La Chambre régionale des comptes a publié, en cette fin juin 2025, un audit flash pointant du doigt des dysfonctionnements dans l’organisation et la gestion des établissements d’accueil des jeunes enfants (EAJE) à Toulouse depuis 2022. Un rapport qui a alimenté de vifs échanges lors du Conseil municipal du vendredi 20 juin 2025. En ligne de mire : un taux d’occupation particulièrement faible des crèches municipales.
Un taux d’occupation de 50 % dans les EAJE
Dans son audit flash, la cour régionale et territoriale des comptes est sans appel : « en 2023, le taux d’occupation réel (heures de présence effective des enfants dans les EAJE, NDLR) était inférieur à 50 % ».

Et ce, alors même que la demande semble bien présente. « Le nombre d’enfants inscrits dans les crèches municipales et du CCAS (ensemble de 16 crèches collectives précédemment gérées par le centre communal d’action sociale repris en gestion par la mairie de Toulouse, NDLR) pour les années 2022-2023 était de 4 500 enfants environ pour 2 663 places, soit 1,7 enfant par place. Au premier semestre 2024, le nombre d’enfants accueillis était de 3 029, soit 1,13 enfant par place ».
Cette incohérence — un manque de places perçu par les familles, mais des établissements loin d’être pleins — a suscité de vives discussions entre majorité et opposition lors du Conseil municipal. En toile de fond : la gestion des horaires d’ouverture et les critères d’attribution des places.
Des plages horaires étendues sur Toulouse…
« La commune de Toulouse a actuellement une amplitude d’ouverture uniforme et importante : 7h30-19h pour les multi-accueils et les crèches collectives, 6h30-20h30 pourles crèches familiales et 8h30-17h30 pour les haltes-garderies, reconnaît l’audit. Cette amplitude horaire, a pour objectif d’offrir un service le plus large possible auxfamilles, mais présente plusieurs inconvénients, dont une dégradation du taux d’occupation ».
… mais un fonctionnement qui pêche
Une situation reconnue par la majorité municipale : « Lorsque vous ouvrez une crèche de 7h30 à 19h, vous avez la plupart des familles qui arrivent plutôt vers 9h et la plupart qui partent plutôt vers 17h30, donc forcément que nos taux d’occupation ne sont pas bons » dû à une ouverture étendue avec peu d’enfants à certaines heures. « Quand vous avez des crèches privées qui font 8h-18h ou 17h30, elles ont des super taux d’occupations », admet Laurence Katzenmayer, adjointe au maire en charge de la petite enfance..
Un point appuyé par la Cour régionale et territoriale des comptes : « Des structures de 80 places peuvent ouvrir à 7h30 pour accueillir seulement quatre enfants ». Une situation discutée par l’opposition.
Des horaires plus flexibles réclamés
Pour Antoine Maurice, conseiller municipal du groupe Toulouse écologiste et solidaire, une des solutions passe par une adaptation aux besoins réels : « Ce n’est pas parce que les crèches sont publiques qu’elles doivent toutes ouvrir aux mêmes horaires. Il faut adapter les amplitudes qui ne seraient pas toute la journée ni sur cinq jours de la semaine ». Il regrette notamment la fermeture de la crèche Sainte-Lucie, qui proposait un accueil 24h/24.
La politique d’attribution des places également en cause
L’opposition pointe également du doigt la politique actuelle d’attribution des places : « Le taux d’occupation des crèches municipales est tout juste de 50 % à cause de votre gestion d’attribution des places en crèche (celle mise en place par la majorité municipale, NDLR). Vous avez considéré que la priorité ce sont les familles qui travaillent et donc qui auraient un besoin sur la semaine, or, ça ne correspond pas à tous les besoins des familles toulousaines » lance Antoine Maurice.
Résultat : des places vacantes, faute de flexibilité dans les critères.
« Ce fonctionnement n’a pas permis aux directrices de pouvoir prendre des demandes ponctuelles, temporaires », de quelques jours par semaine ou heures par jour, poursuit l’opposition. La majorité nuance quant à elle : « L’attribution des places n’explique pas à elle seule le faible taux d’occupation ».
Améliorer les taux avec le guichet unique
Pour remédier à ces dysfonctionnements, la municipalité mise dès septembre 2025, sur un guichet unique. Une solution avancée en avril dernier lors du bilan du mandat sur la petite enfance.
« À partir de septembre, nous allons mettre en place le guichet unique avec une instantanéité de l’attribution de la place. C’est-à-dire que nous serons en capacité, dès lors qu’une place se libérera, de l’attribuer à un enfant en toute transparence », précise Laurence Katzenmayer lors du Conseil Municipal.
« Les 137 crèches auront les mêmes informations en même temps afin de mieux répartir et combler les places disponibles », détaillait l’élu en avril dernier. Un nouveau système qui devrait tendre à améliorer ces taux d’occupation en attribuant d’une meilleure façon les places en EAJE.