temps de trajet, finalement, on ne le voit pas passer. Le nez à la fenêtre, on est absorbé par les paysages typiques du Comminges qui défilent à vitesse grand V. Des fermes, des collines et des champs habillés de quelques bottes de paille. Et il y a surtout les montagnes, certes dénuées de neige en ce mois de juin, mais qui ne restent pas moins majestueuses.

Un tableau tout en vert se découvre tandis que, sans crier… gare, surgit en contrebas un ruisseau. La scène se joue à plusieurs reprises durant notre voyage. Au bleu de l’eau vient s’ajouter le blanc du remous provoqué par les petits barrages.
Haltes, lignes de bus : ces aménagements à faire
Voilà un avant-goût de ce qui nous attend à Luchon. Mais avant d’arriver à destination, nous marquons trois arrêts : à Loures-Barbazan, Saléchan-Siradan puis Marignac-Saint-Béat.

Davantage considérées comme des « haltes », plutôt que comme des gares, ces dernières ne sont pas toutes dans un état optimal. Et ce, à deux jours de la grande inauguration de la ligne qui entrera officiellement en fonctionnement ce dimanche 22 juin. À Marignac, par exemple, une partie du bâtiment d’accueil semble même à l’abandon.

« Ici, la Région n’est pas propriétaire et nous sommes en discussion avec la Communauté de communes [des Pyrénées Haut Garonnaises, NDLR] », explique Carole Delga, la présidente de la Région. Et d’ajouter que ces haltes sont également vouées à devenir « des pôles d’échange multimodaux avec des box à vélo, de nouvelles lignes de bus… ».
D’autres lignes de bus, qui font doublon avec la ligne de chemin de fer, seront quant à elles supprimées. « Nous allons les retravailler. Mais il y aura un maintien des lignes existantes sur les Frontignes [cette petite région du Comminges qui n’est pas desservie par le train, NDLR] », s’engage la présidente de Région.
La Région, financeur et gestionnaire
Les aménagements ne sont donc pas encore terminés autour de cette ligne dont les travaux ont coûté 67 millions d’euros à la Région Occitanie. Un financement à 100% de la part de la collectivité qui a obtenu, auprès de l’État, sa gestion. Une première en France.
« Il a fallu modifier la loi puisqu’en France le réseau ferré appartient à l’État. Je pense que cela doit changer, car aujourd’hui l’État est propriétaire, mais il est un investisseur minoritaire. »

Aurélie et Kilian, des voyageurs chanceux
14h44, nous voici arrivés en gare de Luchon, « le terminus de notre train », annonce la voix de la SNCF.

Sur le quai, des voyageurs observent l’arrivée avec curiosité. En préparant leur séjour à Superbagnères, des touristes étaient informés de sa mise en ligne. Dommage, à quelques jours près, impossible de prendre son billet.
D’autres ont eu un formidable coup de chance ce jeudi 19 juin. Alors qu’en théorie, seule la presse était invitée à monter dans le train, Aurélie, 29 ans, et Kilian, 32 ans, ont saisi l’opportunité. Plutôt que d’attendre un bus depuis la gare de Montréjeau, ils ont eu l’autorisation de monter à bord, direction la station pyrénéenne.
« C’est vraiment bien tombé, en plus, je suis malade en bus », sourit Aurélie. Leur séjour, qui durera 11 jours, commence sous les meilleurs auspices. Au programme, découverte des Pyrénées, des thermes de Luchon, et bien sûr des randonnées.

Six allers-retours par jour
Dès ce dimanche, rejoindre Luchon depuis Montréjeau (ou l’inverse) en train ne sera plus uniquement dédié à quelques privilégiés. Six allers-retours seront proposés chaque jour. Et à l’occasion de la journée de festivités de ce 22 juin, la Région offre même des places gratuites. Mais attention, le nombre est limité. Pour réserver son billet sans tarder, c’est ici.