C’était l’avion du futur dans les années 50 : la Caravelle. Ce bijou de l’industrie aéronautique française, premier biréacteur produit en série, a effectué son premier vol, le 27 mai 1955, à Toulouse. L’avion de ligne ultramoderne à cette époque va connaître le succès. Et même prouver qu’il sait planer.
Il y a 70 ans, le 27 mai 1955, un petit bijou de l’industrie aéronautique française prenait son envol depuis Toulouse : la SE 210 Caravelle, premier avion de ligne à réaction français pour les vols moyen-courriers. Il était alors construit par la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Est avant que Sud-Aviation ne prenne le relais. Retour sur cette belle aventure.
Matthew Lord est guide conférencier au musée Aeroscopia, et il ne se fait pas prier pour évoquer l’histoire de la Caravelle. « C’est le premier avion de ligne à réaction français pour les vols court et moyen-courrier. On est vraiment sur la première génération des avions de ligne à réaction. À l’époque, il n’y a eu que le Comet britannique, le 707 de Boeing et ensuite, donc, la Caravelle« , raconte-t-il.
« L’idée avec la Caravelle, c’était d’occuper une petite niche sur le marché parce qu’il y avait besoin d’avions un peu plus petits, capables d’utiliser des pistes plus courtes et des aéroports avec moins d’infrastructures, précise Matthew Lord. Il lui fallait 2000 mètres de piste pour décoller. Il n’avait pas besoin de passerelle pour embarquer les passagers car il avait son propre escalier intégré. »
La Caravelle se distingue par ses réacteurs positionnés à l’arrière et non sous les ailes, ainsi que son escalier intégré pour faire monter les passagers à bord. • © AFP
Mais la grande particularité de la Caravelle, c’est la disposition des réacteurs à l’arrière, souligne Jacques Rembert, bénévole aux Ailes anciennes. « Le gros avantage de cette disposition, c’est qu’elle dégage complètement les ailes qui ont un profil parfaitement aérodynamique. Et cela a été repris sur beaucoup d’autres avions comme le Douglas DC9 par exemple. »
À l’intérieur, l’habitacle et le cockpit sont étonnants de modernité. Élégante, silencieuse, agréable à piloter grâce à ses commandes hydrauliques, la Caravelle séduit et va rencontrer un succès commercial.
Les premières compagnies aériennes à en prendre livraison sont Air France et la Scandinavian Airlines System. La compagnie française effectue son premier vol commercial avec la Caravelle le 6 mai 1959 au départ d’Orly. Début de l’opération séduction. La Caravelle a été le premier biréacteur produit en série dans le monde. L’avion est assemblé dans les ateliers de Sud-Aviation à Toulouse jusqu’en 1973.
Le biréacteur pour vols moyen-courrier était assemblé dans les ateliers de la société Sud Aviation à Toulouse. • © AFP
« Pour l’époque, on peut dire que c’était un succès commercial avec 282 avions construits en plusieurs variantes, reconnaît Matthew Lord. Cet avion incarne le résultat du rebond de l’industrie aéronautique française dans les années après la Seconde Guerre mondiale. La France a beaucoup investi à ce moment-là pour rattraper son retard et pour être à la pointe de la technologie dans l’aéronautique et le spatial.«
L’originalité de la Caravelle, c’étaient ses réacteurs disposés à l’arrière, et non sous les ailes. Mais savez-vous que l’avion était aussi un très bon planeur ? Le père de Jacques Rembert était à bord de la Caravelle lors d’une étonnante démonstration, en avril 1959. « La société Aérospatiale (qui a repli le flambeau de Sud-Aviation, ndlr), a voulu prouver que cet avion pouvait planer, raconte le bénévole de l’association des Ailes anciennes.
Décision est prise d’en faire la démonstration, le 16 avril 1959 entre Paris-Orly et Dijon. « Ils sont montés jusqu’à 10.000 mètres environ et là, ils ont mis les moteurs en ventilateur et il a plané jusqu’à Dijon« , raconte Jacques Rembert. Les réacteurs ne sont pas éteints, mais la poussée est de zéro, autrement dit les moteurs n’effectuent aucun travail de propulsion. Un vol plané de 46 minutes sur 265 kilomètres dont le journal Le Monde se fera l’écho.
La Caravelle a cessé de voler dans les années 90 et rejoint les musées, comme celui d’Aeroscopia Toulouse.
(Propos recueillis par Cécile Fréchinos et Thierry Villeger)
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