Le conseil municipal de Toulouse s’est ouvert, vendredi 20 juin, dans une ambiance électrique. À moins d’un an des élections municipales de mars 2026, les accusations de dérives électoralistes et de détournement de fonds publics ont été formulées avec force par plusieurs élus d’opposition. Le maire Jean-Luc Moudenc leur a répondu, en personne.
Le conseil municipal de Toulouse se tient dans une atmosphère tendue. Une manifestation des associations liées aux baisses de subventions se tient notamment devant le Capitole. Dans le contexte des différentes mises en cause de la mairie, mais aussi de l’opposition, une passe d’armes a eu lieu dès le début du conseil.

François Briançon (PS) a été le premier à attaquer, dénonçant un usage massif et selon lui excessif des moyens de la collectivité à des fins électorales.

« Vous instrumentalisez la démocratie locale pour des consultations de façade, des enquêtes d’opinion opportunistes, et une communication omniprésente à votre gloire », a-t-il déclaré, évoquant des lettres, des sondages, et des publications municipale à visée politique. « Partout, dans le métro, les commerces, les services publics… les Toulousains sont bombardés de communication pro-Moudenc. »
Un dossier judiciaire agité par LFI
Maxime Le Texier (groupe AMC, Archipel Citoyen / LFI) a ensuite pris la parole pour évoquer le dossier mettant en cause l’entourage du maire, concernant la campagne municipale de 2020.
« Douze collaborateurs du cabinet municipal auraient travaillé pour votre campagne électorale en 2020 pendant leur temps de travail, en pleine conscience de l’illégalité, cachant leur activité sous des pseudonymes comme Concorde ou Cujas », a-t-il affirmé.

Il a aussi évoqué les dépenses publiques de communication (notamment une étude IFOP estimée entre 135 000 et 220 000 euros par an, ou une campagne de communication globale autour du mandat estimée à 500 000 euros), dénonçant une gestion au service du pouvoir sortant, en période de tensions budgétaires.
Les écologistes saisissent la justice
Antoine Maurice, pour le groupe écologiste, a déclaré avoir saisi le procureur de la République au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, pointant un possible usage électoral de fichiers internes de la collectivité.

Il a également reproché au maire une « absence de transparence » et rappelé des attaques personnelles subies lors de la campagne de 2020 : « Vous m’avez traité de mauvais perdant. Peut-être étiez-vous alors simplement un très mauvais gagnant. »
Moudenc contre-attaque : « Un acharnement politique »
Pierre Esplugas-Labatut, porte-parole de la majorité, a d’abord pris la parole pour défendre l’exécutif. Il dénonce « un festival d’outrances et d’accusations gratuites », et accuse l’opposition de sombrer dans le populisme.
« Tout ce qui est excessif est insignifiant », a-t-il lancé, appelant à revenir à un débat « digne et respectueux ».
Le maire Jean-Luc Moudenc a également pris la parole pour répondre lui-même à ces accusations. Dans un discours grave, il a dénoncé un climat de suspicion systématique et une volonté délibérée de nuire à sa personne et à son action.

« À force de vouloir dangereusement rabaisser le niveau du débat, vous contribuez à aggraver la crise démocratique qui affaiblit notre nation. »
« On tente de me faire passer pour celui que je ne suis pas »
Il a évoqué une stratégie concertée menée selon lui par certaines forces politiques, des « médias militants » et une association autoproclamée « inquisitrice », visant à remettre en cause son intégrité de manière répétée :
[#CMToulouse] Que ceux qui veulent m’abattre soient avertis de la force de ma détermination et, aussi, de ma sérénité. pic.twitter.com/zta8gYWmmN
— Jean-Luc Moudenc (@jlmoudenc) June 20, 2025
« On tente de me faire passer pour celui que je ne suis pas, y compris en utilisant les agents ou anciens agents de la collectivité, sans aucun égard pour eux ni pour leurs proches. »
Il a rappelé que toutes ses actions étaient « menées dans le respect des lois, des règlements et des valeurs de la République », et a dénoncé une tentative de détourner l’attention du débat démocratique :
« L’approche de l’échéance électorale donne un nouveau souffle à cet acharnement ancien, que ce soit à propos de mon emploi au ministère de l’Économie ou de la campagne municipale de 2020. »
Enfin, Jean-Luc Moudenc a tenu à distinguer les élus de l’opposition, tout en s’en prenant à ceux qu’il accuse d’aller trop loin :
« Ceux qui reprennent à leur compte des accusations complotistes et outrancières font le pari dangereux d’une politisation de la justice et d’une judiciarisation de la vie démocratique. »
Enquêtes IFOP : Nicolas Misiak défend un « outil d’évaluation, pas électoral »
Lors des propos liminaires, François Briançon (PS) et Maxime Le Texier (LFI) ont vivement critiqué la majorité, l’accusant d’utiliser l’argent public pour tester l’opinion avant les élections. Face à ces attaques, Nicolas Misiak, élu en charge de l’évaluation des politiques publiques, a fermement défendu la légitimité de ces enquêtes, en marge du conseil municipal. « Il n’y a rien de nouveau là-dedans. Ces marchés existent depuis 2008. Ce sont des études d’évaluation des politiques publiques. Nous sommes au quatrième marché pluriannuel. »
L’élu a rappelé que ces sondages ont pour objectif de mesurer la satisfaction des habitants sur des sujets très concrets, comme la propreté, l’accueil dans les services publics ou encore les transports. « Dire que c’est pour préparer la campagne, c’est détourner complètement le sens du marché public. Le titre est clair : il s’agit d’un état des lieux des politiques publiques, pour hiérarchiser les enjeux exprimés par les habitants. »
Pour le prochain contrat (2025 – 2029), IFOP a de nouveau remporté le marché, pour 135 000 € par an. Nicolas Misiak précise toutefois que « aucune enquête n’est prévue pendant la période électorale », conformément aux règles en vigueur.« Il n’y a rien de tendancieux. Juste un marché public très clair, consultable par tous », conclut Misiak. « Je n’avais pas prévu de devoir me justifier là-dessus, tant c’est transparent. Mais je vais écrire un courrier de réponse pour clarifier les choses auprès de ceux qui ont mis en cause ce travail. »