« Un mal-être consécutif d’un manque de vision ». Le 18 avril dernier, les députés PS de Haute-Garonne Arnaud Simion et Jacques Oberti ont organisé une réunion d’échanges en présence des représentants syndicaux de Thales Alenia Space et Airbus Défense and Space.
Les discussions ont essentiellement porté sur les plans de suppressions de postes en cours au sein des deux entreprises, l’avenir de la filière spatiale au niveau national et européen, et la question de la souveraineté dans ce secteur.
Un appel à l’établissement d’une stratégie nationale
En mars dernier, Thales Alenia Space, entreprise détenue par l’État actionnaire à hauteur de 26 %, a annoncé la suppression de 1.124 postes à horizon 2025, dont 715 emplois à Toulouse et une faible proportion de postes réorientés en interne vers une activité industrielle spatiale.
De son côté, Airbus a également signalé la possible suppression de 2.500 postes d’ici la mi-2026 dans sa branche Defense and Space, qui emploie 35.000 personnes, dont 6.600 en France et 5.100 à Toulouse, sans compter les sous-traitants et autres emplois directs.
Pour les parlementaires, ces annonces s’inscrivent dans un cadre plus général de défaut de stratégie nationale pour le secteur du spatial. « La France risque une forte perte de compétence dans un secteur pourtant essentiel », a déclaré Arnaud Simion.
Dans un contexte économique de plus en plus mondialisé, où l’étendue des marchés s’est fortement accrue et où les contours des entreprises deviennent flous, le député a appelé à la mise en place ‘urgente » d’une feuille de route nationale et européenne.
Alors que les prévisions de croissance mondiale sont exponentielles pour le marché du spatial, « le projet de consolidation des entreprises Airbus, Thales et Leonardo met en jeu la souveraineté nationale et européenne pour la filière spatiale », a indiqué Jacques Oberti.
Selon une information exclusive révélée par nos confrères de La Tribune, les trois entreprises auraient récemment déposé à la Commission européenne un avant-projet de consolidation pour rassembler leurs actifs dans le domaine spatial dans une société commune.
Cette prise de contact avec Bruxelles sera un véritable test pour les autorités de la concurrence européenne, qui vont valider ou non l’opportunité de bâtir un champion européen dans le spatial capable de rivaliser avec SpaceX (Elon Musk) et bientôt Blue Origin (Jeff Bezos).
Si ces trois groupes se rapprochent, on ne peut pas imaginer qu’elles le fassent sans tenir informés les différents pays concernés. Or, nous n’avons à ce jour aucune information, aucune transparence sur le sujet », a alerté Arnaud Simion.
Face à la promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017, la volonté de faire de la France une « start-up nation », les parlementaires ont rappelé que ce modèle est inconcevable sans un soutien de l’État en matière de recherche et d’infrastructures.
Si les grands groupes comme Thales Alenia Space et Airbus Defense and Space « ont les capacités de gérer des projets d’envergure globale », « il faudrait qu’ils puissent retrouver une commande publique », a ajouté le député de la 6e circonscription de Haute-Garonne.
Voulons-nous uniquement être dépendants de la Chine et des États-Unis ? Nous avons réussi à créer un champion aéronautique (Airbus), il faut à tout prix que l’État prenne ses responsabilités », a assuré l’élu socialiste.
En conférence de presse, Arnaud Simion et Jacques Oberti ont également souligné que l’incertitude quant à l’avenir des salariés sont des facteurs d’accroissement des risques psycho-sociaux dans les entreprises.
Depuis l’annonce du plan de suppressions de postes, les syndicats ont en effet mis en évidence de nombreux cas de souffrance au travail chez Thales Alenia Space. 13 % des salariés souffriraient d’épuisement professionnel, menant ainsi à des situations de grande détresse.
Pour rappel, le 17 janvier dernier, neuf parlementaires de Haute-Garonne ont adressé un courrier au Premier ministre François Bayrou, relatif à l’engagement de l’État pour une stratégie nationale du spatial.
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