Une reconnaissance mondiale pour l’audace scientifique. Le Human Frontier Science Program (HFSP), reconnu pour soutenir la recherche de pointe dans les sciences de la vie, vient de dévoiler la liste de ses 25 lauréats de l’année. Sept d’entre eux sont issus du CNRS, illustrant l’excellence de la recherche française. Parmi eux, deux exercent en Occitanie, au cœur de projets novateurs portés par une ambition commune : percer les mystères de la vie à l’échelle cellulaire.
Apprentissage cellulaire : une mémoire moléculaire chez l’unicellulaire
Audrey Dussutour, chercheuse toulousaine au Centre de Recherches sur la Cognition Animale (CNRS/Université de Toulouse), s’attaque à un défi conceptuel de taille : démontrer que des cellules individuelles peuvent apprendre et mémoriser. Le projet, mené en collaboration avec des partenaires américains et chinois, utilise notamment un organisme unicellulaire peu connu, Spirostomum ambiguum, et des cellules immunitaires, les macrophages.
« Une réponse plus efficace à des défis déjà rencontrés peut être développée par ces cellules après avoir été ‘entraînées' », indique le projet, qui propose une approche intégrée de l’étude des mécanismes d’apprentissage cellulaires.
L’équipe s’appuie sur une technologie de pointe : le Live-seq, qui permet de suivre l’expression génétique dans une cellule vivante, sans la détruire. Mieux encore, le projet envisage d’introduire artificiellement des « souvenirs » dans des cellules par transfert d’ARN, une avancée aux implications majeures :
Ce transfert pourrait permettre de démontrer que des informations spécifiques liées à la mémoire sont transportées par l’ARN. Grâce à cette recherche, une transformation de notre compréhension de la mémoire chez tous les êtres vivants pourrait être permise », explique la scientifique.
Traduction génétique et cicatrisation : une symphonie moléculaire
Mounia Lagha, de l’Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier (IGMM), pilote un projet international tout aussi ambitieux. Son équipe étudie le rôle central de la traduction (le processus de synthèse des protéines à partir de l’ARN messager) dans la régénération et la migration cellulaire.
En se penchant sur deux modèles emblématiques, à savoir l’axolotl (célèbre pour ses capacités de régénération) et la drosophile (mouche), le consortium international veut décrypter les mécanismes qui sous-entendent une cicatrisation rapide.
L’amputation d’un membre chez la salamandre axolotl en régénération entraîne une activation rapide de la traduction, permettant la migration épithéliale et une cicatrisation rapide des plaies, quelques heures après la blessure. »
Le projet associe imagerie in vivo, profilage de l’ARN en cellule unique, et spectrométrie de masse, pour révéler les signatures moléculaires de la migration cellulaire. Les objectifs :
- Définir les programmes conservés sous-jacents à la migration épithéliale à travers différentes espèces et contextes cellulaires ;
- Identifier un répertoire de nouvelles protéines ‘pansements’ stimulant la cicatrisation des plaies.
Les équipes de recherche seront réparties aux quatre coins du globe, entre Pays-Bas, Canada, États-Unis et France.
Une recherche au service du vivant
Ces deux projets emblématiques traduisent l’esprit du HFSP depuis sa création en 1989 : promouvoir une science fondamentale, audacieuse, collaborative et transdisciplinaire. En misant sur des sujets émergents et des approches innovantes, les lauréats français participent activement à la redéfinition des connaissances biologiques, aux côtés des 40 autres pays partenaires du HFSP.
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