Le manager toulousain Ugo Mola s’est exprimé après la victoire de ses joueurs face à Bayonne en demi-finale de Top 14 (32-25). Et s’il s’est montré satisfait par l’engagement des siens, il reste néanmoins sur sa faim, « rugbystiquement » parlant.
Ugo, on a vu un Stade Toulousain très très loin de ses standards…
Ça, ça va être votre avis, pas le mien. Pas sur l’engagement, pas sur la capacité à… (il se coupe) Je crois que, à force de sous-estimer les adversaires, et à commencer par Bayonne, qui, en plus de mériter sa place cogne très très fort. Ce n’est pas le fait du hasard qu’une équipe comme celle-ci soit invaincu à domicile. Ils ont des arguments et à force de les rendre petit, tu dénatures ou tu dénigres la performance du soir, je peux t’assurer que ça a cogné. Après, oui, ce match était haché, haché par manque de rythme, haché par des petites fautes et des petites scories qui nous mettent un petit peu en difficulté, mais des deux côtés, parce qu’on n’a jamais été réellement en danger par le rugby proposé par Bayonne. Par contre on a été en danger sur l’indiscipline d’entrée, je t’aurais dit oui, j’aurais été obligé d’abonder dans ton sens. Autant sur l’engagement et en tout cas ce sur quoi j’avais besoin d’avoir des réponses, on a eu des réponses. Cogner, on a été présents et je ne te cache pas que ça faisait quand même deux mois qu’on ne cognait pas trop. Donc ça, c’est plutôt bien.
Tout n’a pas été parfait non plus…
Oui, le match est loin d’être abouti, c’est une demi-finale – qui ne devrait pas être télévisée du coup (sourire). C’est un match qui est… Je pense que sur les sur les cinq demi-finales qui m’ont permis d’aller en finale je crois qu’une seule a été réellement aboutie sur le plan du jeu. Je vous rappelle qu’on le gagne derrière sur un exploit de Romain Ntamack et on prive la Rochelle d’un doublé grandement mérité sur ce match-là. Il faut savoir aussi se regarder accepter, travailler. Et c’est vrai que mes inquiétudes sont évidentes sur le fait qu’il fallait retrouver du rythme dans un contexte assez incroyable. Franchement c’est chouette le rugby comme ça quand il y a un public comme ça quand il y a deux publics comme ça quand les gens se respectent quand honnêtement les équipes se respectent c’est quand même notre sport qui doit sortir grandit.
Justement, avec un match comme ça, est-ce que ce n’est pas plus facile de préparer le suivant ?
Sur la discipline, c’est évident. On fait vraiment un match… Surtout les gros joueurs. Donc je vais prendre le temps d’appeler Fabien Galthié pour savoir ce qu’il leur dit pour ne pas faire de fautes à haut niveau. Nous, nos gros joueurs ont fait des fautes évitables. La chance qu’on a aujourd’hui c’est que c’est réciproque et que Bayonne a fait aussi beaucoup de fautes. Ça a été un match haché par le nombre de pénalités, et ça a été un match âpre, je vous promets que sincèrement ça a cogné, j’ai pu voir quelques Bayonnais en sortant, c’est un match qui a été dense sur le plan physique, pas abouti, je me répète, sur le plan rugbystique.
Vous avez tapé au pied toutes les 2,5 passes sur ce match, ce n’était pas du tout l’habitude de la fin de saison. Est-ce que la recette voulue, c’était d’être plus restrictif ce soir pour l’emporter ?
La recette, c’était d’être capable de mettre Bayonne sous pression et de les obliger à s’exposer un peu. Malheureusement, ils ne se sont pas trop exposés. Mais il n’empêche que l’aller-retour et les échanges de jeu au pied ont quand même été plutôt à notre avantage. Quand vous voyez la qualité de Joris Segonds sur son jeu au pied, je crois qu’il a eu à peu près 5 ou 6 pénalités à taper quasiment au même endroit ou dans la même zone. Et c’est très souvent des fautes plus qu’évitables, notamment sur la première mi-temps. Mais c’était difficile notamment à cause des conditions, la chaleur ce n’était pas simple. […] Nous, notre banc n’a pas amené comme on l’espérait, mais dans tous les cas, on a répondu présent sur le fait d’être en face.
Gregory Patat nous disait qu’avec l’expérience de ton équipe il avait senti une sorte de maîtrise sur ce match. Avez-vous eu le même sentiment ?
Chaque fois qu’on était à portée de fusil on a remarqué assez rapidement. Donc oui. Et puis au moment où on prend les deux marques autour de la 70ème le match est plus ou moins plié. Souvent ce qui nous permet de tuer les matchs c’est notre rugby et mettre les équipes à mal en multipliant les temps de jeu. Là, le match ne s’est pas prêté à ça. Et donc, on a de la marge… On sait ce qu’on a à travailler pour la semaine prochaine. On va attendre de voir quelle va être notre adversaire. On va attendre de voir aussi comment ils vont assumer ces conditions et se préparer pour jouer une troisième finale d’affilée. Ce n’est pas neutre. Franchement, mes admirateurs vont encore me reprendre sur le sujet mais on a vécu une saison en enfer. Oui on est meilleure attaque, oui on est meilleure défense, oui on a fait un rugby abouti. Mais on a vécu une saison en enfer. En enfer en termes de blessure, en enfer en termes de situation complexe à gérer… Être en finale de cette saison-là, avec ce qu’il s’est passé, pour plein de raison, c’est la performance d’un groupe qui n’a pas lâché, qui est résilient.