Des températures records enregistrées début juin. Un épisode de fortes chaleurs qui survient avant même l’arrivée de l’été et qui s’installe dans la durée à Toulouse. Comment protéger la population, alors que les études montrent que ces phénomènes sont amenés à se multiplier et même à s’intensifier dans les années à venir ?
En conseil municipal, vendredi 20 juin 2025, la mairie adoptait son plan « Toulouse + Fraîche 2050 » pour lutter contre la surchauffe urbaine. Ce mercredi 25 juin, le Département adoptera, lui, sa feuille de route pour une « bifurcation écologique ». Un document qui engage la collectivité à réduire significativement son impact environnemental et lutter contre les effets du changement climatique.
2050 : chaleurs, sécheresse, canicule…
Selon une récente étude Météo-France, d’ici 2050, la Ville rose pourrait connaître des températures estivales dépassant régulièrement les 40°C, mais aussi un nombre de jours caniculaires multiplié par dix et des épisodes de sécheresse de plus en plus longs. Une autre étude, gouvernementale cette fois, démontre que la météo à Toulouse en 2100 serait comparable à celle de Valence en Espagne, actuellement.
Autant d’alertes qui poussent le Département à agir dès aujourd’hui afin de « poser les fondations d’un avenir souhaitable ». Comment peut-il répondre à son échelle ? Le président, Sébastien Vincini, décline cinq objectifs.
#1. La création d’un comité scientifique
Au sein des mesures fortes : la création d’un comité scientifique « composé de membres de la communauté scientifique et de recherches toulousaine » sur lequel il entend s’appuyer pour agir de manière éclairée.
#2. Lutter contre les « passoires énergétiques »
Parmi les champs d’action principaux : lutter contre la précarité énergétique. Car ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir un logement répondant aux dernières normes sont les premiers à souffrir de la chaleur. « Cela concerne près de 10 % de la population en Haute-Garonne. »
Et vivre dans une « passoire énergétique » s’annonce encore plus compliqué dans les années à venir, au regard des prévisions formulées plus haut. « Nous allons faire des investissements pour réhabiliter ces logements, mais aussi créer un dispositif pour accompagner les habitants dans la prise en charge de leurs travaux », détaille le président.
Le réchauffement climatique rendra aussi les bâtiments plus vulnérables. « 8 % du bâti sera exposé au risque d’inondations. » 54 % seront exposés au risque fort de retrait-gonflement d’argile, ce qui favorisera l’apparition de fissures.
#3. Des tests pour entretenir différemment les routes
Le Département promeut une « mobilité décarbonée ». En charge de l’entretien des routes, il engage déjà des expérimentations pour construire « avec des enrobés bas-carbone en utilisant des liants bas végétaux. Dès la fin de l’année 2024, nous aurons généralisé cette technique », explique Sébastien Vincini. Un budget de 8 millions d’euros est consacré sur ce volet.
Par ailleurs, « d’ici la fin du mandat, nous allons multiplier par deux les espaces de covoiturage, développer 140 km de REV [Réseau Vélo Express, NDLR] ».
#4. Construction des collèges : un nouveau modèle
Également en charge des collèges, le Département entend pousser encore très loin les recherches afin d’offrir aux élèves les meilleures conditions de travail. « Pour le collège Paléficat [qui a ouvert ses portes en septembre 2024, NDLR], on est allé au-delà des réglementations qui nous sont imposées en matière de construction. » Des efforts que le Département s’engage à poursuivre pour chaque nouvel établissement qui sortira de terre.
Des efforts qui engendrent des coûts supplémentaires, « de l’ordre de 6 à 11 %, ce qui reste modeste à l’échelle du Département », estime Sébastien Vincini.
#5. Préserver les ressources naturelles
Il n’y aura pas que l’augmentation de la température qu’il faudra anticiper dans les années à venir. « Notre paysage et notre météo vont être fortement modifiés. » La Garonne, seule ressource en eau potable pour les habitants de Toulouse, verra son débit baisser de 60 % l’été.
Il y a donc urgence à « préserver notre richesse naturelle de l’action humaine. Nous allons faire l’acquisition d’hectares que nous définirons comme des zones que l’on décide de protéger », s’engage Sébastien Vincini.
C’est désormais officiel, « la Haute-Garonne est un ‘hot spot’, c’est-à-dire un ‘point chaud’ du changement climatique. Nous basculerons vers un climat méditerranéen d’ici 2050. Une échéance qui n’est pas anodine » et devant laquelle le Département ne veut donc plus « tergiverser ».