Un chantier patrimonial de taille pour la métropole toulousaine. À partir du mois prochain, la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, monument emblématique du centre historique de la Ville rose, fera l’objet d’un chantier de restauration d’une ampleur inédite. Ce projet, conduit sous l’égide du préfet de région Pierre-André Durand, en lien avec la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et le service des Monuments historiques, vise à conjuguer sécurité, préservation et valorisation d’un édifice plusieurs fois centenaire.
Une restauration en quatre phases et trois années
Les travaux (totalement financés par l’État via la DRAC à hauteur de 4,9 millions d’euros) s’étaleront sur trois ans jusqu’en juin 2028, en quatre phases bien distinctes :
- Restauration du sol de la nef et de la chaire, ainsi que des bancs d’œuvre et du tambour d’entrée ;
- Restauration des élévations de la nef, des voûtes, des tribunes et des vitraux, repos des tableaux actuellement en cours de restauration ;
- Restauration de la chapelle des fonds baptismaux et de la chapelle Saint-Antoine-de-Padoue ;
- Création et pose de lustreries dans le chœur gothique.
Durant les travaux, la nef sera entièrement fermée à compter du 1er juin. La sacristie et le transept resteront quant à eux accessibles au public et aux activités cultuelles.
La nef raymondine avait fait l’objet d’une première phase de restauration, achevée fin 2023, notamment au niveau de la couverture, de la façade sud et des baies. © Léna Saoui / L’Opinion Indépendante
Une cathédrale à l’histoire morcelée et fascinante
La cathédrale Saint-Étienne porte dans sa pierre l’histoire mouvante d’un édifice perpétuellement inachevé. Érigée sur les ruines d’une chapelle construite par saint Saturnin au IIIe siècle puis reconstruite au IVe, elle connaît sa première reconstruction majeure en 1071, sous l’impulsion de l’évêque Isarn de Lavaur. Son architecture est un patchwork unique en France, résultat de modifications et d’extensions successives, marquées des courants esthétiques et spirituels à travers les siècles.
L’une des particularités les plus frappantes de l’édifice est sa composition en deux parties bien distinctes : la nef dite raymondine, au style gothique méridional, et le chœur, de style gothique rayonnant. Celui-ci, deux fois plus large que la nef, donne au plan intérieur une allure en ligne brisée.
© Borisb17/Shutterstock
La nef raymondine, cœur battant du gothique méridional
La nef raymondine, bien que nommée d’après le comte Raymond VI, est en réalité due à l’évêque Foulques. C’est ce clerc qui, au début du XIIIe siècle, entreprit de transformer radicalement l’ancienne nef romane. Il suréleva alors les murs et lança des voûtes sur croisées d’ogives, créant un vaste espace unifié censé favoriser la prédication.
Nef dite « raymondine ». © CC BY-SA 3.0/Didier Descouens/Wikimédia Commons
Ces voûtes, reposant sur des pilastres qui réemploient de splendides chapiteaux romans, confèrent à l’espace une ambiance particulière. Le portail occidental ne laisse pas non plus indifférent. Orné de tableaux remarquables tels qu’un Christ en croix apparaissant à saint Bernard ou Le passage de la mer Rouge, il apporte des allures solennelles et puissantes au volume.
Le passage de la mer Rouge, XVIIe siècle. © CC BY-SA 4.0/Didier Descouens/Wikimédia Commons
Une église vivante au cœur de la cité
Si la cathédrale Saint-Étienne est un monument historique classé depuis 1862, elle est aussi un lieu très actif de vie liturgique. Ainsi, chaque dimanche, elle rassemble entre 300 et 800 fidèles, et jusqu’à 2.000 personnes lors des grandes célébrations diocésaines !
Place et cathédrale Saint-Étienne entre 1859 et 1866. © Domaine public
Les travaux à venir devraient donc permettre de mieux accueillir cette communauté, tout en assurant la transmission d’un patrimoine exceptionnel. Le défi est de taille : restaurer sans figer, préserver sans trahir, mettre en lumière sans dénaturer. Gageons que cette cathédrale à l’histoire tumultueuse poursuivra ainsi sa métamorphose, fidèle à son surnom mérité de « cathédrale inachevée ».
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