À Borderouge, quartier rime désormais avec tensions. Face aux trafics persistants, on abandonne l’idée d’un repas de quartier, un simple apéro devient un test pour raviver un espace public déserté.
« On aurait bien aimé faire un pique-nique avec les habitants et les commerçants, mais malheureusement, ce ne sera qu’un apéro, avec le mobilier fourni par la Ville et la participation de chacun. Ce n’est déjà pas si mal, compte tenu du contexte actuel. » Le ton est un peu las chez Bernard Cholet, président du comité de quartier Borderouge. Il aurait aimé suivre l’exemple de la Colombette, dont le repas de quartier, il y a quelques jours, a été un franc succès.
« Les initiatives sont compliquées à Borderouge, avoue-t-il. Le quartier, et notamment le Carré de la Maourine, est sous le contrôle des dealers, ce qui entraîne violences et poursuites, malgré les efforts de la Ville et les patrouilles incessantes de la police. On est à bout. Alors, le temps d’une soirée, on essaie d’oublier cette galère qui empoisonne notre quotidien. C’est un test. On va voir comment cela va se passer. »

Une place en apparence paisible, avec ses enfants jouant au ballon, heureux de profiter de l’extérieur. Une place équipée d’une ombrière, installée par la Ville il y a quelques années, pour s’abriter du soleil brûlant en période de canicule. Mais dès la nuit tombée, les choses basculent. « Ce n’est qu’une apparence, insiste Bernard Cholet. Le problème est aggravé par les difficultés du tissu associatif, fragilisé par les coupes budgétaires, ce qui freine toute initiative. C’est pour cela que l’on a préféré revoir nos ambitions à la baisse et transformer ce repas en apéro dînatoire. C’était plus simple. »

Une place sacrifiée
Les commerçants du Carré de la Maourine, eux aussi, sont à bout face à un trafic permanent. « On aurait aimé s’associer à cet apéro du 13 juin, confie l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. Mais comme beaucoup de mes collègues, je n’irai pas. La place est trop gangrenée. »
Un véritable paradoxe. « Plus la place sera occupée, plus le trafic se réduira, rappelle Bernard Cholet. Cela permettrait le retour des familles et des passants. L’absence de présence citoyenne laisse le champ libre aux trafics. » Il ajoute : « beaucoup d’habitants prennent d’ailleurs désormais leur métro à la Roseraie et non plus à Borderouge, car le trafic sévit aussi dans les stations. »