Le manager du Castres Olympique, Xavier Sadourny, sent un Stade Toulousain plus prêt que jamais, frais et piqué au vif, et qui s’apprête à défier un Bayonne qui n’a rien à perdre en demi-finale du Top 14 ce vendredi 20 juin à Lyon (21h05). Verbatim.
Une demie inédite en Top 14
« Ça du bien de la nouveauté ! Ça prouve aussi que ce championnat, même s’il est difficile, reste ouvert. L’ogre toulousain est toujours là, mais Bayonne est aussi récompensé de sa saison, qui a été régulière. On a une affiche séduisante avec deux équipes proposant des choses intéressantes. Peu de spécialistes parieront sur la victoire de l’Aviron, mais Toulouse aura la pression car il est attendu. Ça reste du sport. »

L’impact des absences de Cheikh Tiberghien et Baptiste Chouzenoux
« Les Bayonnais vont forcément perdre en homogénéité, en équilibre. C’est toujours mieux d’être à plein (sourire). Chouzenoux, c’est ton leader de touche, un profil aérien, très fort dans les couloirs. Tiberghien dispose, lui, d’un gros pied gauche, il est à l’aise en l’air, fort dans les duels. Il a livré une superbe prestation en barrage contre Clermont, en dépit des conditions climatiques délicates. C’est un joueur déterminant et rassurant. Bayonne perd là deux pièces maîtresses. Ce qui fait la force des équipes comme Toulouse, c’est que dans ce genre de cas, l’effectif est assez riche pour remplacer le joueur forfait. Bayonne, ça pourrait être préjudiciable car il y a moins d’expérience. Autant devant, Arthur Iturria peut prendre le lead en touche, autant derrière, c’est plus dommageable. »
Le Stade moins à l’aise dans ses sorties de camp ?
« Je ne sais pas si on peut dire qu’elles sont difficiles. Mais quand tu perds Dupont, le meilleur au monde dans ce domaine, qui a les deux pieds, de la longueur, de la précision, c’est forcément moins bien. Néanmoins le Stade a d’autres cordes à son arc avec Graou, peut-être est-ce aussi à Ntamack de prendre plus de responsabilité au pied. Je vois plus ça comme un équilibre à trouver qu’une défaillance. Et rééquilibrer, ça prend du temps. »
La fraîcheur des Stadistes
« L’élimination en demies de Champions Cup et le fait d’avoir évité les barrages en Top 14 ont permis aux Toulousains de se régénérer, physiquement et mentalement. Leurs joueurs, notamment les internationaux, enchaînaient beaucoup. Souffler leur a aussi donné la possibilité de voir ce qui fonctionnait ou fonctionnait moins. Pendant ce temps, ils ont aussi pu ruminer leur frustration de la Champions Cup, bien préparer ces phases finales. Ils sont dans leur bulle, prêts à montrer que ce sont eux les meilleurs. On connaît leur état d’esprit de compétiteurs et, à mon sens, ils seront encore plus dangereux que d’habitude. »
Les diagonales de Camille Lopez
« Il le faisait à Clermont, et avant ça à Perpignan. Il a la lecture pour le faire, et ses ailiers prennent beaucoup la largeur. Camille maîtrise ce geste technique, il est très efficace dans la zone des 40-40 (entre les deux lignes des 40 mètres, ndlr). Il le fait tellement bien que c’est très difficile à défendre. Il faut surveiller la prise d’espace des ailiers basques, et/ou mettre une grosse pression sur le pied gauche de Camille, mais il est très rapide dans son exécution. L’autre solution est de priver les Bayonnais de ballon (rires). »
Le Stade est-il moins fort que l’an dernier ?
« Je pense surtout que leur saison ne leur convient pas actuellement, notamment avec cette élimination contre l’UBB en demies de Champions Cup. Perdre l’un des meilleurs joueurs du monde a aussi un impact. Mais ça peut être un mal pour un bien car d’autres joueurs peuvent prendre la place, sans parler uniquement de Graou. D’autres leaders peuvent émerger. Tout ça rendra les Toulousains encore plus délicats à jouer dans les prochaines saisons. Et puis, il ne faut pas oublier que c’est un effectif qui a énormément enchaîné ces trois-quatre dernières années. Tu es logiquement émoussé. Mais là, je pense qu’ils vont être très difficiles à accrocher en cette fin de saison. »
Les armes des Bayonnais
« Ils ont un joueur exceptionnel, Sireli Maqala, qui franchit le plus, casse le plus de premiers plaquages. Il peut les mettre sur orbite, ou faire douter les Toulousains. Les Basques possèdent eux aussi un bel état d’esprit qui peut être renforcé s’ils sentent qu’il y a un truc à jouer, ou que deux-trois fulgurances les lancent. Ils ont aussi deux très bons buteurs, avec un jeu au pied très long. Ils ont une solide conquête, et n’ont surtout rien à perdre. »