Un mois après avoir conquis l’Europe, le club girondin s’est donné le droit de rêver du doublé et surtout d’un premier Brennus en étrillant Toulon pour le remake de la dernière finale face à Toulouse.
L’histoire est bien faite. Un an après l’humiliation marseillaise, le rendez-vous tant attendu entre le premier et le deuxième de la phase régulière aura bien lieu, à Saint-Denis cette fois-ci. Car actuellement, Toulouse et Bordeaux-Bègles évoluent bien un ton au-dessus de tous les autres. À l’échelle nationale comme continentale. Ce ne sont pas les Toulonnais, écartés de la Champions Cup à Mayol par les Stadistes en avril qui diront le contraire, fiévreux hier soir (un bon 39…) dans un Groupama Stadium tout aussi étouffant que la veille.
Dans un premier temps, les deux équipes se sont pourtant beaucoup jaugées, en se lançant notamment dans la bataille de l’occupation. Ce qui ne les a toutefois pas empêchées de tenter quelques coups sur les extérieurs, histoire de voir… Et au petit jeu de celui qui serait le moins frileux, on a vu que l’UBB n’offrait pas forcément toutes les garanties, transpercée trois fois sur la largeur lors du premier acte, ce qui n’aura assurément pas échappé à Ugo Mola et son staff.
Le RCT rate le coche
Par Jaminet (9), Tuicuvu (24) et surtout Garbisi, qui a permis au RCT de rester dans la course à la pause. Un peu en dilettante sur la dernière action du premier acte, née d’un contact entre Depoortere et l’un de ses avants, Jalibert a laissé un boulevard à son homologue italien, qui offrait à Fainga’anuku l’essai de l’espoir (10-15, 40 + 1).
Car jusqu’alors, à l’inverse de leurs hôtes qui avaient vendangé leurs plus grosses occasions devant l’en-but (en-avant de Ribbans, 35 ; ballon non aplati après avoir formé un ballon porté après une pénalité jouée à la main, 36), les Bordelais avaient malgré tout donné l’impression de maîtriser leur sujet. Profitant de l’indiscipline des Varois, ils n’ont pas eu froid aux yeux au moment d’aller chercher des touches pour convertir en essais leurs temps forts. Une option gagnante à deux reprises sur des retours côté fermé, grâce à la tonicité de Depoortere (8-3, 19) et la puissance de Lamothe (15-3, 27).
Alors que l’UBB avait décidé de réattaquer très fort le second acte, le talonneur ne tardait d’ailleurs pas à inscrire son doublé, au bon endroit au bon moment pour punir une défense toulonnaise un peu trop attentiste (22-10, 45). Ne souhaitant pas s’affoler, le RCT a voulu revenir peu à peu dans le match mais Jaminet, qui a soufflé le chaud et le froid, a raté le cadre (48). Lorsque Lucu a trouvé un 50-22 très limite qui a permis de ramener le danger dans le camp « rouge et noir », provoquant dans la foulée le carton jaune de Halagahu pour un en-avant volontaire (50), on a compris qu’il n’y aurait pas grand-chose à faire pour détourner l’UBB de son objectif de doublé.
L’échéance à peine retardée (essai refusé, 51 ; drop manqué de Jalibert, 52), Penaud, bien servi par une diagonale de son ouvreur (53) et Lamothe (55) pour son premier triplé en carrière – il avait déjà inscrit un doublé en demie – ont plié le match en deux actions (36-10). Face à des adversaires dépassés et pas loin d’être résignés, il n’y avait alors plus qu’à gérer et surtout ménager les hommes forts pour éviter tout pépin inutile. Si Tuicuvu (63) et Gigashvili (80) ont permis de sauver un semblant d’honneur au score, le mal était fait pour les Toulonnais. Qu’on se le dise, les Bordelais, que les Toulousains avaient fait passer pour des marcassins au Vélodrome, sont devenus moins d’un an après de vrais sangliers. Et, totalement décomplexés après avoir fait sauter un à un les verrous qui les bloquaient, ils semblent bien décidés à régner.