Ils sont manuscrits ou dactylographiés et peuvent être écrits dans des cahiers d’écoliers ou sur des feuilles volantes imprimées d’un mail. Depuis le 30 avril, les cahiers de doléances, issus de la crise des Gilets jaunes en octobre 2018, sont consultables par le grand public aux archives départementales de la Haute-Garonne, à Toulouse.
Après le grand débat décidé par Emmanuel Macron, les citoyens avaient couché sur le papier leurs propositions pour améliorer leur quotidien et la société. Au septième étage de l’immense bâtiment des archives, les cahiers de doléances récoltés dans les communes du département, via la préfecture, représentent 28 boîtes en carton, soit 2,2 m de linéaire.
« Nous les stockons depuis mars 2019 mais, depuis la parution du décret au Journal officiel, tout le monde peut les consulter dans notre salle de lecture, sur simple présentation de la carte d’identité, explique Zoé Dureau-Manéra, directrice adjointe aux archives départementales de la Haute-Garonne et cheffe du service public et conservation. Ils sont classés par ordre alphabétique et par commune. Nous n’avons pas toutes les villes de Haute-Garonne car certains cahiers ont été envoyés aux députés ou au Grand débat : par exemple, nous n’avons pas ceux de Toulouse. »
« Un service spécial d’honnêteté pour contrer l’évasion fiscale »
Au fil des pages, les citoyens y expriment leurs préconisations économiques et sociales, leurs demandes de changement politique. Dans le cahier du village d’Estancarbon, petit village du sud de la Haute-Garonne, un contributeur réclame « une revalorisation des pensions de retraite, la baisse de la CSG et un réel service public de santé ».
Certaines doléances sont argumentées, d’autres auteurs préfèrent dresser un inventaire à la Prévert. Dans les contributions reçues par la ville de Cugnaux, près de Toulouse, un habitant demande « un service spécial d’honnêteté pour contrer l’évasion fiscale ». Baisse des avantages et du salaire des anciens présidents de la République et des ministres, reconnaissance du vote blanc, suppression du Sénat, référendum d’initiative citoyenne, partage des richesses équitable ou inéligibilité des politiques en cas de condamnation sont des doléances qui reviennent souvent.
Mine d’information sur la société, une équipe de chercheurs des universités toulousaines travaillent actuellement sur les cahiers pour analyser la récurrence des doléances ou leur contenu selon les territoires et les communes. Ils intéressent également le monde artistique : le comédien toulousain Fabrice Guérin les a notamment consultés en vue d’une résidence du 2 au 6 février 2026 à l’espace Roguet à Toulouse, en vue d’un spectacle qui en reprendrait des extraits.