Au Stade de France, le troisième ligne anglais Jack Willis, leader de combat des « rouge et noir » avec son énorme abattage et sa capacité à gratter les ballons, tiendra un rôle primordial dans la quête du triplé, ce samedi 28 juin en finale du Top 14 (21h05), où le Stade Toulousain retrouve l’Union Bordeaux-Bègles pour la revanche de 2024.
Plus qu’un exemple, un guide. Au moment de livrer face à Bordeaux-Bègles un combat s’annonçant titanesque, celui-là même qu’il avait allègrement perdu en demi-finale de Champions Cup il y a bientôt huit semaines, le Stade Toulousain sait qu’il pourra compter sur Jack Willis (28 ans) pour tenter de relever le défi. Avec sa faculté à rapidement apprendre le français et son investissement démesuré sur le terrain, l’international anglais (15 sél.) s’est fondu dans le moule « rouge et noir » à vitesse grand V (comme vaillant), au point d’en devenir un des leaders de combat. Un capitaine pendant les doublons, aussi. Et un chouchou d’Ernest-Wallon, forcément.
Lorsque les Wasps ont fondu les plombs à l’automne 2022, les dirigeants stadistes ont eu le nez creux en attirant celui qui n’a depuis cessé d’étendre son bail dans la Ville rose, où il a prévu de rester jusqu’en 2029. Quitte à renoncer, en sa qualité d’expatrié, au XV de la Rose, avec lequel il n’a plus la possibilité d’évoluer depuis le Mondial-2023. « Nous sommes vraiment très heureux dans notre vie de famille ici, on se sent très bien, raconte-t-il. Et en tant que joueur, c’est vrai que lorsque l’on est en équipe nationale avec l’Angleterre, il y a une très grosse pression. Aujourd’hui, je ne peux plus y jouer, je peux donc me concentrer uniquement sur mes performances avec Toulouse. C’est un sentiment différent. »
Oublié par les Lions
Comme Blair Kinghorn, son coéquipier écossais, il aurait pu être du voyage en Australie, où les Lions britanniques et irlandais disputent cet été leur tournée quadriennale. Au cas où, il avait même décalé en août son mariage prévu en juillet mais il restera le grand oublié de la liste d’Andy Farrell. Pourtant, vendredi dernier à Lyon, il fut encore dans tous les points chauds, avant de sortir de l’arène rouge comme un coq, le visage marqué par la nouvelle bataille menée, notamment dans les rucks. Avec une action illustrant à merveille son tempérament : un grattage (trois au total) immédiat sur le renvoi de la pénalité du 13-12 qu’il avait concédée à la demi-heure de jeu. Un domaine dans lequel le troisième ligne excelle, lui qui est le meilleur gratteur du Top 14 avec 30 ballons chipés aux attaques adverses, loin devant les 19 de son dauphin bayonnais Facundo Bosch.
« J’ai beaucoup progressé aux côtés de ‘‘Juju’’ (Marchand) qui est incroyable. Le grattage, c’est quelque chose qui me donne de l’énergie. Je veux faire la meilleure chose pour l’équipe et si je prends un contest, je suis content », explique-t-il. Un altruisme non feint, comme fin avril, lorsqu’il avait reconnu être « honoré » de sa nomination parmi les huit meilleurs joueurs de la saison de Champions Cup mais que « beaucoup d’autres ici le méritaient aussi ».
Il n’empêche, en 63 matchs joués sous le maillot « rouge et noir », le flanker a sacrément élargi sa palette : »J’ai beaucoup progressé dans mon jeu avec ballon. On a eu énormément de discussions avec mon père au sujet de mon jeu. Et on a bien ri car lorsque j’étais aux Wasps, mon rôle était seulement de garder le ballon, je ne pensais jamais à regarder où étaient placés mes coéquipiers pour le faire vivre ou à faire une passe après contact par exemple. Mais ici, comme c’est notre façon d’attaquer, c’est devenu automatique, je regarde avant tout ce que je peux faire pour que l’équipe continue de jouer en mouvement. J’ai vraiment travaillé dur sur ces compétences en arrivant. »
« Quand j’étais jeune, j’étais prêt pour le match le mercredi et j’étais fatigué quand on arrivait à samedi ! »
Demain, à une heure bien éloignée des habitudes qu’il avait outre-Manche – « Avant d’arriver ici, je jouais à 15 heures le samedi ou le dimanche ; normalement, je dors à 21 heures ! », Willis aura tenté, malgré l’enjeu, de garder un maximum d’influx. « Honnêtement, je fais les mêmes préparations pour chaque match. Quand j’étais jeune, j’étais prêt pour le match le mercredi et j’étais fatigué quand on arrivait à samedi (rires) ! Je ne veux pas être trop sérieux trop tôt. »
Que se passera-t-il dans sa tête, au moment où il s’engagera dans le couloir des vestiaires du Stade de France ? « Tu commences à penser aux choses que tu vas faire et aussi à te concentrer afin de mettre en place le bon mental pour le combat que tu vas livrer sur le terrain. C’est différent si on reçoit ou si on tape, mais tu veux toujours bien commencer. » Titulaire lors des trois finales qu’il a disputées depuis son arrivée, cela s’est jusqu’à présent toujours bien terminé.