La ville de Plaisance-du-Touch, dans l’Ouest toulousain, a été condamnée jeudi à verser 20 millions d’euros de dédommagements aux promoteurs du centre commercial Val Tolosa. Consterné par la décision de justice, le maire annonce interjeter appel de la décision du tribunal administratif.
C’est une décision de justice perçue comme une douche froide dans cette ville de l’Ouest toulousain. La justice impose à la mairie de Plaisance-du-Touch près de 20 millions d’euros d’indemnisation à la société PCE, filiale d’Unibail-Rodamco-Westfield, le promoteur immobilier du centre commercial en projet « Val Tolosa ». Une somme correspondant à « la perte supposée de la valeur des terrains suite à l’annulation du projet ».
Cet immense projet de zone commerciale est mort-né, après plus de vingt ans de tractations et un jugement défavorable à la construction du lieu, survenu en décembre 2022. La ville, condamnée jeudi par le tribunal administratif de Toulouse, dénonce par la voix du maire Philippe Guyot « une décision injuste à l’encontre de notre commune ».
À Plaisance, le verdict du tribunal administratif est très mal vécu par les élus car 20 millions d’euros, cela représente près de la totalité du budget annuel de la municipalité. Selon Philippe Guyot, ce délibéré « frappe injustement une commune de 20 000 habitants, alors même que le projet porté par le groupe Unibail-Rodamco-Westfield, mastodonte du CAC 40, a été stoppé à plusieurs reprises par la justice pour des raisons environnementales, indépendantes de notre volonté ».
Un projet gigantesque
Plus de 63 000 m² de surface exploitable, un hypermarché, de nombreuses boutiques périphériques… Le projet « Val Tolosa », aux dimensions inédites dans la région, visait à devenir un centre commercial emblématique. Vivement critiquée, l’installation d’un tel ensemble commercial suscitait de fortes oppositions à Plaisance-du-Touch et ses alentours depuis près de 20 ans, avant que le Conseil d’État n’enterre le projet fin 2022.

Les opposants au projet du centre commercial, que l’on baptisait « Portes de Gascogne » à ses débuts, se disent « sous le choc » de la décision du tribunal administratif. « À travers cela, ce sont les contribuables de Plaisance-du-Touch que l’on force à payer », renchérit Pascal Barbier, élu d’opposition dans la ville de l’Ouest toulousain et opposant à « Val Tolosa ».
La mairie interjette appel
Refusant d’assumer seule cette charge colossale, la ville conteste la décision. Sitôt la décision connue jeudi, le maire de Plaisance-du-Touch – candidat à sa réélection – a fait appel du jugement. Avec également « une demande de suspension d’exécution, pour éviter une mise en danger financière de notre collectivité, qui agit dans l’intérêt général et non pour le bénéfice d’une multinationale ».
Estimant que la ville du Grand ouest toulousain n’a pas à assumer seule « les conséquences économiques de l’annulation d’un projet privé », Philippe Guyot refuse la résignation dans ce dossier. « Je défendrai notre commune jusqu’au bout », annonce l’élu.
Désormais, se pose la question de l’aménagement du plateau de la Ménude, dont une partie n’est plus artificialisable suite aux décisions de justice concernant « Val Tolosa ». Activités commerciales, industrielles, ou bien réserves naturelles ? L’avenir de la Ménude va se décider dans les prochains mois… et à coup sûr s’immiscer dans les débats des élections municipales.