Coincés dans les filets de protection de la façade, des déchets jetés par la fenêtre transforment la tour des Mazades, à Toulouse, en décharge suspendue. Ces incivilités coûtent cher à la copropriété qui doit faire vider les filets. Mais face à une situation financière fragile, le prochain nettoyage est reporté.
Des vêtements, des chaussures, des pots de colle, des détritus… La façade de la tour des Mazades, à Toulouse, se transforme régulièrement en décharge suspendue. Jetés par des habitants indélicats et indisciplinés, les déchets terminent coincés dans les filets qui protègent sa façade depuis plusieurs années.

« C’est sale, horrible et triste. Des habitants lancent leur poubelle par la fenêtre », témoigne une des propriétaires de cette tour de 18 étages qui compte 160 logements, dont la moitié sont occupés par des locataires du bailleur social Les Chalets. « On a même dû enlever des matelas », témoigne Guillaume Porcario, président de la Sogem, le syndic de l’immeuble.

Confrontée à ces actes d’incivilité, la copropriété a tenté d’alerter les habitants par des interventions, des notes, de l’affichage. Elle a aussi mis en place un système de ramassage plus régulier des encombrants avec Toulouse Métropole. Mais les détritus dans les filets doivent être régulièrement enlevés. « Chaque nettoyage coûte 3 500 € », précise le président de la Sogem.
La surveillance incendie coûte 250 000 € par an
Sauf que le prochain nettoyage n’aura pas lieu tout de suite. La faute à une situation financière bien fragile. Depuis l’été 2024, la copropriété des Mazades a vu ses charges doubler pour se mettre en conformité avec la réglementation des immeubles de grande hauteur (IGH).
Elle doit débourser 250 000 € par an supplémentaires pour le contrat annuel de présence d’une société de surveillance incendie. Les co-propriétaires sont mobilisés pour obtenir une dérogation sur la réglementation, postérieure à la date de construction de l’immeuble.
Les plaques de la façade se décollent, la copropriété va assigner l’entreprise
Parallèlement, la copropriété tente de régler le problème des filets qui n’ont pas vocation à rester. Ils ont été posés après un problème de malfaçon, suite aux travaux de rénovation de la façade et d’isolement par l’extérieur, qui ont eu lieu en 2017.
« Compte tenu de la hauteur et de la forte prise au vent, après de fortes tempêtes, des plaques se sont envolées. Il a donc fallu sécuriser la façade en attendant une solution de réparation. La société chargée de la réhabilitation de la façade a proposé une fixation des plaques par rivets. »
« Nous ne l’avons pas accepté car ce n’est pas esthétique, nous avons des doutes sur la pérennité et ça ne correspond pas du tout au cahier des charges établi autour d’un système d’emboîtement. Jusque-là, nous avions envisagé une expertise judiciaire amiable mais comme les entreprises se renvoient la balle, nous allons aller en procédure. Le conseil syndical vient de valider l’assignation », précise Guillaume Porcario, président de la Sogem.
Sécurité incendie de la tour : la commission de sécurité allège les conditions
En janvier 2025, dans une pétition, les copropriétaires de l’immeuble des Mazades avaient alerté le préfet de Haute-Garonne sur leur situation. Ils souhaitaient la révision des prescriptions de la sous-commission départementale de sécurité incendie, à savoir l’obligation de mettre en place une surveillance avec un agent certifié, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 pour être en conformité avec la réglementation des immeubles de grande hauteur (IGH). Les copropriétaires estimaient que cette réglementation, étant postérieure à la construction de la tour des Mazades, ne devait pas s’appliquer. Ils rappelaient aussi que des travaux de mise en sécurité et conformité avaient été récemment réalisés. Surtout, cette obligation faisait peser une charge financière trop lourde sur la copropriété (250 000€ par an).
Selon la préfecture, une nouvelle visite de la commission départementale de sécurité s’est tenue en février, « conformément à l’engagement qu’avait pris le préfet par courrier adressé aux copropriétaires, afin de refaire le point sur les diverses prescriptions qui avaient été émises à l’occasion de la visite précédente et de rappeler le contexte réglementaire applicable à cet immeuble. »
« L’une des principales prescriptions a pu être levée lors de la visite, entérinée par un avis du 25 mars 2025, à savoir celle relative à la surveillance de l’immeuble par un agent de sécurité. Il est donc désormais possible pour le mandataire de sécurité de l’immeuble et pour la mairie de Toulouse, autorité de police, de proposer une organisation qui permette de concilier sécurité et faisabilité économique », indique la préfecture.