L’enquête sur la mort de cet homme menant une double vie, dont le corps a été retrouvé à Juzes en février 2024, s’oriente vers un suicide. Mais d’après ses proches, des incohérences troublantes demeurent.
Plus d’un an après la découverte d’un homme égorgé dans un bois à Juzes, au sud-est de Toulouse, l’enquête ouverte pour meurtre reste sans issue. Faute de suspect, les gendarmes de la section de recherches de Toulouse ont exploré de nombreuses pistes. Et celle d’un geste désespéré semble aujourd’hui privilégiée.
« Christian n’avait pas l’attitude d’une personne suicidaire. La veille des faits, il a payé une partie de la dette qu’il avait envers l’Urssaf. Il attendait des proches pour le week-end », témoigne pourtant un membre de sa famille.
Comment le corps a pu être recouvert naturellement de feuilles
Le 5 février 2024, la voiture de cet habitant de Villefranche-de-Lauragais est repérée par le maire de Lux, un village voisin. Stationnée sur une ancienne route nationale, l’automobile avait les portes ouvertes et la clé sur le contact, comme abandonnée à la hâte. Deux jours plus tard, un promeneur découvre le corps de Christian, 61 ans, partiellement caché sur un amas de feuilles dans la commune de Juzes, à un kilomètre de là, entre un petit grillage et un bois.
« Selon les rapports des médecins légistes, il est mort d’une hémorragie provoquée par une blessure au cou. Une plaie certainement causée par une arme blanche », précisait alors le procureur de la République. Un couteau maculé de sang a d’ailleurs été retrouvé juste à côté de la dépouille par les militaires.
« Mourir de cette façon, volontairement, ça ne lui ressemble pas », martèle son ancien beau-frère, en quête de réponses. Il insiste notamment sur un point troublant : Christian était en grande partie caché sous des feuilles. Les gendarmes ont mené des investigations pour essayer de comprendre comment la végétation avait pu se transformer en camouflage. À cause du vent ou parce qu’un tiers aurait recouvert le cadavre ? Cette énigme demeure irrésolue malgré les investigations entreprises.
Parmi les pistes creusées, celle d’une double vie intrigue. En couple avec une femme mais aussi travesti, Christian avait pris l’habitude de rencontrer ses conquêtes dans le plus grand secret. Il s’était déjà rendu à plusieurs reprises près de ce bois. Les enquêteurs ont tenté de savoir s’il fixait ses rendez-vous intimes là-bas. En vain : ni les analyses numériques, ni les auditions menées n’ont permis d’identifier un éventuel interlocuteur.
Une seconde voiture présente ?
À mesure que les hypothèses s’effondraient, celle du suicide a pris de l’ampleur. Mais la famille reste sceptique. Ce fabricant de train de tourisme n’aurait jamais manifesté de tendances suicidaires auparavant. Aurait-il fait une mauvaise rencontre ?
« Christian était très apprécié mais il a, au cours de ces dernières années, eu quelques ennemis. Nous ne savons pas si les enquêteurs ont questionné ces gens », s’interroge un proche.
Le mari de la sœur de Christian apporte un autre élément troublant : selon lui, un autre automobiliste était garé près de la voiture du disparu. « J’ai pu discuter avec le premier témoin, le maire de Lux. Il assure que la voiture de mon beau-frère n’était pas seule. Il y avait, selon lui, un Citroën Berlingo blanc garé juste à côté, qui n’a jamais été identifié ni retrouvé, malgré les recherches. »
Tous espèrent que l’enquête retrouvera un second souffle. À ce jour, le juge d’instruction n’a pas prononcé de classement et il vient de recevoir l’imposant travail d’enquête des gendarmes de la SR.
« La scène de crime ne colle pas. Comment un homme mutilé a-t-il pu se mettre sous un amas de feuilles ? Et si l’on veut s’automutiler, est-ce que l’on paie ses dettes la veille ? », interroge Me Nicolas Raynaud de Lage, avocat des parties civiles. L’avocat insiste : « tous les moyens modernes mis à disposition des gendarmes doivent permettre de résoudre cette enquête. »