Bronca chez les amateurs toulousains de corrida, qui dénoncent la « disparition » du rayon tauromachie à la librairie Ombres Blanches. Ulcéré, son directeur Christian Thorel entre dans l’arène.
Le petit monde taurin de la Ville rose voit rouge. En cause, l’éviction, constatée par les aficionados de Toulouse, du rayon « tauromachie » des étagères de la librairie Ombres Blanches. Une « disparition » qui, s’inquiète le collectif Jeunesse Taurine Toulousaine, fondé il y a deux mois à peine, « constitue une atteinte à la transmission de la culture taurine locale pourtant toujours vivante auprès des jeunes générations. »
« Nous avons reçu des messages d’amoureux de la tauromachie nous demandant de porter notre voix sur cette question », explique Ethan Carpentier, le fondateur du collectif. « Des amis nous ont montré des vidéos constatant cette disparition et nous avons rédigé un communiqué que nous diffusons aujourd’hui, puisqu’aucune explication publique ne nous a été fournie. »
Par-delà cette « inquiétude », le collectif entend dénoncer ce qu’il croit être « une volonté d’effacer la culture taurine de notre ville ». Rappelons que la dernière banderille fut plantée en terre toulousaine le 3 octobre 1976 aux Arènes du Soleil-d’Or, dans le quartier Saint-Cyprien. Il n’empêche : Ethan Carpentier, qui n’avait pas encore, au moment où ces lignes sont écrites, contacté la direction d’Ombres Blanches, martèle que Toulouse est une ville dans laquelle de nombreux amateurs de corrida se désolent de cette mise à mort livresque.
« Des méthodes très désagréables »
De son côté, Christian Thorel, le directeur de l’emblématique librairie toulousaine, s’inscrit en faux et balaie des accusations générales et multiples à l’encontre de la tauromachie, qu’il juge « violentes » : « On ne dit rien, on ne demande rien, on fait circuler des choses sur les réseaux sociaux : ce sont là des méthodes très désagréables, des méthodes de voyous », s’insurge-t-il. « La vérité est que nous avons décidé de rebâtir ce rayon et le déplacer vers la littérature. J’en ai parlé avec mon ami Yves Charnet, qui me disait, comme de nombreux auteurs sur la question, qu’il préférait que ses livres soient exposés là, au rayon littérature. »
Les publications tauromachiques, observe le patron d’Ombres Blanches, se vendent principalement sur les sites de tauromachie comme Nîmes ou Vic-Ferensac, mais représentent une production bien plus réduite, à l’exception de quelques maisons d’édition comme Le Diable Vauvert. « Ce que nous voulons, en dépit de cette avalanche ridicule de communiqués et photos envoyés sur les réseaux, est que l’on patiente un peu. Ce n’est pas une course automobile ! D’ici quelques semaines, et certainement avant l’été, les publications liées à la tauromachie auront rejoint la littérature, peut-être sous un autre nom, ou peut-être sous le nom tauromachie. » Une mise au point qui, espérons-le, saura calmer les esprits les plus… sanguins.