Des agents du renseignement français ont découvert une probable opération du renseignement chinois visant à intercepter les communications de satellites conçus par Airbus Group et Thales Alenia Space, depuis Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne).
Voilà une histoire digne d’un film d’espionnage. Mais celle-ci… est bien réelle. Et elle se déroule en Haute-Garonne. C’est le média en ligne Intelligence Online, consacré notamment aux services de renseignement, qui la raconte dans un article paru le 11 juin 2025.
Tout commence un jour de début 2022. Des officiers de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) – un service de contre-ingérence du ministère des armées français, observent une antenne. Un dispositif suspecte, qui dépasse du balcon d’un immeuble d’habitation de la petite commune de Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne), 1653 habitants, à une trentaine de kilomètres au nord de Saint-Gaudens.
Les agents le comprennent : on est loin de l’antenne de télévision classique. Celle-ci est susceptible d’intercepter les communications entre des appareils en orbite dans l’espace et le téléport d’Issus Aussaguel, qui pilote des satellites d’observation de la Terre du Centre national d’études spatiales (CNES). Ces satellites sont conçus par Airbus Group et Thales Alenia Space. Et il se trouve que la commune de Boulogne-sur-Gesse se situe pile au milieu du cône de réception des données satellitaires.
Les officiers de la DRSD s’intéressent alors au profil de l’habitante de l’appartement devant lequel est placée cette antenne. Leurs découvertes ne font que confirmer leurs suspicions. Car il se trouve que la personne concernée s’appelle Dong H., un Chinoise anciennement employée par l’Académie chinoise de technologie spatiale, une entreprise d’Etat qui participe au développement des missiles chinois. Dong H. est présidente d’une société – supposément une société écran -, baptisée STAHD Europe, créée en 2020, et filiale d’Emposat, une entreprise chinoise spécialisée dans l’opération de station de communication par satellite, sérieusement soupçonnée d’espionnage à plusieurs reprises à travers le monde.
Estimant que cette observation était à considérer sérieusement, les officiers de la DRSD alertent l’agence nationale des fréquences. Le procureur de la République de Saint-Gaudens, dont dépend la commune de Boulogne-sur-Gesse, est saisi.
Au printemps 2022, une cellule interservices regroupant des agents de la DRSD, de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), et du service anti-blanchiment de Bercy (Tracfin) travaillent très discrètement, croisent leurs informations, et surveillent désormais Mme Dong H. Ils la soupçonnent de participer à de l’espionnage économique.
Mais après des mois d’enquête, il leur est difficile de trouver des preuves de la collecte illégale d’informations et de leur transmission à une puissance étrangère : la Chine. Alors, les services du renseignement décident simplement de saisir la Justice pour cause d’antenne déployée illégalement. Une enquête est ouverte par le Tribunal de Saint-Gaudens (Haute-Garonne). D’après l’article d’Intelligence Online, les enquêteurs s’aperçoivent que la fameuse antenne est bel et bien capable d’intercepter les communications de satellites français. Pire, qu’elle est réglée sur leurs fréquences de communication.
Une note classifiée de l’une des agences du renseignement français mobilisées indique alors que ce procédé est une opération caractérisée du principal service secret chinois. Les agents français en sont convaincus : cette opération dans ce village de Haute-Garonne avait pour objectif de détecter les modes de communication utilisés par le CNES, Aribus, Thales Alenia Space, pour entrer en communication avec leurs satellites.
L’article ne précise pas ce qu’il est advenu de cette antenne. On peut supposer qu’elle a été retirée depuis. Madame Dong H, elle, a nié les faits auprès d’Intelligence Online.
En parallèle de cette affaire, un rapport sur la sécurité économique – remis par le président d’honneur du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux à Emmanuel Macron en septembre 2024 -, affirme que la Chine est le pays qui fait peser la menace la plus forte sur l’économie française.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse