Après 47 ans sur les Allées Jean-Jaurès, Claude Malgouyard quitte la pharmacie des Champs-Élysées pour partir en retraite. Et une foule de souvenirs à raconter.
Il a 75 ans et une pêche contagieuse. Claude Malgouyard quitte ce vendredi la pharmacie des Champs-Elysées au 56 des allées après quarante-sept ans passés sur ce lieu, avant de devenir les ramblas « un nom impropre pour Toulouse » selon lui. Une remarque critique parmi d’autres pour ce Lotois, un peu grognon mais attachant, tombé dans la pharmacie après avoir rêvé d’être architecte.
« Un choix contrarié par mon père souhaitant que son fils reprenne la suite du cabinet de vétérinaire paternel, déplore-t-il. À l’époque, les enfants obéissaient aux désirs des parents. Alors j’ai démarré des études de vétérinaire mais raté le concours. J’ai alors bifurqué vers la pharmacie, un entre-deux de la médecine ». Claude a connu le Toulouse de 68. Il est d’ailleurs un étudiant révolté mais bosseur. En 1976, il décroche son diplôme de pharmacien et va durant deux ans exercer à l’Union comme pharmacien assistant avant de rejoindre la pharmacie du 76 allées Jean-Jaurès, alors située face à l’ex hôtel Pullman « un an après, l’officine fut démolie et j’ai été au 71 des allées jusqu’en 1996 avant de rejoindre la pharmacie des Champs Elysées au n°56 jusqu’à ce soir. Un nom donné par le maire de Toulouse Pierre Baudis qui adorait les Champs-Élysées ».
Les vignettes, Nougaro, Jacques Weber, Zazi et les autres
Après s’être marié à l’âge de 22 ans et être devenu papa à 23, Claude change de vie pour vivre sa jeunesse « oubliée ». Côté travail, il vit l’époque des vignettes collées sur les ordonnances « le tiers payant. La vaccination interdite par les pharmaciens puis autorisée avec le vaccin de la grippe « les gens achetaient moins de médicaments et privilégiaient souvent pour se soigner les remèdes « grand-mère ». L’ambiance des officines était familiale et résolument médicale. Sans le côté « supermarchés » où l’on « vend de tout ».
Claude l’admet : « Je suis un râleur un peu rétrograde » qui a accompagné beaucoup d’anciens au-delà de cent ans. « Un aspect du métier que je regrette aujourd’hui ». Il a aussi vécu les changements des allées, dont la disparition des commerces de proximité qui permettaient de mieux se connaître. Il se souvient aussi de personnalités venues lui rendre visite lors d’un passage sur Toulouse : »La gentillesse du comédien Jacques Weber, Zazie, chanteuse alors débutante, Serge Lama venu pour un mauvais rhume, Claude Nougaro ou Michel Boujenah souffrant d’un mal de gorge ». Aujourd’hui la retraite a sonné. Claude reste à Toulouse pour profiter de sa culture, de ses restaurants, du golf et de son petit café le matin au Cardinal. Il l’avoue : « Je ne suis pas nostalgique de partir. Le métier est devenu trop compliqué. Le contact humain a disparu. Cela ne me convient plus ». Il part tranquille. Sa collègue Emmanuelle reprend les rênes ». Comme lui, elle continuera à accueillir les publics fragiles : « C’est le rôle du pharmacien que d’aider ceux qui vont mal ».