Les dermatologues se raréfient en Occitanie, la région compte seulement 3,4 dermatologues pour 100.000 habitants. « Aujourd’hui, on se retrouve sur une pénurie majeure », alerte le Pr Vincent Sibaud de l’Oncopole de Toulouse, invité du quart d’heure toulousain sur Ici Occitanie ce lundi.
À l’approche de l’été et des grandes vacances, l‘Oncopole de Toulouse lance sa campagne de prévention solaire ce lundi 23 juin 2025. Le pôle de recherche sur le cancer rappelle qu’« un cancer sur trois est un cancer de la peau » en France. Chaque année, jusqu’à 243.500 cas de cancers cutanés sont diagnostiqués dans le pays, selon Santé Publique France, et le nombre de nouveaux cas a plus que triplé depuis les années 90. « C’est parce qu’on dépiste mieux qu’avant, explique le Professeur Vincent Sibaud, onco-dermatologue et responsable de la cancérologie cutanée à l’Oncopole de Toulouse, invité du quart d’heure toulousain sur Ici Occitanie ce lundi. C’est aussi lié au vieillissement progressif de la population parce que la majorité des cancers de la peau concerne les patients de plus de 60 ans ».
Faire surveiller ses grains de beauté
Dans 80 % des cas, les cancers cutanés sont liés à des expositions excessives au soleil. L’Oncopole de Toulouse rappelle ainsi les réflexes simples à adopter face au soleil : chapeau, lunettes de soleil, t-shirts anti UV et crème mais aussi dépistage en cas de doute. « Je crois que c’est très important, il faut absolument protéger les enfants, notamment entre 12h et 16h, et éviter l’exposition sans vêtement de protection parce qu’on sait très bien que les coups de soleil dans l’enfance sont un facteur de risque majeur du développement du mélanome, le cancer le plus sévère », insiste le Pr Vincent Sibaud.
L’Oncopole de Toulouse conseille de faire surveiller sa peau et ses grains de beauté régulièrement. Plus les cancers cutanés sont diagnostiqués tôt, plus les taux de survie sont importants. « Je crois qu’il faut aussi rassurer la population, au moins 80 % des cancers de la peau seront traités uniquement par chirurgie et évoluent très lentement, précise l’onco-dermatologue. Il y a des cancers de la peau comme le mélanome qui peuvent avoir une agressivité rapide mais globalement, l’ensemble des cancers de la peau ont une évolutivité lente, ce qui laisse le temps au diagnostic ».
Une « pénurie majeure » de dermatologues
Mais pour se faire dépister, encore faut-il pouvoir consulter un dermatologue. Les spécialistes se font rares en Occitanie, comme dans le reste de la France. La région compte seulement 3,4 dermatologues pour 100.000 habitants, contre les 5 nécessaires pour assurer un accès correct de la population aux soins. La raison ? Le manque de formation des étudiants en médecine. « Pendant 30 ans, la dermatologie était considérée comme une spécialité sans valeur ajoutée par rapport à d’autres spécialités, comme la cardiologie dite un peu plus noble. Les flux sont donc fermés pendant très longtemps, explique le Pr Vincent Sibaud. Aujourd’hui, on se retrouve sur une pénurie majeure. Par rapport à mon début d’internat, il y a une trentaine d’années, on a divisé par deux le nombre de dermatologues sur le territoire, et les perspectives sur les dix prochaines années ne sont pas très encourageantes ».
En cas d’urgence et de suspicion de cancer de la peau, l’onco-dermatologue recommande d’appeler son médecin traitant. « Il y a des créneaux d’urgence chez la plupart des dermatologues et les médecins généralistes jouent un rôle majeur. Il peut prendre son téléphone et appeler le dermatologue en lui disant qu’il a une suspicion pour un patient, il lui envoie une photo ou lui envoie directement le patient », insiste le Pr Vincent Sibaud, responsable de la cancérologie cutanée à l’Oncopole de Toulouse.
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