Explorer l’histoire par ses sons. Quand les historiens et les archéologues se mettent à l’écoute du passé, qu’entendent-ils ? C’est à cette interrogation que tente de répondre la 8è édition du festival « L’Histoire à venir », qui investira Toulouse du 15 au 18 mai prochains. Avec 80 évènements programmés aux quatre coins de la ville, la manifestation entend « restituer la dimension sonore de temps révolus, en faire monter le volume à partir des traces qu’il nous reste ». L’ambition est claire : renouveler notre rapport à l’Histoire en la vivant comme une expérience sensorielle, et en redonnant voix à des passés parfois oubliés.
Depuis sa création en 2017, le festival a proposé plus de 400 rencontres à Toulouse. © DR
Un programme riche et pluridisciplinaire
Parmi les temps forts du rendez-vous, la soirée-performance « Le chant des baleines » promet une plongée fascinante dans l’univers sonore des cétacés.
Le temps d’une soirée entre anthropologie et expérimentation sonore, Fabien Clouette […] et l’artiste Sophie Bernado […] nous entraînent dans le sillage de rencontres entre humains et grands mammifères marins », annonce le CNRS, partenaire de l’évènement.
Une approche sensible qui invite à repenser la communication entre espèces, dans une perspective à la fois scientifique et artistique.
La table-ronde, suivie d’une performance sonore, auront lieu au Théâtre Garonne, le vendredi 16 mai, à 21 heures. © Martin Prochazkacz/Shutterstock
De nombreux autres chercheurs du CNRS seront présents pour animer des conférences, ateliers, débats et performances. Patricia Balaresque et Sonia Harmand ouvriront par exemple une fenêtre sur l’évolution de la communication à travers leur table ronde « Les révolutions de la communication en millions d’années et quelques milliers de gènes ». Quant à Carole Fritz et Nicolas Poirier, ils plongeront les spectateurs dans « L’archéologie sonore ou le réveil des sons perdus », une exploration singulière du passé préhistorique par ses résonances.
Le 16 mai, Sylvestre Maurice et Julie Métais, respectivement astrophysicien et anthropologue, présenteront les enquêtes acoustiques menées dans les laboratoires du CNES, à Toulouse, sur les enregistrements sonores réalisés par le rover martien Perseverance. © fukume/Shutterstock
Résister par la science : une conférence engagée
L’actualité des chercheurs sera également au cœur du festival, notamment avec la table ronde animée par Olivier Berné, intitulée « Stand Up for Science : La recherche en résistance ». Directeur de recherche au CNRS à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse, et instigateur du mouvement « Stand Up for Science » en France, Olivier Berné abordera la question cruciale et bouillante de la défense de l’intégrité scientifique. Cette rencontre, qui se tiendra le dimanche 18 mai à 16 heures au Théâtre Garonne, illustrera combien la communauté scientifique reste vigilante et engagée pour maintenir une recherche libre et indépendante.
Le passé sous toutes ses résonances
De la Préhistoire aux enjeux politiques contemporains, le festival multiplie les approches pour faire vibrer les échos du passé. Julie Pagis interrogera les dynamiques de domination politique à travers « Le charisme et l’éloquence : Le genre de la domination politique », tandis que Benoît Trépied explorera les luttes kanak au cours de la table ronde « Le cri derrière le bruit. Écouter la revendication kanak ». Quant à Frédéric Lordon, il proposera une réflexion plus intime et philosophique sur les passions humaines à l’occasion de sa rencontre autour de Pulsion, un ouvrage co-écrit avec Sandra Lucbert publié en janvier 2025 aux éditions La Découverte.
Chaque intervention participera à déchiffrer « la polyphonie (voire la cacophonie) du passé », à travers des univers où, hier comme aujourd’hui, certaines voix tentent de se faire entendre au milieu du vacarme dominant.
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