L’instruction du recours porté par quatre associations environnementales contre le tracé de la ligne à grande vitesse (LGV) au nord de Toulouse se termine ce jeudi avec une audience du tribunal administratif qui pourrait être programmée en juillet ou en septembre. L’avis du conseil national pour la protection de la nature (CNPN), pointe « des impacts vertigineux sur la biodiversité et l’absence de recherche d’une solution alternative ». Un nouveau coup d’arrêt pour un projet de transports structurant ?
En sera-t-il du tracé de la Ligne à grande vitesse (LGV) aux portes de Toulouse comme de celui de l’autoroute A 69 vers Castres dont les travaux ont été suspendus et le projet annulé par le tribunal administratif ? La question se pose très sérieusement, alors que l’instruction du recours déposée l’an dernier, en juin, par quatre associations environnementales (1) sur l’aménagement ferroviaire du nord de l’agglomération se termine jeudi.
» En l’état du dossier, comparé à celui de l’A 69, il y a encore plus de raisons pour les juges d’arrêter ce chantier déjà commencé au titre de l’article L 411-2 du code de l’environnement », assure Jean Olivier, président des Amis de la terre de Midi-Pyrénées. Toujours dans l’attente des conclusions de la SNCF, qui n’ont pas encore été remises. Selon ce militant écologiste, les avis du Conseil national pour la protection de la nature (CNPN) et de l’autorité environnementale sont pourtant accablants. » Avec des mots crus, la première instance relève une étude d’impact trompeuse et des atteintes à la biodiversité vertigineuses, relève Jean Olivier. Quand la seconde pointe un dossier incomplet ».
La libellule et le rossignol des marais en danger
Faune et flore de la plaine toulousaine seraient donc directement menacées dans ce long corridor de nature de 17 kilomètres, qui court le long du canal des deux-mers, latéral à la Garonne. » Ici, il est question d’arbres et de fleurs, mais aussi de libellules, de chauve-souris et du rossignol des marais, dont on ne compte plus que 200 individus », précise Jean Olivier.Si un référé suspension avait été rejeté par le tribunal administratif en septembre dernier, l’examen sur le fond des arguments des écologistes peut réserver des surprises. » Encore une fois, les pouvoirs publics s’engagent dans des travaux, avant même d’avoir purgé tous les recours, notamment environnementaux, alors même que l’on sait maintenant que ces enjeux sont pris en compte au premier chef par les juges avec la notion d’Intérêt public, comme cela a été le cas avec l’autoroute A69 Toulouse-Castres, souligne un élu du secteur. On ne peut plus passer en force »…
Et quid du réseau express métropolitain ?
Jean Olivier et le collectif d’associations ont déjà fait leur calcul. Si la justice se calque sur un calendrier similaire, on devrait se diriger vers une audience au mois de juillet ou en septembre. Avec la possibilité, là encore d’un blocage du chantier. Ce qui serait un nouveau coup dur pour un projet de LGV qu’on attend depuis plus de 20 ans et qui n’est plus le seul concerné par les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse, puisqu’il est aussi question du devenir du développement des services express régionaux métropolitains (SERM). Un réseau de RER toulousain qui devrait être le plus grand de France, avec de premières échéances dès 2028.À terme, ce sont 121 trains supplémentaires prévus d’ici fin 2032 avec un cadencement des trains de 5 heures à 23 heures et des passages toutes les 10 minutes aux heures de pointe associés au déploiement de cars à haute fréquence dans les communes où le ferroviaire ne peut pas se déployer. Le SERM toulousain devrait représenter 4,6 milliards d’euros d’investissements. » Mais là encore, ce n’est pas le projet que l’on a vendu aux communes concernées, regrette Jean Olivier. Pour que le TGV puisse passer, il faudra segmenter les dessertes pour des trains qui n’arriveront même pas à Matabiau ». Bref, on n’est pas sorti de l’auberge !
Un projet de viaduc contesté
Parmi les chantiers de l’aménagement ferroviaire du nord de Toulouse figure le projet de viaduc de raccordement de la LGV avec les voies existantes à Saint-Jory qui passerait très précisément juste au-dessus, à quelques mètres en surplomb de la prise d’eau potable dans le canal de l’usine d’eau potable de Saint-Caprais alimentant près de 60 000 habitants en eau potable. L’association Eau Secours 31 a fait récemment un courrier à l’Agence Régionale de Santé (ARS) et à Réseau 31 à ce propos concernant les risques de pollution de la prise d’eau potable en phase chantier (béton etc.) puis en phase d’exploitation (poussières de frein etc.). Elle demande que ce projet de raccordement de la LGV ne soit pas mis en œuvre à cet endroit.