En théorie, dès le 1er juillet, il sera interdit de fumer dans les lieux publics. La ville de Toulouse, qui attend l’arrêté gouvernemental, assure qu’elle remplira cette nouvelle mission même si « elle n’est pas prioritaire », explique l’élu métropolitain en charge de la sécurité et l’espace public Emilion Esnault.
Sale temps pour les fumeurs. Une nouvelle mesure va venir quelque peu perturber leurs mauvaises habitudes en ville. À partir du 1er juillet, en effet, la cigarette sera bannie des parcs et jardins publics, des abords des écoles, des abris de bus et des équipements sportifs, des plages. Les abords des collèges et lycées sont également concernés. Rappelons que cette mesure, sous l’égide du ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles vise à « renforcer la lutte contre le tabac et la protection des plus jeunes en instaurant notamment des espaces sans tabac ».
« C’est un peu exagéré dans un lieu public… »
Ce nouveau règlement suscite divers avis chez les Toulousaines et Toulousains habitués des jardins publics. Venue profiter d’un matin ensoleillé au jardin du Grand-Rond (Boulingrin), T confie Anne, qui a arrêté de fumer « il y a plus de quinze ans ». « C’est un peu exagéré d’interdire dans les lieux publics, si quelqu’un s’assoit à côté de moi et fume, je lui demande d’aller ailleurs et puis c’est tout. Ce gouvernement ne sait que réprimer, ne sait rien prévenir », se désole-t-elle.
« Un peu de tolérance est parfois utile »
Michel, qui fait son footing quotidien sur « recommandation de mon cardiologue », estime aussi que la mesure est « disproportionnée ». « J’ai arrêté de fumer il y a très longtemps, cela peut-être un peu gênant mais c’est grand ici à Boulingrin. Ce n’est pas là que le fumeur est le plus gênant. Un peu de tolérance est parfois utile. »
« Cela s’est fait sans concertation »
Mais comment faire respecter la mesure dans une ville de plus de 500 000 habitants ? « Encore une mesure gouvernementale, qui est sûrement très positive dans son intention de lutter contre le tabagisme passif, mais cela s’est fait sans concertation », raille le conseiller municipal chargé à Toulouse et à la Métropole des politiques de bonne tenue de l’espace public, de prévention de la délinquance, de sécurité et de tranquillité publique Police municipale Emilion Esnault. Les missions de prévention et répression sont confiées aux polices nationale et municipale et à la gendarmerie. Pour Emilion Esnaut, c’est une mission supplémentaire imposée aux policiers municipaux.
« La police municipale ne manque pas de travail… »
« La police municipale ne manque de charges de travail, poursuit-il. Elle fera respecter le règlement, mais sa priorité à Toulouse est la lutte contre la délinquance. On a plutôt confié cette mission de contrôle de l’interdiction de fumer dans les lieux publics à la brigade incivilités. » A quinze jours de l’entrée en vigueur de la mesure, la ville se retrouve quelque peu dans le flou. « Sur le principe de la temporalité, ajoute l’élu toulousain, cela pose question. Cela fait quatre ans que l’on demande que la police municipale puisse dresser des procès-verbaux pour les vols à la roulette, et on nous demande en quelques jours d’ajouter une nouvelle mission. »
Entre 4 000 et 5 000 amendes aux fumeurs
En moyenne à Toulouse, la brigade incivilités fait payer entre 4 000 et 5 000 amendes aux fumeurs qui ont la mauvaise habitude d’écraser leur mégot sur la chaussée. C’est 135 euros pour le contrevenant. « 90 % des jeunes commencent à fumer avant 18 ans. Afin de les protéger, prévenir les addictions, débanaliser la consommation », assure le gouvernement qui prévoit également des « mesures pour réduire le taux de nicotine autorisé dans les produits du tabac et du vapotage » et une « limitation stricte des arômes dans les produits de vapotage (arômes au goût de bonbon ou barbe à papa…) ». À noter que les terrasses des cafés et restaurants ne sont pas dans la liste, jugées comme « des espaces aménagés à cet effet ».