Un incendie criminel a visé un local commercial à Villemur-sur-Tarn. Le mot d’ordre : empêcher l’arrivée d’un concurrent. Un couple de boulangers est en garde à vue. Coup monté ou coïncidence explosive ?
Une méthode radicale, aux allures de mafieux siciliens, aurait été employée à Villemur-sur-Tarn, au nord de Toulouse. Un couple de commerçants de la commune est actuellement en garde à vue, soupçonné d’avoir brûlé puis fait exploser un commerce et un local destiné à accueillir un concurrent.
« La nuit du 5 au 6 mars, un violent incendie s’est déclenché au 1 avenue Michel Rocard », relate Jean-Marc Dumoulin, le maire de la commune. Ce soir-là, une pizzeria, un assureur et un local vide ont été ravagés par les flammes. « Des bouteilles de gaz ont été retrouvées à l’intérieur du local. Les propriétaires et anciens locataires avaient pourtant tout vidé. Évidemment, quand le feu a pris, tout a explosé. Les dégâts sont colossaux », témoigne Olivier, un habitant bien renseigné. L’acte volontaire a très rapidement été suspecté par les victimes.
Depuis cette date, le parquet a ouvert une enquête. Les forces de l’ordre tentent de reconstituer le scénario le plus probable. La piste accidentelle a été rapidement écartée. Plusieurs indices ont conduit les enquêteurs à privilégier la thèse d’une attaque organisée. Reste à comprendre le motif. La préparation minutieuse évoque une intention délibérée de destruction.
Des preuves suffisantes ?
Au fil des semaines, les unités de recherches ont appris qu’un magasin bio venait de quitter la zone. Le propriétaire des lieux envisageait alors d’y installer une boulangerie dynamique, susceptible de revitaliser le quartier grâce à un espace d’environ 100 mètres carrés.
Les soupçons se sont donc tournés vers d’autres professionnels du secteur, peut-être réticents à l’idée d’un nouvel arrivant. Un couple de boulangers, implanté à Villemur-sur-Tarn depuis 2018, a rapidement été visé. Leur établissement, qui emploie une dizaine de salariés, propose une offre classique de boulangerie et de petite restauration. « Le commerce semblait bien fonctionner », estime le maire, tout en appelant à la prudence. Ce succès apparent pourrait toutefois être relativisé, selon les éléments collectés par les services d’enquête.
Une perquisition devant les clients
L’homme de 46 ans et son épouse ont été interpellés ce mardi matin. La perquisition, observée par de nombreux clients, a attiré l’attention en fin de matinée.
Assistés par leurs avocats, les suspects devraient être interrogés jusqu’à mercredi. Les forces de l’ordre ont-elles assez de preuves pour les faire craquer ? La procédure est suivie de près par les victimes, très pénalisées financièrement depuis le 6 mars.