En surveillant des receleurs qui multipliaient les allers-retours vers l’Espagne, les gendarmes de la compagnie de Muret ont démantelé une équipe spécialisée dans le vol de cuivre. Devant le tribunal correctionnel de Toulouse, l’addition est salée.
« Quand on aime, on ne compte pas ! », ironise le procureur à propos des 1 200 tonnes de cuivre dérobées courant l’été 2024 en Haute-Garonne ou dans le Tarn. Devant lui, face au tribunal correctionnel de Toulouse, six personnes. Quatre habitués des sorties nocturnes qui « arrachaient » les câbles posés par Orange, la SNCF ou d’autres opérateurs. Et deux Marocains, qui transportaient le cuivre jusqu’en Espagne pour le revendre.
À Noé, Mauzac, Castelnau-d’Estrétefonds, Fenouillet ou Gaillac, les vols nocturnes ont entraîné de nombreuses coupures, électriques ou de liaison internet quand ils ne perturbaient pas la circulation des trains. Après les avoir surveillés, écoutés, accompagnés, les gendarmes de la brigade des recherches de Muret ont recensé près de quarante vols pour un préjudice chiffré à 300 000 euros !
Revendus en Espagne
En septembre 2024, ils ont interpellé quatre voleurs originaires de Blaj, en Roumanie, et les deux receleurs qui récupéraient entre 1 000 et 2 000 euros lors de chaque voyage en Espagne. « C’est une façon assez simple de gagner de l’argent même si cela provoque de gros dégâts », dénonce le procureur, en colère contre les prévenus poursuivis pour ces vols souvent en récidive.
Pourtant les deux receleurs jurent devant le tribunal « ne pas avoir su que le cuivre était volé… » Leur avocat, Me Alexandre Parra-Bruguière s’étonne : « Est-ce que le tribunal peut s’imaginer que ces deux messieurs sont les seuls à faire du recel ? » Et il argumente : « Bien sûr que c’était une bonne affaire. Mais comment pouvaient-ils savoir que ce cuivre était volé ? Il pouvait tout aussi bien s’agir de matériaux récupérés… »
Le tribunal condamne ces deux cousins à 10 000 euros d’amende et à 2 ans d’emprisonnement, dont un an avec sursis. Une peine assortie d’une interdiction du territoire français pendant 3 ans.
Prison ferme et interdiction du territoire
Accusés des vols, trois prévenus reconnaissent les faits. Le quatrième, dont le véhicule a été aperçu sur les lieux des vols et qui est poursuivi pour 35 infractions (!) reconnaît « un seul fait ». Me Julie Duroch explique que le véhicule d’Izidor, 52 ans, « faisait l’objet d’un prêt pendant la période concernée ». Pas convaincu, le tribunal condamne cet homme à 5 ans de prison, avec maintien en détention, et une interdiction du territoire français pendant 5 ans.
Me Cynthia Hamiche défend Stefan, 39 ans, « petite main d’un dossier fastidieux ». Il est condamné à 3 ans de prison, maintien en détention, assortis de 5 ans d’interdiction du territoire. Toader, 27 ans, s’excuse. « Ce n’est pas bien de voler mais je devais faire quelque chose pour entretenir mes enfants ». Son avocate, Me Géraldine Friess insiste sur le handicap dont souffre sa fille. « Elle a besoin de lui ». Il est condamné à 4 ans de prison, maintien en détention et 5 ans d’interdiction du territoire. Enfin Gabriel, 22 ans, « veut s’insérer et travailler », argumente Me Antoine Ramognino. Il est condamné à 18 mois de détention.
Les sociétés victimes présenteront la facture de leur dommage mi-juin, lors d’une audience civile.