À la veille de recevoir le Racing 92, samedi 17 mai à l’occasion de la 24e journée de Top 14 (21h05), Virgile Lacombe, l’entraîneur en charge de la mêlée des « rouge et noir », a évoqué la fin de saison à venir et une certaine superstition liée au club « ciel et blanc ».
La réception du Racing peut-elle être un piège ?
Oui, complètement. Déjà, il y a peut-être du relâchement de notre part avec la victoire à Toulon la semaine dernière. Et il y a le regard général qu’on peut avoir sur le Racing, sur l’ensemble de sa saison, qui fait qu’aujourd’hui, il est 11e au classement. Il ne faut surtout pas le prendre de haut parce que malgré le match nul la semaine passée (24-24 contre Bayonne à l’Arena, NDLR), les dernières semaines ont été plutôt bonnes. C’est une équipe différente de celle que l’on a jouée en tout début de saison.
Vous êtes premiers et quasiment assurés de le rester. Comment garde-t-on le groupe en éveil lors des trois matchs qui s’annoncent avant la demi-finale ?
Il y a différents leviers. La première des choses, c’est la concurrence et l’émulation qu’il y a dans le groupe. Les trois matchs vont permettre aux joueurs de s’exprimer, aux entraîneurs de les évaluer pour construire par la suite l’équipe de la demi-finale. Donc tout le monde a quelque chose à jouer de ce côté-là. Après, on n’est pas très loin du record de points marqués lors d’une saison (il en manque 53 pour atteindre les 830 de Clermont en 2020-2021, NDLR) donc on va essayer d’aller chercher ça. Et puis, sur la confrontation avec le Racing, il y a le challenge de Coubertin aussi. Habituellement, quand on arrive à le remporter, la saison se termine bien pour nous (sourire). On l’a derrière la tête en tout cas.
Vous êtes superstitieux ?
Oui, exactement !
Qu’avez-vous observé de votre adversaire ?
C’est une équipe qui s’expose un petit peu moins qu’en début de saison, en étant un petit peu plus frontale, en utilisant ses individualités. Ils ont rentré quelques joueurs, comme Demba Bamba, comme « Tao » (Romain Taofifenua, NLDR). Devant, en tout cas, ça leur permet d’avoir de gros porteurs de balle. Joseph qui conteste et qui est aussi un bon porteur de balle. Donc peut-être que leur rugby est un petit peu moins aéré et ils vont un peu moins toucher les extérieurs. Par contre, ils s’appuient beaucoup plus sur des gros porteurs de balle qui touchent régulièrement des ballons et ils arrivent à mettre une grosse pression sur l’adversaire quand ils le décident. Donc il va falloir être très efficaces sur la partie défensive et avoir la capacité à conserver nos ballons si on veut pouvoir mettre du rythme.
La semaine de préparation du match face à Toulon avait été visiblement difficile. Est-ce que celle-ci fut meilleure ?
Oui et non. Forcément, avec la victoire, c’est plus simple, mais on a toujours le fantôme de la défaite contre Bordeaux qui nous ronge un petit peu. Et je pense que physiquement, le match contre Toulon a laissé quelques marques donc on a eu des difficultés à faire une bonne semaine en termes d’intensité, de contenu. Est-ce que c’est dû au relâchement de la victoire qui nous semble avoir un peu gommé la défaite en demi-finale ou est-ce que c’est dû justement à l’intensité du match contre Toulon ? Quoi qu’il en soit, la semaine est un petit peu moins rassurante en termes d’entraînement que celle qu’on avait fait avant Toulon.
Qu’entendez-vous quand vous dites que la défaite à Bordeaux vous ronge ?
Il y a de la colère puisqu’on a le sentiment de ne pas avoir tout fait pour pouvoir gagner le match. En tout cas, de ne pas avoir trouvé des solutions, même si en face on a eu une très grosse opposition. Donc forcément, il y a de la colère et ça met du temps à être digéré. Il ne faut pas mélanger les deux choses, la Coupe d’Europe et le championnat. Sur le championnat, on a peut-être un petit peu d’avance au niveau du classement, mais quand on arrivera sur les matchs de phases finales, ça sera un match couperet aussi. Je pense que la colère se sera atténuée d’ici là, mais il faudra être capables de répondre collectivement, sachant qu’on risque de nouveau d’être sur la route de Bordeaux. En demi-finale non, mais peut-être en finale. Là, il y aura peut-être de la colère qui remontera mais d’ici là, il y aura une demi-finale à jouer.
Les cartes sont-elles rebattues dans l’effectif depuis l’élimination en Champions Cup ?
Ce n’est pas le match de Bordeaux, c’est l’ensemble de la saison qui nous a permis de voir certains joueurs éclore et ajouter un peu plus de concurrence à quelques postes. Les matchs qui vont venir vont clairement continuer à nous donner des réponses sur qui mérite de jouer les matchs de phases finales sur cette saison où on a beaucoup fait tourner l’effectif depuis le début de l’année. C’est peut-être plus dur pour nous les entraîneurs de faire des choix mais ça nous permet aussi de garder tout le monde sous tension toutes les semaines.
Cela veut dire qu’il n’y a pas de statuts dans l’équipe ?
Sportivement, quand on va arriver sur les matchs de phases finales, il n’y aura plus de statut. Alors forcément, il y a les statuts dus à l’ancienneté, aux sélections des joueurs, peut-être à la partie contractuelle même si ce n’est pas quelque chose qu’on prend réellement en compte. Dans cinq semaines, on mettra les joueurs les plus performants sur le terrain à l’instant T. Je pense que ça va permettre à certains jeunes joueurs, peut-être, ou joueurs moins expérimentés, d’être possiblement titulaires sans avoir une équipe type, ce qui n’a pas été le cas cette saison. C’est dû aussi aux blessures, c’est dû à la période des doublons lors de laquelle on a aussi des joueurs qui ont réussi à s’exprimer, à se montrer pendant les matchs de championnat. C’est une chose positive pour le club. Maintenant, il faudra faire les bons choix et surtout avoir la capacité à continuer à répondre en équipe. Ce que l’on fait bien en tout cas depuis plusieurs saisons.