« Des solutions existent ». Depuis plusieurs années, les Français ont de plus en plus de mal à accéder aux soins. En cause, un manque de financement des hôpitaux et un nombre trop faible de médecins. Instauré en 1971, le numerus clausus a en effet limité l’accès aux études de médecine.
Dans un contexte de vieillissement de la population et de multiplication des pathologies chroniques, une proposition de loi transpartisane, initiée par le député PS Guillaume Garot, envisage de réguler l’installation des médecins.
Une idée rejetée par la profession, qui appelle à la grève dès ce lundi 28 avril et à manifester mardi. Médecins libéraux, étudiants en médecine, internes et jeunes médecins craignent que cette mesure dégrade l’accès aux soins et entraîne un départ des jeunes diplômés vers l’étranger.
Hostile au projet Garot, François Bayrou propose d’instaurer un principe de solidarité territoriale qui contraindra tous les médecins à assurer quelques jours de consultations par an dans les déserts médicaux.
Ce mécanisme concernera tous les médecins, généralistes comme spécialistes. Le gouvernement prévoit des contreparties financières pour les praticiens qui joueront le jeu et, a contrario, des pénalités pour ceux qui s’y refuseront.
Une cartographie complète des zones rouges « au sein desquelles une permanence médicale devra être mise en place en absolue priorité » sera établie par les agences régionales de santé d’ici la fin du mois de mai.
Par ailleurs, l’exécutif envisage d’inciter les jeunes des territoires sous-denses à faire des études de santé. Cette mobilisation des étudiants ruraux a pour but qu’ils exercent ensuite dans ces zones qui connaissent des difficultés d’accès aux soins.
Tous les étudiants en médecine devront également réaliser au moins un stage en dehors des CHU et un autre en zone sous-dense durant leur cursus, et ce dès la rentrée 2026. Un nombre minimal de places à ouvrir en première année d’études de santé sera mis en place.
« Ces mesures coercitives sont inefficaces »
Si cette loi venait a être promulguée, « l’installation dans les zones qui souffrent d’un nombre insuffisant de médecins ne pourra se faire qu’en remplacement d’un médecin partant à la retraite », dénoncent les syndicats.
Or, à ce jour, 30 % des médecins ont plus de 60 ans et partiront sous peu à la retraite. « Pour préparer au mieux ces départs, « il faut de nouvelles installations dans ces territoires en amont afin de faire la transition de manière progressive », ajoutent les professionnels de santé.
Selon les opposants au projet Garot, les médecins sont les professionnels les mieux répartis sur le territoire. Pour s’en expliquer, ils s’appuient sur des exemples en Allemagne et au Québec où la même mesure a été mise en place.
Alors que 87 % du territoire national est considéré aujourd’hui comme un désert médical, les praticiens de la région toulousaine ne comprennent pas que certains parlementaires, dont Hadrien Clouet (LFI)*, soit parmi les premiers défenseurs de cette proposition de loi.
S’appuyant sur une étude de santé mentale réalisée en 2024, les syndicats indiquent que 66 % des internes de France, qui consacrent pourtant leur vie à soigner leurs concitoyens, souffrent d’un burn out.
Et d’ajouter : « Cette loi provoquerait une perte d’activité en secteur libéral notamment pour les chirurgiens alors que ce mode d’installation permet d’aller au plus proche des patients dans les territoires, aggravant ainsi les inégalités d’accès aux soins ».
Pour répondre à cette problématique d’accès aux soins, les syndicats suggèrent d’augmenter le nombre d’étudiants en médecine et de favoriser les terrains de stages dans les territoires au plus tôt dans la formation.
À noter que les associations des internes de Toulouse travaillent avec les Départements de la Région Occitanie pour aider à faire découvrir et rendre attractifs ces territoires pour les internes.
*Le nord de la Haute-Garonne, le sud de Montauban et l’ouest du Lauragais souffrent d’un nombre insuffisant de médecins généralistes et spécialistes.
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