Les anthropologues poursuivent leurs recherches sur les ancêtres de l’humanité. Et cette nouvelle étude publiée ce mercredi 3 juin dans la revue Nature communications, redessine l’histoire du genre humain, avec des fragments fossilisés de mâchoires de bébés, vieux de 2 millions d’années.
On croyait tout savoir sur nos origines, mais chaque année ou presque, de nouvelles révélations viennent s’ajouter aux recherches déjà existantes. Cette fois, c’est une étude coréalisée par un anthropologue toulousain, qui nous dévoile la diversité et la complexité des peuples, considérés comme les premiers hommes sur terre.
Deux mandibules et un maxillaire, c’est tout ce qu’il a fallu aux deux auteurs de cette étude, publiée ce mardi 3 juin dans la revue Nature communication, pour redessiner le début de l’histoire du genre humain, estimé à environ 2,5 millions d’années.
Reconstitution en 3D des fossiles de mandibules et de maxillaire. En haut, des fossiles appartenant à une espèce proche d’Homo erectus. En bas, à Homo habilis. • © José Braga
José Braga, professeur à l’Université au sein du Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse et Jacopo Moggi-Cecchi de l’Université de Florence, ont planché sur des fragments, appartenant à des nourrissons, décédés il y a près de deux millions d’années.
Ces fossiles ont été exhumés en Afrique, berceau de l’humanité. L’un d’eux provient de la basse vallée de l’Omo, en Éthiopie, et a été attribué à Homo habilis. Les deux autres ont été découverts en Afrique du Sud : une mandibule retrouvée à Kromdraai et un maxillaire issu du site de Drimolen. Tous les deux sont associés à une espèce proche d’Homo erectus.
Les fossiles ont été découverts en partie sur le site de de Kromdraai, classé UNESCO, en Afrique du Sud, où José Braga réalise ses recherches. • © José Braga
« Nous n’avions pas de fragments d’enfants jusqu’à présent« , souligne le professeur d’anthropobiologie de l’Université de Toulouse José Braga. « Et nous voulions savoir si les différences observées chez les adultes signifiaient qu’il y avait différentes populations ou s’il s’agissait d’une adaptation à l’environnement. Avec les nourrissons, on s’est rendu compte que les différences dans les structures dentaires et osseuses sont visibles dès les premiers mois de la vie, ce qui accrédite la thèse de plusieurs espèces ».
Cette diversité précoce suggère donc, selon les chercheurs, que plusieurs branches évolutives étaient déjà bien différenciées au sein du genre Homo il y a plusieurs millions d’années. Elle remet en question aussi l’image d’un arbre évolutif linéaire ou simplifié. Au contraire. Jacopo Moggi-Cecchi, coauteur de l’étude et professeur à l’université de Florence, estime que cet arbre « comportait plus de branches qu’on ne le pensait auparavant ».
Diversité des espèces d’hominidés découvertes en Afrique, classées selon leur période dans le temps. En vert, celles appartenant au genre Homo. • © Pearson Prentice Hall
« Ça veut donc dire, que l’ancêtre commun remonte probablement à bien plus longtemps. On se rapproche plus de 3 millions d’années pour la naissance du genre humain », explique José Braga. « On se rapproche plus de 3 millions d’années que de 2,5 ». Les données recueillies par les deux chercheurs soutiennent l’hypothèse d’un ancêtre commun à toutes les espèces humaines. Il, ou elle, aurait vécu probablement avant le début de l’ère Quaternaire, lorsque les australopithèques, foisonnaient en Afrique.
Doyenne de notre humanité, Lucy fête, sur @franceculture, ses 50 ans, et cela malgré ses 3,2 millions d’années !Retour en novembre 1974, au coeur de la vallée de l’Awash, Ethiopie a découvrir, écouter, podcaster : https://t.co/gcr4utft7g pic.twitter.com/P0GWuuCGVH
— carbone 14 / l’entretien archéologique (@LeSalonNoirFC) November 9, 2024
Parmi les doyens de l’humanité, on connaît aujourd’hui Lucy vieille de 3,2 millions d’années, Little Foot, plus âgé de presque 500 000 ans et plus récemment Toumaï, découvert au Tchad. Vieux de 7 millions d’années, il est le plus ancien homininé connu à ce jour. Mais ces trois-là n’étaient pas encore considérés comme appartenant au genre humain.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse