Ce devait être l’outil idéal pour soutenir les particuliers désireux d’entreprendre des travaux d’économie d’énergie. Mais aujourd’hui ma prime rénov montre ses limites. Système complexe, retards de paiement considérables, le dispositif public fédère contre lui les artisans et les particuliers, qui l’ont fait savoir ce lundi 12 mai.
Ils se sont donné rendez-vous ce lundi 12 mai à Paris devant le siège de l’ANAH, l’organisme public chargé de l’aide à la rénovation énergétique. Artisans et particuliers dénoncent les « ratés » du système.
Ma Prime Renov c’est ce dispositif public qui alloue des aides aux propriétaires souhaitant réaliser des économies d’énergie. Une pompe à chaleur, des doubles vitrages, le doublage des murs, ou l’isolation des combles, toutes ces améliorations énergétiques peuvent être financées, sous conditions, par l’ANAH, l’agence nationale de l’amélioration de l’habitat.
Elle a d’ailleurs déjà permis de rénover quelque 2,5 millions de logements. Mais 5 ans après sa création, le dispositif provoque la colère des artisans et des particuliers, qui lui reprochent « sa complexité administrative, des règles différentes en fonction des départements et surtout des retards insoutenables dans les règlements des dossiers ».
Édouard Barthès a créé il y a quelques années le syndicat Symbiote, qui regroupe les acteurs de la filière. Et sa vision de ma Prime Rénov est aujourd’hui sans appel : « Les particuliers et les entreprises subissent des retards interminables », explique-t-il. « Il faut parfois attendre un an pour être payé, alors que les délais annoncés par l’ANAH sont de 35 jours. C’est faux ».
Les entreprises du secteur de la rénovation énergétique ont manifesté ce 12 mai devant le siège de l’ANAH à Paris pour protester contre les retards de paiements. • © LUDOVIC MARIN / AFP
« Chaque semaine, il y a des dizaines d’entreprises qui déposent leur bilan à cause de ces délais », rajoute-t-il. « Avec 20 chantiers en cours à 30.000 euros chacun, ça fait un trou de 600.000 euros. Comment voulez-vous qu’ils s’en sortent. Ils doivent aussi payer l’URSAFF, les salariés. Alors ils jettent l’éponge ».
De son côté l’ANAH affirme qu’elle « fait tout pour tenir les délais », mais « qu’elle a dû intensifier les contrôles des dossiers, en raison d’une augmentation des fraudes dans le secteur ». Ces contrôles plus nombreux seraient donc à l’origine de ces retards de paiement. Pas de quoi convaincre Edouard Barthès.
« Il faut arrêter de se cacher derrière les fraudes pour justifier les retards et l’incompétence », s’énerve le chef d’entreprise. « La fraude, elle est autour de 5 %, ni plus ni moins que dans les autres secteurs. Il faudrait maintenant espérer qu’on revienne au dispositif des certificats d’économie d’énergie, géré par le privé et qui, eux, fonctionnent parfaitement bien ».
Le dispositif des certificats d’économie d’énergie a un budget 3 fois supérieur à celui de Ma Prime Rénov. Financé par les grandes entreprises d’énergie, il existait avant Ma Prime Rénov, qui est finalement venue faire « doublon ». Un effet d’annonce de l’Etat, qui n’aurait plus aujourd’hui les moyens de ses ambitions ? Une chose est sûre, des milliers de particuliers ont déjà déposé des plaintes devant les tribunaux pour récupérer l’argent des travaux avancé.
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