bilan d’un an d’actions pour l’emploi saisonnier

Vers une meilleure reconnaissance du travail saisonnier. Le 18 janvier 2024, l’État et la Région Occitanie signaient à Lourdes un accord ambitieux pour réduire les tensions de recrutement dans les emplois saisonniers, articulé autour de trois axes principaux. Un an plus tard, ce partenariat a permis de poser les premières pierres d’une politique plus juste, plus humaine et surtout plus efficace pour les saisonniers et employeurs du territoire. En toile de fond, une ambition claire : sécuriser les parcours professionnels, renforcer l’attractivité des emplois saisonniers et répondre aux besoins criants des secteurs économiques clés, tels que le tourisme et l’agriculture.

Pierre-André Durand, Préfet de la région Occitanie, Préfet de la Haute-Garonne, était aux côté de La Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, ce 21 mai à Saint-Pierre-la-Mer pour dresser un bilan des actions menées en 2024. © Préfet de la Région Occitanie et de la Haute-Garonne

Un contexte régional sous tension

Avec près de 200.000 saisonniers chaque année, l’Occitanie est la troisième région française en recours à l’emploi saisonnier, derrière la Corse et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La moitié d’entre eux sont engagés dans le secteur touristique, un vivier d’emplois en constante évolution mais frappé par des difficultés croissantes de recrutement.

Depuis la crise du Covid, mais aussi en raison des conditions liées à certaines activités et, parfois, à une forme de précarité, ces métiers subissent aujourd’hui de fortes tensions de recrutement », rappelle Carole Delga, présidente de la Région Occitanie.

Ainsi, ce sont près de 43 % des projets de recrutement dans la région pour 2025 qui sont liés à une activité saisonnière, un chiffre bien au-dessus de la moyenne nationale (31 %). Côté salaire, le revenu médian des saisonniers restent cependant très bas : 4,7 fois inférieur à celui des autres salariés.

Attractivité et accompagnement des saisonniers

Le premier pilier de l’accord concerne l’amélioration de l’attractivité du travail saisonnier. Cet axe a mobilisé un ensemble d’initiatives sur l’année écoulée. Ainsi, plus de 330.000 demandeurs d’emploi ont été accompagnés vers ces métiers, tandis que 21.500 places de formation ont été proposées pour répondre à la demande croissante de compétences.

La création de la marque régionale « Ma Saison en Occitanie » a également renforcé la visibilité et l’attractivité du travail saisonnier selon le bilan. Cette dernière s’appuie notamment sur le réseau des dix Maisons du Travail Saisonnier, devenues des piliers de l’accompagnement territorial. Ces structures ont, en 2024, été en contact avec plus de 7.000 saisonniers et 3.000 employeurs.

Côté hébergement, le site Mes-Aides recense désormais plus de 2.700 solutions de logement saisonnier. D’autres initiatives, telles que les colocations intergénérationnelles dans le Lot ou les Pyrénées-Orientales, tentent de lever l’un des principaux freins à l’embauche. À Fleury-d’Aude, la mise à disposition de mobil-homes par la municipalité a permis de loger 50 saisonniers sur quatre mois.

Nombre d’emplois saisonniers et poids dans l’emploi salarié total par département. DREETS Occitanie – Service Études Statistiques Évaluation – 05/2025. © IGN

Soutenir les employeurs et améliorer les conditions

Le second axe du projet vise les employeurs. Avec 485 évènements organisés pour promouvoir l’emploi saisonnier en 2024, dont 197 durant la semaine des métiers du tourisme, les partenaires ont misé sur la rencontre directe.

Des dispositifs spécifiques comme InnovEmploi, les contrats RH ou les conseils personnalisés ont permis d’accompagner 76 entreprises du territoire dans l’amélioration de leur attractivité et de leur marque employeur.

En élaborant des solutions concrètes pour mieux accueillir, accompagner vers l’emploi et fidéliser les travailleurs saisonniers, ce plan renforce la mobilisation des acteurs », souligne Carole Delga.

Aussi, des concours comme « Job Chef », ouverts aux demandeurs d’emploi sans diplôme, veulent permettre la montée en compétences, avec à la clé des formations professionnalisantes de six semaines pour devenir commis de cuisine.

Une offre de service territorialisée pour tous

Enfin, le troisième pilier du plan repose sur le renforcement de l’offre de service de proximité. Les Maisons du Travail Saisonnier y jouent un rôle central, en offrant un guichet unique aux saisonniers comme aux employeurs.

Des initiatives locales voient aussi le jour, à l’image du Forum Littoral de l’Emploi Saisonnier ou du format job dating du 15’Chrono de Sigean, au cours duquel 350 entretiens ont été réalisés en une matinée.

Dans cette ambition, plusieurs communes des Pyrénées-Orientales ont signé des conventions avec le préfet afin de développer des logements saisonniers. Accompagnés d’aides financières, ces projets visent à rénover ou construire des logements dédiés.

La mobilité, qui constitue souvent une problématique pour les travailleurs saisonniers, a également fait l’objet d’un effort d’innovation. Des navettes nocturnes ont été expérimentées sur le littoral, dans l’Hérault et les Pyrénées-Orientales, pour permettre aux salariés de rentrer chez eux après leurs horaires décalés.

Maisons des Travailleurs Saisonniers en Occitanie. DREETS Occitanie – Service Études Statistiques Évaluation – 05/2025. © IGN

Sécurisation des parcours : vers un emploi sur quatre saisons

Le programme Innov’Emploi S4S (Saisonnier 4 Saisons) incarne l’ambition de sécuriser les parcours professionnels. Il propose une formation pluri-qualifiante sur plusieurs secteurs d’activité (sports d’hiver, entretien d’espaces naturels, animation…) permettant aux employés de travailler toute l’année en changeant de domaine selon la saison.

Dans cette même idée, l’initiative « Passion Saison », lancée en 2025, propose un accompagnement personnalisé sur un à 18 mois pour les professionnels du travail saisonnier : bilan de compétences, reconversion, formations et valorisation des acquis.

Enfin, des actions de mobilité inter-territoriale, comme « Un job à la montagne », permettent aux saisonniers de découvrir d’autres environnements professionnels avec un fort taux de réussite : 75 % des participants à l’édition 2024 ont trouvé un emploi.

Une dynamique collective à poursuivre

Ce bilan d’étape permet de rendre concrets les premiers résultats obtenus pour répondre aux préoccupations des entreprises en termes de recrutement et aux attentes des saisonniers », constate Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie.

Les actions déployées en Occitanie démontrent qu’il est possible (et souhaitable) de construire une politique territoriale de l’emploi saisonnier fondée sur l’innovation, la solidarité et la concertation. L’enjeu des prochaines années sera de consolider ces premiers succès, d’élargir le maillage territorial avec de nouvelles maisons du travail saisonnier (prévu dans le Gers et en Lozère), et surtout de continuer à faire du travail saisonnier un levier d’insertion et de développement régional.

Ce n’est qu’en agissant ensemble que nous pourrons agir concrètement en faveur de l’emploi saisonnier, si primordial en région Occitanie », conclut la Présidente de Région.

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