C’est sur un ancien site de La Poste, au nord de Toulouse, que Sobra, premier atelier dédié au réemploi de matériaux et à l’insertion professionnelle dans le bâtiment, s’est installé en 2023.
L’idée vient de François Devin, passé par de grosses boîtes du BTP, parce que 42 millions de tonnes de déchets sont aujourd’hui produites par l’industrie du bâtiment chaque année et parmi elles, 80 % pourraient connaître une deuxième vie, alors que seulement 1 % sont réutilisés.
Parce qu’il y a tant à valoriser, Sobra apporte sa pierre à l’édifice d’une économie circulaire, sociale, solidaire et coopération, et intervient sur tout le cycle du réemploi pour révéler la pleine valeur des matériaux, valoriser les démarches des professionnels et collectivités et mettre en valeur les acteurs du réemploi. »
François Devin à la tête de Sobra depuis 2023. © Caroline Fabre
« Nous ambitionnons de revaloriser près de 150 tonnes de matériaux »
Pour (notamment) lutter contre le réchauffement climatique, ce gaspillage massif et permettre à des hommes de retrouver une activité dans le bâtiment tout en participant à l’économie circulaire et locale, les équipes partent donc sur les chantiers récupérer les matériaux qui pourront être soit réemployés et revendus en volume, soit recyclés.
Certains, qui répondent aux critères de Sobra, sont ainsi stockés et reconditionnés dans le hangar toulousain de 700 m2, tandis que d’autres sont envoyés vers des structures spécialisées, à l’image de Cassin Recyclage (un des nombreux partenaires).
Plus précisément, que les matériaux soient stockés sur place ou renvoyés dans des usines adéquates, l’entreprise reste en mesure d’accompagner sur toutes les étapes de la chaîne du réemploi : conseil et études en réemploi, préparation de chantiers en amont, dépose soignée, reconditionnement et valorisation de certains matériaux en trouvant des chantiers récepteurs. Sans oublier la valorisation de la synthèse de l’activité en termes de communication, y compris en impact Carbone.
Dans ce sens, « nous ambitionnons de revaloriser près de 150 tonnes de matériaux cette année : verre, menuiseries, radiateurs, sanitaires, moquettes, briques foraines, cloisons, faux plafonds, câbles, pour un chiffre d’affaires estimé à 350.000 €. », détaille François Devin, lequel nous parle également d’un futur partenariat avec Presto, fabriquant de robinetterie à l’international.
Dans le hangar XXL, les équipes trient, nettoient et stockent avant de revendre la marchandise. © Caroline Fabre
Une équipe composée de chefs de chantier et de personnes en insertion
Pionnier dans ce domaine, Sobra emploie aujourd’hui huit salariés (composés notamment de chefs de chantier) dont quatre en insertion (majoritairement des hommes), et envisage d’embaucher deux autres salariés en insertion d’ici la fin de l’année.
Pour intégrer Sobra en tant que personnes en insertion, il faut tout de même répondre à quelques critères comme avoir le niveau B1 en français (obligatoire) et connaître l’univers des chantiers », explique le fondateur et directeur de Sobra, et vice-président de Re-Tolosa, à L’Opinion Indépendante, qui précise que tout est contrôlé par de multiples organismes, dont la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS).
Ce modèle de fonctionnement permet à des individus, souvent exclus du marché du travail en raison de leur âge, leur faible qualification ou des difficultés personnelles, de retrouver un emploi, de recevoir une formation et de bénéficier d’un accompagnement social.
Le but étant « de former ces personnes, en faire des travailleurs autonomes et de leur apprendre tous les codes du métier, avant de les remettre sur le marché du travail (bâtiment)« , assure François.
Au-delà de son rôle dans la réduction des déchets et des émissions de carbone, mais aussi de la préservation des ressources, Sobra joue donc un rôle important dans le développement économique local et la création d’emplois.
>> À LIRE AUSSI : Inscrit au titre des monuments historiques, cet édifice toulousain bientôt transformé en restaurant et bureaux