Ces lignes symbolisaient déjà un « sentiment de déclassement » pour Clément Beaune, ancien ministre des transports en 2023. Deux « trains de la colère » arrivent à Paris, mardi 15 avril, l’un en provenance de Toulouse et l’autre de Clermont-Ferrand. À leur bord, des élus et des usagers viennent dénoncer le manque d’investissement sur les liaisons en question.
Ces lignes ne sont pas les seuls axes oubliés du réseau ferroviaire. Les Intercités, longtemps relégués au second plan au profit du développement des TGV, sont pour la plupart vieillissants. Certains circulent depuis près de cinquante ans et enchaînent les pannes.
La voiture « Corail », l’accusée principale des retards
Plus d’un quart des trains qui ont circulé entre Bordeaux et Marseille sont arrivés en retard entre janvier et août 2023. Un manque de ponctualité qui lui a valu le surnom de « pire ligne de France ». Il avait même été envisagé de réduire, voire de suspendre un temps, les trains de la liaison, trop défaillants selon un rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) publié fin 2022.
Le matériel roulant vieillissant reste la raison première de ce manque de ponctualité. Comme nombre d’autres lignes Intercités vétustes, la liaison Bordeaux-Marseille est équipée de voitures Corail. Ces rames, mises en circulation dans les années 1970, continuent aujourd’hui de relier les grandes lignes dépourvues de TGV. Souvent rénovées, mais jamais remplacées, ces voitures sont régulièrement victimes de panne.
Double peine pour les trains réguliers entre Bordeaux et Marseille : la ligne est aussi équipée de caténaires (l’ensemble des câbles qui permettent l’alimentation électrique des trains) dont certains sont vieux de 80 ans.
En matière de retard, cette transversale est suivie de près par la ligne Intercités Lyon-Nantes qui enregistrait des retards sur 21 % de ses trains en 2023. À la troisième place, le Paris-Clermont atteignait les 15 %, à peu près la même chose que pour l’axe Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT). Pour clôturer ce « top 5 », la liaison Hendaye-Toulouse voyait 14 % de ses trajets retardés.
Les intempéries aggravent les retards
En plus de la vétusté du matériel roulant et des infrastructures, d’autres causes peuvent être à l’origine des retards. L’engorgement des nœuds ferroviaires en fait partie. Ces points névralgiques, où les trains convergent pour changer de voie, effectuer des correspondances ou stationner, peuvent saturer lorsque le nombre de trains dépasse les capacités d’accueil.
Des phénomènes externes peuvent également engendrer des retards. Les lignes Intercités sont notamment soumises aux intempéries, de plus en plus nombreuses et violentes avec le dérèglement climatique, et auxquelles le réseau ferroviaire est encore peu adapté. Les vagues de chaleur provoquent par exemple la dilatation du rail. De même pour les tempêtes et inondations qui bloquent les trains et peuvent endommager les voies.
Pour faire face aux diverses difficultés, plus de 4 milliards d’euros ont été débloqués depuis 2018 pour rénover les lignes les plus vieilles. De nouvelles rames devraient d’ailleurs remplacer les désuètes Corail. Les voitures Oxygène, plus rapides et plus confortables, devraient rejoindre les rails français en 2027.