La police a mené une vaste opération en début de semaine chez des individus très branchés sur les armes. Des saisies importantes ont été réalisées notamment chez un armurier installé au sud de Toulouse.
Un fusil d’assaut HK, un pistolet-mitrailleur Uzi, des pistolets automatiques de différents calibres, des fusils de chasse, mais aussi 80 kg de munitions (!), des grenades et même un obus. Dès le début de leurs perquisitions cette semaine, les enquêteurs de la direction de la criminalité organisée ont sollicité les démineurs. Une assurance pour éviter un accident face à ces kilos de munitions et autres engins dangereux découverts chez quatre particuliers.
Ces suspects se présentent comme « amateurs » d’armes, voire collectionneurs. Les policiers les surveillaient depuis la fin du mois de septembre. Ces investigations font suite à une première arrestation menée par les douaniers de la brigade de Frouzins. Ils avaient repéré un colis en provenance de Pologne.
Simples amateurs ou trafiquants
À l’intérieur, des accessoires liés à des armes de guerre mais également des munitions. Et lors de la perquisition chez le destinataire du colis, un ancien militaire déjà connu pour son goût pour tout ce qui est capable de tirer, les douaniers ont découvert un véritable arsenal.
Depuis, cet homme arrêté avec son épouse, patiente en prison. Et lundi, les policiers ont rendu une visite surprise à ses « relations ». Parmi eux un armurier du Muretain, lui aussi passé par l’armée. Dans son commerce, logiquement, les enquêteurs et les démineurs ont découvert beaucoup d’armes, mais aussi grenades et obus.
D’autres fusils, ou pistolets, ont été découverts chez d’autres « amateurs », adeptes du tir sportif ou pas. Et si l’un d’eux a été laissé libre après les premières heures de garde à vue, les trois autres ont été présentés au juge d’instruction en charge du dossier.
Parce qu’au-delà des tendances « survivalistes » de certains, la question sur l’utilisation de ces « guns » reste quand même en suspens. Sont-ils destinés uniquement à des passionnés ou peuvent-ils finir dans les mains d’individus aux objectifs moins honnêtes ? Surveillances, écoutes et travail sur les comptes bancaires de ces amateurs particuliers ont permis d’identifier des échanges et autres arrangements entre « amis » sur la réglementation. Mais, à ce stade, pas de vente vers les cités toulousaines ou autres.
« Pas de lien avec les milieux criminels »
Cela demeure la question de fond de ce dossier confié au doyen des juges d’instruction de Toulouse. « Ce sont des passionnés, des collectionneurs. Peut-être excessifs, mais sans aucun lien avec les milieux criminels ou les narcotrafiquants », affirme Me Pierre Le Bonjour, un des avocats de la défense.
Un avis que partage l’avocate de l’armurier, Me Cynthia Hamiche, discrète sur le dossier mais convaincue que son client n’a rien d’un trafiquant d’arme. Et d’ailleurs, contrairement aux réquisitions du parquet, les trois hommes mis en examen mercredi ont été laissés libres, sous contrôle judiciaire.
Ils ne doivent plus se parler et oublier leurs armes, toutes saisies. Les spécialistes de la balistique du laboratoire de police scientifique de Toulouse vont les passer au crible. Pour vérifier qu’elles n’ont jamais servi à une exécution, ici ou ailleurs.