La demi-finale de Top 14 entre l’Aviron Bayonnais et le Stade Toulousain, vendredi 20 juin, est source de « chambrages » et parfois quelques tensions dans les couples dont l’un est supporter bleu et blanc et l’autre soutient le club adverse.
La demi-finale de Top 14 entre Bayonne et Toulouse, ce vendredi soir à Lyon (21h05), déchaîne les passions. C’est le moins que l’on puisse dire. La situation se complique quand dans un couple l’un supporte l’une des équipes et l’autre pousse pour l’autre camp. Il suffit de lire les dizaines de commentaires reçus par ICI Pays Basque sur sa page Facebook, sous un post appelant aux témoignages, pour s’en convaincre. « Moi, j’aime Bayonne et mon mari Toulouse que faire !!! » se demande Bénédicte. « Toi de Bayonne, moi de Toulouse 🔴⚫, la guerre est déclarée« , lance Vanessa à Seb qui lui répond « l’Aviron en finale 🤪🤪« . Les récits de « chambrages » au sein du couple depuis près d’une semaine sont légion. On vous en livre quelques-uns, notamment celui de Mélanie, la « stadiste », et Vincent, l' »avironard », qui ont accepté de raconter leur « derby » à eux devant notre caméra, ou encore de Mélissa et Julien, Patxi et Sandra, Paco et Claire.
« Pour éviter les crises nous avons un accord » – Patxi et Sandra
Le couple, amoureux du rugby, vit à Mouguerre. Patxi, natif de Saint-Jean-de-Luz, soutient l’Aviron Bayonnais depuis son premier match vécu en tribunes à… Biarritz. Ce jour de 2004, le club ciel et blanc remportait le derby chez le voisin (22-27) : « Un ami biarrot m’avait offert la place et, par esprit de contradiction, j’avais choisi l’Aviron. Ce jour-là, mon cœur a basculé en bleu ciel à jamais. » Pas question pour lui de trahir son maillot. Même pas pour son épouse, Sandra, née à Toulouse, et « mordue des rouges et noirs. Elle arbore encore fièrement son autocollant 31 frappé du ST sur sa plaque d’immatriculation », raconte Patxi.
Alors à la maison, les confrontations Stade Toulousain / Aviron Bayonnais sont à chaque fois l’occasion de chamailleries : « Je ne manque jamais de la reprendre sur ses chouineries concernant l’infirmerie (de Toulouse) ou les périodes de doublons (lorsque les internationaux sont retenus avec le XV de France, NDLR). Je la remercie vivement et traite le stade de « meilleur sponsor de l’Aviron » car ils se débrouillent à nous donner au moins 4 points au classement tous les ans« , se moque le Luzien. Mais pour éviter que les taquineries se transforment en crises, le couple a conclu un accord que la décence nous empêche de détailler.
Quant à leur fille, Anouk, 12 ans, elle a choisi… de faire plaisir à tout le monde en soutenant les deux camps. Sauf que cela l’a conduite à commettre un impair, raconte son père : « Pour un Toulouse-Bayonne, mon épouse nous a offert des places pour nous et notre fille. Cette dernière, tiraillée par son conflit de loyauté, a choisi de s’habiller avec une couleur de chaque équipe. Elle avait choisi le blanc bayonnais et le rouge toulousain. Elle a reçu mon veto : hors de question qu’elle arbore les couleurs du BO ! »
« Si l’Aviron gagne, il dort sur le canapé » – Mélanie et Vincent
Mélanie et Vincent sont mariés depuis deux ans. Depuis quelques jours, chez le couple installé à Tarnos, « c’est un peu tendu » sourit Vincent. Et pour cause, elle est supportrice de Toulouse et lui de l’Aviron. Alors, depuis vendredi 14 juin et la victoire de Bayonne contre Clermont en barrage, les chambrages vont bon train entre eux. Surtout que Monsieur clame que « sur un malentendu, moi je pense que ça peut passer« . Ce à quoi Madame lui rétorque : « C’est impossible ! » Mélanie affirme d’ailleurs que, pour elle, ce match « ça va très bien se passer. Je pense que pour Monsieur ça va être beaucoup plus tendu. » Les « chambrages » s’enchaînent, même si entre eux ça reste respectueux. D’ailleurs, si Toulouse gagne, Vincent reconnait qu’il sera « supporter toulousain » pour la finale. Mélanie a un peu plus de mal à lâcher qu’elle soutiendra l’Aviron dans le cas contraire, « pas le choix« . Mais une victoire bayonnaise aura un coût : « Si c’est l’Aviron qui gagne, il dort sur le canapé ! »
« C’est la guerre a la maison » – Antoine et Sabrina
Il n’y a pas qu’au Pays Basque qu’on se déchire avant la rencontre. Du côté de Toulouse aussi. C’est là que vivent Sabrina, Antoine et leurs deux filles. Originaire du sud des Landes, ancienne élève bayonnaise, elle a « le sang ciel et blanc » qui coule dans ses veines. Lui, en revanche, supporte le Stade Toulousain. Il a déjà sa place pour aller voir la finale du Top 14 à Paris, mais son épouse lui répète sans cesse :« A tout moment, j’y vais à ta place. Bref, on se chambre sans arrêt sur ce sujet et ça va durer jusqu’à vendredi soir. » Les enfants, eux, n’ont pas choisi leur camp : « Elles sont pour le vainqueur. » Pour l’anecdote, Antoine nous confie que « quoi qu’il arrive, hors de question de lui donner ma place ».
Ça chicane aussi chez Marie et Thomas, qui vivent dans le Gers. « Le match s’annonce mouvementé à la maison », confirme ce dernier, supporter bayonnais, né au Pays Basque et formé au rugby à Anglet. « On se chambre très souvent. Les matchs de saison régulière étaient très drôles, les joueurs ne faisaient aucune faute, seul l’arbitre était en cause 😂, d’un côté comme de l’autre 😂 ». Là-dessus au moins, le couple est d’accord. Mais le féru de l’Aviron n’oublie pas d’égratigner le chauvinisme de sa dame pour autant : « Comme d’habitude, Toulouse n’a pas ses têtes d’affiche, donc « s’ils perdent, c’est pour cela » comme elle dit. » Ils vont tout de même vivre le match ensemble, sur le canapé, « le maillot de Bayonne sur le dos pour moi, notre fille avec la peluche Pottoka et madame avec les mouchoirs pour la défaite toulousaine 😂 ».
« Il peut y avoir quelques étincelles » – Paco et Claire
C’est aussi dans le canapé que Mélissa, la Toulousaine, et son mari Julien, le Basque, vivront cette demi-finale, avec « peut-être le petit entre nous deux, histoire d’avoir le bouclier », plaisante cette jeune maman d’un petit Maxime. C’est qu’entre eux aussi, ça pinaille au sujet de ces rencontres entre le Stade et les Bayonnais. « C’est des petits chambrages, une phrase par ci, un truc par là », confirme le supporter bleu et blanc qui raconte que sa femme lui rappelle régulièrement que Toulouse à six titres européens et 23 sacres de champion de France, tandis que Bayonne… « J’aime chambrer, il le sait, il réceptionne plutôt bien, donc ça, c’est cool », sourit Mélissa qui parie sur un score de 40-15 pour ses Rouge et Noir, au grand dam de Julien qui lâche, goguenard, un « ça fait pas de cadeau… 40-15, toujours plus ». Lui verrait bien « un petit 23-18 » pour Bayonne.
Paco aussi mise sur l’Aviron, persuadé que dans un match de rugby, sur 80 minutes, tout est possible. Mais Claire, sa copine qui supporte Toulouse, ne l’entend pas de cette oreille : « elle me dit qu’on va se faire défoncer. Ça chambre beaucoup. C’est gentil, mais le jour même… il peut y avoir quelques étincelles », prévient ce Bayonnais qui suivra la rencontre avec des copains devant l’écran géant installé à Bayonne. Il sait déjà qu’en cas de défaite, après les piques qu’il a envoyées toute la semaine, il ne répondra plus au téléphone, et surtout pas à sa dulcinée. « Je me mets en mode avion. Je suis un peu grande gueule cette semaine. Ça me fait peur du coup. » En revanche, si Bayonne gagne, il est prêt à remettre une pièce dans la machine : « Je crois que je vais aller manger dans son resto et la regarder pendant une heure. »
« Ça va être la guerre »
Ils sont quelques uns, ces couples mixtes, à donner dans la surenchère, à l’image d’Émilie qui prévient Nicolas que « ça va être la guerre ! » La guerre à chaque confrontation, rappelle également Christian à MonaLisa qui lui répond : « Que veux-tu ? A priori, je sais faire les bons choix. » Son mari en profite pour planter une banderille en lui faisant remarquer : « Bah oui, tu t’es mariée avec un Bayonnais ». Bien vu, mais c’est madame qui a le dernier mot en répliquant un « oui, étant fan de Toulouse, c’est bien ce que je dis, je sais faire les bons choix. » Et toc !
Jean, le Bayonnais marié à une Toulousaine, s’attend de son côté à un vendredi compliqué : « Je sais pas combien de nuits sur le canapé je vais ramasser. » Gautier et Elisa n’en sont pas encore là de leur relation, mais quand le jeune homme taquine sa dulcinée et tente de lui faire changer casaque, celle-ci lui expédie une fin de non-recevoir joliment empaquetée : « Je veux bien partager ma vie avec toi, mais m’en demande pas trop stp 😏 »; Mais le dernier mot, c’est à Lydia qu’on le donnera, histoire de remettre l’église au centre du village : « Mr Bayonne, Mme Toulouse, 13 ans de mariage, on le vit bien. » Nous voilà rassurés.
https://www.francebleu.fr/occitanie/haute-garonne-31/toulouse-31555