La Maison Salvan, à Labège, présente du 21 mai au 5 juillet une exposition de la photographe Elisa Haberer, « 18h00 Anatomie de situations invisibles ». Une mise en lumière inédite et intime dans le quotidien des agents de propreté.
Le point de départ est une résidence d’artiste réunissant la photographe parisienne Elisa Haberer, une entreprise de Labège, PLD Propreté & Services et la Maison Salvan. Leur rencontre a donné lieu à une exposition inédite, programmée du 21 mai au 5 juillet dans les très beaux espaces du centre d’art. Sous le nom « 18h00 Anatomie de situations invisibles », elle présente les photographies et installations réalisées par Elisa Haberer durant sa plongée de plusieurs mois dans le quotidien de quelque 160 agents de propreté de PLD Propreté & Services.
L’artiste les a suivis sur leur lieu de travail, dans des hôtels, des parkings, des écoles, des banques ou encore des universités, à Bordeaux, Lyon et bien sûr Toulouse. Tous ces sites et décors, dépeuplés à leur arrivée, très tôt le matin ou à partir de 18h le soir, composent une fresque géante dont l’artiste a recouvert le mur d’entrée de l’exposition. Elle s’est intéressée aussi aux détails de leurs mouvements, révélés par des tables lumineuses, comme une radioscopie de leurs gestes maintes fois répétés. À partir de leur « paysage rêvé », Elisa Haberer a créé une image générée par l’intelligence artificielle et l’a imprimée sur des carreaux de céramique qui composent un grand nuancier coloré.
Part d’intime
« Pour cette exposition, je ne voulais pas tomber dans le cliché du portrait, en montrant seulement des gens au travail. J’ai souhaité aussi montrer une part d’intime », explique l’artiste. Dans une autre salle, habillée de plusieurs centaines de CV anonymisés, c’est le parcours de vie des agents que l’on découvre et une diversité de profils, très loin des stéréotypes. Ils viennent de partout, sont étudiants, retraités, en quête d’un revenu d’appoint, d’autres travaillent en couple ou entre sœurs, certains ont eu plusieurs métiers ou des diplômes non reconnus dans leur pays d’adoption… Mais tous ces travailleurs, invisibilisés par leurs horaires, ont en commun leur souci du « travail bien fait », le besoin qu’on respecte leur métier, difficile, souvent très physique. Certains marchent jusqu’à 15 km par jour, note Elisa Haberer.
« On a beaucoup parlé d’eux durant le Covid car ils étaient en première ligne mais depuis, ils ont le sentiment d’être tombés dans l’oubli. On se rend compte qu’on existe quand le travail n’est pas fait, me disent-ils souvent. » Par son travail et son approche, la photographe invite à poser un regard sur ceux qui nettoient derrière nous mais aussi sur nous-mêmes. « Qui dit propreté dit saleté, rappelle Elisa Haberer, dit aussi ce qu’on laisse derrière soi et pose la question du vivre ensemble ».