Une femme martyrisée, insultée, battue, violée, a fui avant de déposer plainte. Longtemps, l’accusé a nié avant d’admettre devant ses juges et de demander pardon, en larmes.
« Rien ne justifie ce qui s’est passé. Rien. Pardon. Pardonne-moi ! »
Dans le box de la cour criminelle, ce mardi après-midi, Julien s’effondre. Cet homme pleure devant sa mère, assise au premier rang, devant ses frères aussi. Un peu plus loin, une femme entend enfin ce qu’elle attend depuis plus de deux ans.
« Oui je suis avocate. Oui je suis avertie. Oui je sais et pourtant j’ai subi tout ce que j’ai dénoncé », répète cette femme, regard droit. Inscrite au barreau de Toulouse, mariée, cette mère a vécu une année d’enfer auprès du père de ses deux enfants. Un pasteur évangéliste incapable de pardonner une nuit d’infidélité qui, sans cesse, demandait réparation. Injures, menaces, surveillance perpétuelle, fellations sous la contrainte…
La victime a fini par fuir, loin, et s’est tournée vers la justice. Le 6 mars 2023, elle a déposé plainte en région parisienne. Le 8 mars, le suspect a été arrêté, mis en examen puis incarcéré. Longtemps, il a nié. Encore lundi, au premier jour de son procès à Toulouse, il tergiversait.
Sous emprise
« Après deux ans et demi d’instruction, de recherches, de soupçons, il a fallu attendre les 20 dernières minutes de cette audience pour enfin savoir », déplore Me Sylvain Delorge, avocat de la victime. À ses côtés, Me Julie Bauchy décrit cet « état d’emprise » subit par la victime. » Elle a été humiliée, agressée psychologiquement et physiquement, violée, puis, après ses dénonciations, a continué à affronter les doutes et les soupçons. Insupportable. Elle attend de vous que vous mettiez fin à ce calvaire. »
Autour de la présidente Dominique Coquizart, quatre magistrats professionnels. Et l’avocate générale Lisa Bergereau les prévient : « Les faits reprochés sont établis sans l’ombre d’un doute ! » Cet accusé, physique de déménageur dans un polo blanc, l’accusation le décrit comme « un rouleau compresseur ». Qui impose, réclame, humilie, frappe, viole. L’avocate générale requiert dix ans de prison et un long suivi sociojudiciaire.
Une peine contre laquelle la défense bataille. Me Mohamed Djema, qui a longtemps réclamé le dépaysement du dossier, et Me Franck Berton, s’appuient sur les aveux pour justifier une prise de conscience. Et une peine moins lourde.
La cour s’est retirée à 19 heures pour délibérer. Verdict dans la soirée.