Avec près de soixante ans de présence, Claude Punturelo tire le rideau du Pastourel, cave rue des Fontaines. À 85 ans, il raconte l’histoire de ce lieu qui a séduit tant d’amateurs et qui ce samedi ferme en beauté lors d’une grande fête amicale autour du vin.
À 85 ans, Claude Punturelo semble accuser dix ans de moins… Il nous reçoit au Pastourel, sa cave qui, depuis 60 ans, fait le bonheur des amateurs de vins. À la veille de la fermeture définitive, samedi 3 mai, et de la fête organisée par ses enfants et ses amis, guirlandes et boule disco sont déjà installées dans cet antre dédié à Bacchus : « Le vin est une histoire de famille », explique-t-il. « Rien ne me prédestinait à devenir caviste. J’ai appris le métier sur le tas. J’avais une formation d’électromécanicien mais, en perdant ma mère à 13 ans, j’ai dû aider mon père qui tenait un bistro à Constantine, en Algérie. En arrivant à Toulouse en 1965, mon père a poursuivi son activité de marchand de vins boulevard Jean Brunhes », se souvient-il.
« Après sa maladie, j’ai continué à exploiter son commerce dans le quartier et puis, à sa disparition, j’ai ouvert la cave Pastourel en 1980. Si je n’avais pas stoppé à cause d’un pépin de santé, le Pastourel aurait eu 60 ans le 27 février prochain, devenant ainsi la plus ancienne cave de vin de Toulouse. C’est le destin de chacun », poursuit-il.

Claude est un peu triste de partir : « J’aurais continué si j’avais échappé à un virus ridicule », dit-il en riant. Samedi, tout va s’arrêter avec tous les amis, dans la joie et le bonheur du chemin parcouru ensemble.
Plus de 500 références et des rencontres
Dans cette caverne d’Ali Baba vouée aux vins, champagnes et spiritueux, de 500 références, Claude a beaucoup peiné, physiquement et financièrement : « C’est pour cela que je n’ai pas vraiment cherché de repreneur », avoue-t-il. « Pour éviter les dégâts. Se lever entre deux et trois heures du matin pour livrer aux restaurateurs n’est pas sans fatigue. Sans parler des frais d’une telle affaire. Pour ma part, je suis propriétaire donc pas de loyer. Sinon… J’ai aussi fait le choix de vendre sans intermédiaires et d’acheter directement aux petits producteurs. Ce qui m’a permis de vendre mes produits moins chers. »
L’autre clé de la réussite du Pastourel est l’ambiance bon enfant et familiale. « Pour moi, le client est d’abord un ami. » Cela change tout. « Les clients ont toujours pu se servir eux-mêmes et laisser en partant l’argent sur le comptoir. Sans problème. Ils étaient comme chez eux. »
Durant toutes ces années, les rencontres ont émaillé le quotidien de cet octogénaire atypique : « J’ai fourni en vins les journalistes de Charlie Hebdo », se souvient-il. « En remerciement, j’ai eu droit à un dessin dédicacé pour les 50 ans de la cave. Florence Aubenas a été cliente, Enrico Macias, que j’avais connu et soutenu en Algérie lors d’un radio-crochet, fut un fidèle. Et puis André Turquin, pilote du Concorde, et tant d’autres ». Heureux malgré tout, Claude va continuer à conseiller les amateurs sur les bons crus. « J’ai de la bouteille. J’en fais profiter. »