Dans le Tarn-et-Garonne, l’accueil des gens du voyage est un casse-tête, à tel point que le préfet a dû réquisitionner un champ agricole, à Saint-Etienne-de-Tulmont, à l’est de Montauban. Mais les riverains sont vent debout contre ce projet. « ici Occitanie » s’est rendu sur place.
Dans le Tarn-et-Garonne, l’accueil des gens du voyage est un véritable casse-tête. À tel point que le préfet a dû réquisitionner un champ agricole de quatre hectares, à Saint-Etienne-de-Tulmont, entre Montauban et Négrepelisse.
À compter du 1er juin 2025, ce terrain, encore en terre battue quand « ici Occitanie » s’y est rendu en reportage, devra être en mesure d’accueillir entre 50 et 150 caravanes. Un accueil temporaire, prévu jusqu’au 5 octobre 2025. Mais les riverains sont vent debout contre ce projet.
Une association d’opposants s’est montée, elle est composée d’une trentaine de personnes. Elles ont écrit au ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, via une demande en ligne le 4 mai dernier et attendent son retour. Elles ont demandé un recours gracieux au préfet, il leur a été refusé. Elles ont même un avocat qui doit déposer un recours devant le tribunal administratif entre le 12 et le 16 mai.
Un chemin d’accès au champ trop étroit pour les caravanes
C’est un très joli bout du Tarn-et-Garonne : de la verdure, des oiseaux qui chantent. Et sur une toute petite route perpendiculaire à la départementale très passante, un slogan est écrit sur le bitume, à la bombe orange fluo, on y lit : « Non aux caravanes ici« . Michel Dhaisne est trésorier suppléant de l’association d’opposants « La Clare-Diarac » explique son courroux : « Nous, on habite ici. Vous voyez l’état de la route? Elle n’est pas large. C’est un chemin vicinal ! Et quand il y aura 200 caravanes qui viendront, ça va être compliqué pour les branchements de l’eau, de l’électricité. »
Cet autre opposant à l’aire de grand passage des gens du voyage, Clément Butty, vient d’acheter une maison à deux pas de là, il est amer : « Avec mon épouse, cette zone nous a énormément plu. Mais puisque tous les terrains étaient classés en zone naturelle, en ayant acheté en octobre dernier, on se retrouve dans une situation qui n’était pas du tout celle dans laquelle on souhaitait être en aménageant ici. On se sent trahi en fait !
Entre obligation de se plier aux directives du préfet et soutien à ses administrés, le maire de Saint-Etienne-de-Tulmont explique se retrouver : « Entre le marteau et l’enclume. » Le coût d’aménagement de l’aire est estimé à 500.000 euros. La communauté de communes devra donc différer certains de ces projets, explique Eric Massip. « Comme peut-être de l’assainissement qu’on ne fera pas, ou encore un projet de crèche, faudra t il le faire? Les questions se posent. » La répartition du coût entre Etat et collectivités locales n’est pas encore connue.
Absence de consensus pour installer une aire de grand passage pérenne
Un terrain de grand passage dans le Tarn-et-Garonne, ça ressemble à la quadrature du cercle : impossible de trouver un consensus. Montbartier, au sud de Montauban, à une trentaine de kilomètres de Saint-Etienne-de-Tulmont, a accueilli en 2024 une aire éphémère pendant six mois. Maintenant c’est au tour de Saint-Etienne-de-Tulmont. Le maire estime qu’il faudrait se remettre autour de la table : « Ça fait des années qu’on cherche sur le département une aire de grand passage pérenne. On n’ y arrive pas. À un moment donné, il va falloir tous se mettre autour d’une table et trouver une solution. Ça ne peut pas durer des années à dépenser de l’argent pour (seulement ndlr) quatre ou six mois. »
Un consensus que le préfet duTarn-et-Garonne souhaiterait voir aboutir au plus vite. Vincent Roberti résume la situation : » L’année dernière on a trouvé une aire à Montbartier. Cette année, on l’a trouvé à Saint-Etienne-de-Tulmont. L’année prochaine, en 2026, il faudra qu’on trouve un autre lieu pour créer cette aire de grand passage. Et j’espère que cet autre lieu, on le fera avec l’aide des collectivités, pour avoir une aire qui ne dure pas une année mais qui dure 10 à 15 ans, puisque c’est bien ça l’objectif. Et c’est faute de l’avoir trouvée en 2024 que j’ai dû réquisitionner en 2025.«
https://www.francebleu.fr/occitanie/haute-garonne-31/toulouse-31555