À Plaisance-du-Touch, une boucherie halal a été la cible de messages racistes dans la nuit qui a suivi la fête de l’Aïd. Face à ces actes haineux, son gérant, Khaled Belhaj, choisit de témoigner publiquement, entre inquiétude et appel au dialogue.
Des traces de colle salissent encore l’une des portes vitrées de Tolosa Market. Juste à droite, sur l’un des murs de la boucherie halal de l’impasse Edmond Rostand, à Plaisance-du-Touch, un bout d’affiche reste impossible à retirer. Quelques lettres sont encore visibles. Avec les autres qui ont été arrachées, elles formaient le message raciste : « Les cochons en France, les Arabes dehors ».
Dans la nuit du vendredi au samedi et dans celle du samedi au dimanche, deux feuilles portant cette inscription ont été collées sur le commerce. « On a découvert la première le lendemain de la fête de l’Aïd. On était sous le choc. Le soir même, ces personnes récidivaient », raconte Khaled Belhaj, le gérant de l’établissement.
Cet homme de 39 ans au physique imposant a du mal à comprendre la motivation des auteurs de ce texte : « Notre nom, Tolosa Market, n’indique rien de communautaire. Nous travaillons uniquement avec des abattoirs français, et toutes les communautés fréquentent notre commerce. Alors oui, on est fiers d’être musulmans et Français, et nous n’avons pas à nous justifier. »
« Ces personnes dirigent leur colère dans la mauvaise direction… »
Il a enlevé la mention « halal » qui occupait une place importante sur la devanture. « Nous craignons pour la sécurité du personnel, de la boutique et de la clientèle, même si on sait que ces gens ne sont pas très courageux et agissent la nuit… »
Khaled pense que, derrière ces collages, se cachent ce qu’il appelle les « fachos fâchés ». Des personnes en colère, « qui dirigent leur colère dans la mauvaise direction », pense-t-il. Le commerçant souhaite dialoguer avec eux pour apaiser les tensions et leur faire comprendre que nous sommes tous le reflet de la France actuelle. « On ressent une tension et je pense que certains médias et des politiques en jouent beaucoup sans avoir conscience des répercussions qu’il peut y avoir… »
Ce n’est pas la première fois que Khaled est victime de racisme. Il avait installé des panneaux publicitaires entre Fonsorbes et Plaisance-du-Touch et entre La Salvetat et Colomiers. Ils ont été vandalisés, marqués d’une croix rouge. À l’époque, il avait choisi de ne pas porter plainte, préférant retirer ses panneaux, indigné.
Ce week-end, il a osé porter plainte et même poster des vidéos sur les réseaux sociaux afin d’alerter. Une enquête est en cours. Khaled souhaite que les auteurs soient identifiés. Et surtout, que la situation s’apaise. « Moi, je n’ai rien contre le cochon, je suis Français », ironise-t-il.