Depuis ce vendredi 16 mai 2025, le rond-point du CNES (Centre national d’études spatiales) au sud de Toulouse s’appelle désormais « Michel Lefebvre », du nom du père de l’océanographie spatiale, que la Nasa et le monde scientifique admirent, alors que le grand public ne le connait pas.
Le rond-point du CNES, pourtant situé à un endroit stratégique face à l’entrée du centre avenue Edouard-Belin sur le campus Rangueil et près de l’école ISAE-Supaéro, n’avait pas de nom jusque là. Ce 16 mai 2025, il sera baptisé par Jean-Luc Moudenc le maire de Toulouse « rond-point Michel Lefebvre », pionnier de la géodésie spatiale et décédé en 2019 à l’âge de 86 ans.
Cet ancien du CNES à Toulouse, dont il a connu les débuts dans les années 1960, est méconnu du grand public. Il est pourtant considéré comme le père de l’océanographie spatiale et du poids-lourd mondial Mercator, le centre de prévision océanique bientôt intergouvernemental basé à deux pas de là, à Ramonville.
Le journaliste scientifique et éditeur toulousain Richard Clavaud, proche de la famille Lefebvre, est à l’origine de cette démarche, c’est lui qui a sollicité la mairie de Toulouse.
« ici Occitanie » : Qui était Michel Lefebvre ?
Michel, c’est quelqu’un qui avait une culture générale très élevée, un ancien commandant de marine, passionné de littérature et de poésie, très engagé dans la diffusion de la culture scientifique. Son travail, c’était à la fois rechercher des méthodes pour améliorer la connaissance de la Terre et des océans et diffuser cette culture pour que le plus de monde possible soit conscient de l’importance d’aller chercher les sciences pour repérer la surveillance de la terre et des océans. Quand Michel est décédé en 2019, j’ai pensé que ce serait bien qu’ils soit honoré. Et j’ai songé au rond-point du CNES où Michel a longtemps travaillé.
Il faisait partie des premiers membres du CNES à Toulouse à ses débuts ?
Tout à fait, il est arrivé de Normandie et s’est installé à Toulouse dès que le CNES a été créé, dans les années 1960. Il habitait à Villeneuve-Tolosane, et c’est là où aujourd’hui il repose. Il a toujours travaillé au CNES, mais il a eu une activité internationale, aux Etats-Unis, en Australie, en Grande-Bretagne, il fait partie de la grande communauté scientifique de l’océan spatial.
« Michel Lefevbre a œuvré pour que Toulouse devienne la capitale européenne du spatial »
Il faut savoir qu’au départ, il était astronome, il avait travaillé à l’Observatoire de Paris. Il a voulu travailler sur la géodésie, c’est-à-dire la surveillance des planètes par les satellites, et ensuite sur l’océanographie. Et en mélangeant ces deux sciences, il a été l’un des pères du premier satellite qui a permis de mesurer la hauteur des océans avec une précision millimétrique, le satellite Topex/Poséidon. Et ce satellite qui a été une aventure franco-américaine, perdure aujourd’hui. Cela vraiment semé un début de coopération entre les scientifiques du monde entier, sur tout ce qui concerne la surveillance des océans. On a encore lancé il y a un an et demi, un satellite qui s’appelle SWOT avec des ingénieurs toulousains qui est un des descendants lointains de ce projet Mercator Océan.
Qu’a t-il apporté à la science ?
Il a travaillé sur ce satellite et sur la naissance de Mercator Océan en se disant qu’il fallait absolument que les scientifiques se mettent au boulot pour surveiller les océans depuis l’espace. Et c’est dans sa maison de campagne du Périgord qu’il a invité des scientifiques et qu’est né le projet Mercator, avec notamment Pierre Bahurel, actuel directeur général de Mercator Océan, devenu le bras armé de la Commission européenne pour tout ce qui est surveillance des océans et qui va devenir bientôt une institution des Nations Unies.
Michel a travaillé avec toute une communauté du monde entier, et il méritait d’être honoré pour tout ce qu’il a apporté. Il a fait beaucoup d’interventions dans les écoles, dans les lycées, à la Cité de l’Espace bien entendu. Il a vraiment œuvré pour que Toulouse soit ce qu’elle est devenue : la capitale européenne du spatial et en particulier de l’océanographie. Ce n’est pas seulement lui qu’on honore en nommant ce rond point, c’est toute la communauté internationale, le LEGOS ce laboratoire qui surveille les océans, le CNRS, l’Ifremer, Météo-France, l’IRD. Tous ces chercheurs sont honorés par ce personnage qui a porté leurs travaux dans le monde entier ».
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