La soirée festive (et alcoolisée) a-t-elle tourné à la raclée, près de Toulouse ? Madame promet que non. Elle est tombée dans l’escalier. Et monsieur se déclare non violent. Ambiance.
Arrivé sur place vers 5 h 30 du matin, le Samu a alerté immédiatement les forces de l’ordre. 22 avril 2025, Élias, 29 ans, est interpellé à son domicile pour des soupçons de violences conjugales. Sur les photos prises par les enquêteurs, son épouse a « la tête déformée ».
Le couple passait une soirée festive (et alcoolisée) avec des amis. Soirée émaillée d’un premier passage aux urgences de la clinique des Cèdres, quelques heures plus tôt. « Madame était ivre, a essayé de franchir une clôture pour aller récupérer un ballon et s’est déchiré la main », relate Me Sarah Nabet Claverie, en défense. Son client comparaît détenu et nie toute forme de violences.
Pourtant certains témoignages font froid dans le dos. La présidente déroule. « Coups de poing répétés au visage, la victime a été frappée au sol à coups de pied, avant d’être jetée sur le palier. Vous lui auriez marché sur la tête avant de partir ». Dans le box, l’homme au tee-shirt rose réfute. Une dispute, des mots, pas plus.
« Je suis tombée dans l’escalier »
Comme dans un mauvais Boulevard, la victime présumée déboule alors dans la salle d’audience, sanglée dans une robe moulante façon working girl. Elle n’a jamais voulu déposer plainte. On l’invite à témoigner. Débit mitraillette.

« J’ai 26 ans, je suis maman, mariée et consciente. Je suis tombée dans l’escalier. S’il [m’avait] tapée, j’aurais été première à appeler police, à porter plainte, à demander son éloignement. J’ai jamais dit aux gendarmes que j’avais été frappée. Parce que je suis mariée à un Arabe, alors il me tape, c’est ça ? ». Un ange passe.
Aucune trace de sang dans l’escalier, des témoins qui se rétractent. Peur des représailles ? « En trois ans de détention, je ne me suis pas battu une seule fois », se défend Élias. La moitié des mentions à son casier concerne pourtant des faits de violences. La procureure se dit « atterrée ».
« Je suis intimement persuadée que madame couvre son mari avec force. Il aurait pu la tuer. Qu’elle ne se protège pas, c’est son problème, mais il y a un enfant de 3 ans au milieu de ces violences. Elle peut sourire, c’est dramatique. Jusqu’au jour où elle va mourir sous les coups de monsieur, car les violences sont inouïes dans ce dossier ». Elle réclame 4 ans ferme.
Clin d’œil complice ?
En défense, Me Nabet Claverie s’indigne. « Pour des violences conjugales contestées et sans ITT ? On marche sur la tête ». Elle démonte les témoignages parfois contradictoires. « Selon un voisin elle dit : j’ai été frappée. Selon un autre, elle dit : je suis tombée dans l’escalier. Mais on ne convoque que le premier à la gendarmerie ».
16 mois ferme avec maintien en détention. Et un suivi sociojudiciaire avec obligation de soins pour la violence, pendant trois ans à la sortie. En quittant le box, Élias adresse un petit clin d’œil à son épouse. Complice ?